par T. Austin-Sparks
Chapitre 3 - La Valeur Vitale de Comprendre la Parole de Dieu
Si nous sommes parfaitement satisfaits avec notre vie chrétienne, si nous sommes pleinement satisfaits de la Chrétienté telle que nous la voyons aujourd’hui dans ce monde ; alors ces messages n’ont pas lieu d’être. Mais si nous ne sommes pas totalement satisfaits de notre vie chrétienne, si nous éprouvons un besoin pour quelque chose de plus grand, de plus profond, si nous estimons que généralement la Chrétienté telle qu’elle est dans ce monde n’est pas comme elle devrait être, si nous déplorons toutes ces contradictions, divisions, antagonisme les uns envers les autres, etc. si ces choses nous habitent, alors nous nous devons de suppléer une solution, un remède. Il nous revient de chercher et de découvrir la cause d’autant de frustrations qui existent parmi les croyants, ce grand désappointement que nous éprouvons envers la Chrétienté telle que nous la voyons.
Trouvons-nous, tout d’abord, une explication dans les choses qui ont été évoquées dans le premier message : avoir une appréhension adéquate de Christ ? Il y a peu de doute pour que la plupart des maux vécus par les croyants aujourd’hui soient dus à une fausse idée qu’ils ont de Christ.
Il y a peut être une explication dans les choses que nous avons considérées dans le second message : Avez-vous reçu l’Esprit Saint quand vous avez cru ? Peut-être y a-t-il quelque confusion, incompréhension, incertitude à propos de la présence de l’Esprit Saint en vous ? Ceci peut être la raison de beaucoup de problèmes liés à la vie chrétienne.
Enfin, il est fort possible que l’aridité de la vie chrétienne de beaucoup, soit due à cette chose : une mécompréhension de la Parole de Dieu. Une telle situation peut être la source de beaucoup de stérilité, d’inefficacité, de faiblesse, de défaite, etc. Nous nous devons donc d’examiner cette question. Bien entendu, nous n’allons pas nous embarquer dans une étude systématique de la nature des Écritures, comme leur inspiration divine ; ces choses sont acceptées sans questions. Ce sur quoi nous désirons nous pencher est de réaliser l’absolue nécessité de comprendre les Écritures. Il s’agit de saisir spirituellement ce qu’elles nous disent et enseignent.
Pour une large majorité de croyants la Bible est un livre contenant des passages pour les réconforter dans les temps pénibles, pour les encourager en des jours de dépression, pour leur garantir des promesses quant au futur, alors que le présent est difficile ; ou encore pour les aider à se décider à prendre une décision lorsqu’ils sont dans la perplexité. Pour beaucoup, la Bible est donc utilisée afin de trouver la volonté de Dieu sur une base quotidienne. Nous ouvrons nos bibles peut-être le matin afin d’y trouver quelque chose qui nous portera le reste de la journée, une promesse, un peu de réconfort, quelque éclairage, juste quelque chose afin de nous aider à passer la journée, et nous répétons ceci chaque jour. Il est possible que nous y soyons un peu plus attentifs lorsque les choses ne vont pas bien ; quand ça va mieux, on se relâche à nouveau. Cette observation vous semble peut-être injuste, mais je sais que pour beaucoup de chrétiens la Bible n’est rien de plus que ce qui vient d’être dit.
Le fait est que la Bible peut en effet servir à ces choses, celles-ci sont légitimes et nous pouvons l’utiliser pour tout ce qui précède ; ce qui néanmoins doit être dit, est que la Bible est bien plus que cela. En ce qui concerne le salut par exemple, nous le considérons trop souvent comme étant une fin en soi. L’accent est mis sur le salut des gens, leur conversion, leur acceptation du Seigneur ; peu importe comment nous l’appelons, puis nous nous arrêtons au salut. C’est ce qui est présenté comme étant l’évangile, le salut est un aboutissement. Mais en vérité le salut n’est que le commencement d’une longue route vers la plénitude spirituelle.
Trop souvent la Bible se limite à l’idée que nous en avons, et tout ce qui précède représente diverses idées que les croyants ont d’elle ; mais ce n’est pas ce pour quoi elle existe. Si la Bible nous procure du réconfort, de la lumière, de l’espérance, de l’encouragement, si elle nous sert de guide, dans la pensée de Dieu tout ceci est lié à quelque chose de bien plus grand. Elle est inextricablement liée au vaste propos éternel de Dieu. Nous devons rechercher et obtenir le réconfort, la lumière, l’encouragement, etc., non seulement pour le moment présent, pour cette journée ou le temps dans lequel nous nous trouvons. Nous devons aborder la Bible selon l’intention de Dieu : selon le propos qu’Il a pré-ordonné avant que le monde ne fut. La Parole de Dieu est bien plus vaste qu’une source d’encouragements ou de réconfort, elle a un but bien précis dans son ensemble, chaque partie, chaque fragment est en relation avec ce grand dessein de Dieu. C’est une caractéristique que nous devons reconnaître avant que la Bible ne devienne vraiment vivante.
Tout ce que nous avons dans le Livre est un tout. Il est lié à un grand dessein qui concerne non pas tant de chrétiens individuels, mais le Corps tout entier, choisi par Dieu en Christ avant la fondation du monde. C’est seulement lorsque nous réaliserons ce grand propos de Dieu, que la Bible prendra toute son importance dans nos vies. Sinon nous la limiterons à une bénédiction ponctuelle, de temps en temps nous écumerons une promesse, un encouragement, etc. ; mais la Parole de Dieu est bien plus que cela ! Les croyants individuels ne pourront prétendre à l’accroissement spirituel que s’ils sont en relation les uns avec les autres ; c’est ici le but de la Parole de Dieu.
Il est vrai que chaque promesse, chaque réconfort, chaque exhortation, tout rayon de lumière font partie intégrante d’un tout et ce tout est centré sur une seule Personne – le Fils de Dieu. Si quelque passage de la Parole de Dieu ne nous conduit pas vers une plus grande connaissance du Seigneur Jésus, alors il n’a pas atteint son but ! Nous touchons à la signification de cette question : « comprends-tu ce que tu lis ? ». Où la réponse nous conduit-elle ? Elle nous mène droit à Christ. La compréhension des Écritures est une question de comprendre Christ. Toutes les réponses sont dans une Personne.
Reconnaissons, maintenant, qu’en ce qui concerne la connaissance de la Parole de Dieu, connaître les Écritures et comprendre ce que nous lisons requiert quelque chose qui est au-delà de ce qui est naturel. Ceci est parfaitement illustré dans notre présent passage. La question de Philippe implique quelque chose de bien plus large, plus grand, plus profond que le besoin immédiat de l’Éthiopien. Cette question : « comprends-tu ce que tu lis ? », engendre une réflexion de grande importance. Elle génère certaines réflexions comme par exemple : « Est-ce que la Bible est un livre vivant pour vous ? Est-ce que la Parole de Dieu est une puissance dynamique dans votre vie ? Est-elle la voix de Dieu pour vous ? Dieu vous parle t-Il sans cesse à travers elle ? »
Examinons de plus près cette rencontre et cette conversation entre Philippe et cet Éthiopien, cette histoire nous conduira à quelque chose de plus grand et de très significatif pour nous. Nous considérerons tout d’abord l’homme, celui par qui tout ce que nous avons ici est arrivé ; c'est à dire l’Éthiopien. Ensuite, nous verrons ce qui l’a satisfait dans sa quête et enfin nous examinerons ce à quoi ces deux choses nous amène.
Tout d’abord l’Éthiopien et son besoin. Essayons de discerner sa personnalité d’après le récit. Premièrement, c’est un homme qui occupe un poste important et qui est parvenu à une position d’importance dans ce monde. C’est un homme qui a atteint une certaine réussite dans la société, il est parvenu à une place d’honneur. Il est également évident qu’il a un certain savoir, il est éduqué et a une certaine culture. Il est allé à Jérusalem pour adorer, l’occasion étant sans doute une des fêtes d’Israël, ce qui veut dire qu’il était familier avec la langue locale, l’hébreu ou l’araméen. Il était aussi conversant en grec car le passage qui est cité est tiré de la Septante, la traduction en grec de l’Ancien Testament. Pour un Éthiopien tout ceci indique qu’il avait une grande intelligence et qu’il possédait une large culture et un grand savoir.
Deuxièmement, c’était un homme religieux dévoué, sans aucun doute un prosélyte juif, car il est écrit qu’il fit ce long voyage pour aller à Jérusalem afin d’adorer Dieu. Mais parce qu’il était un eunuque, la loi de l’Ancien Testament lui interdisait certains accès au temple. En tant que prosélyte ses privilèges étaient limités, ceci doit être mentionné car il aurait pu être découragé dans sa quête. Néanmoins, il fait le long voyage jusqu’à Jérusalem malgré le fait qu’il ne pouvait jouir des mêmes privilèges qu’un vrai juif.
Une fois la visite à Jérusalem accomplie avec dévotion et sincérité, il retourne chez lui un homme fortement déçu et frustré. Il s’est rendu au cœur-même de ce que la religion juive avait de mieux à offrir, là où se trouvait le meilleur de la connaissance et de la transmission des Écritures ; là où toute question touchant l’interprétation de la Torah devait avoir sa réponse. Mais il quitte Jérusalem et son temple le cœur insatisfait, n’ayant pas trouvé ce qu’il était venu y chercher. Tout ceci est très clair dans le récit que nous avons dans ce passage. Il y a toujours quelque chose qui lui échappe, quelque chose qu’il n’a pu obtenir, qu’il na pas encore saisi.
Nous pouvons ajouter que cet homme était humble, il n’était pas satisfait par la connaissance qu’il avait déjà. Tous ceux qui sont satisfaits de ce qu’ils connaissent déjà, ont peu de chance d’en connaître d’avantage ; l’autosatisfaction est toujours ce qui empêche d’acquérir plus de connaissance. De plus, ceux et celles qui « savent tout » sont des gens frustrés, ils n’iront pas plus loin. Mais ici nous avons un homme vraiment humble, conscient de son besoin et prêt à le confesser. Reconnaissant son ignorance et n’hésitant pas à l’admettre, il déclare sans détour : « Comment donc le pourrais-je, si quelqu'un ne me conduit ? ».
Ajoutons que c'est un homme à qui la Bible demeure fermée, il a bien une Bible, bien que ce ne soit que l’Ancien Testament, peut-être même uniquement les Prophètes, mais c’est toujours la Bible. Aussi, il avait la Bible ouverte devant lui, la lisait, mais elle demeurait néanmoins fermée pour lui.
Enfin, c’est un homme qui est prêt à obéir, prêt à suivre la lumière sans aucune hésitation dès qu’elle se manifestera. Toutes ces caractéristiques nous décrivent très bien cet Éthiopien en quête de vérité.
Plusieurs des choses énumérées pourraient être considérées comme étant des avantages considérables. Ces choses devaient pourvoir la base idéale afin d’obtenir une connaissance et un savoir adéquats – malgré tout il demeurait dans le noir ! Quelques unes de ces choses sont, bien entendu, essentielles afin de pouvoir être éclairé, mais pas toutes. On peut se dispenser d’avoir une haute fonction, d’avoir accompli de grandes choses, d’être parvenu à ses ambitions ; on peut également se passer d’une longue éducation, d’une grande intelligence naturelle et néanmoins parvenir à un grand niveau de lumière. D’un autre coté s’il nous manquait certaines de ces caractéristiques, nous serions sérieusement désavantagés. Un esprit réellement humble, qui est prompt à recevoir l’enseignement, ouvert à la connaissance et un empressement à obéir sont des rudiments essentiels. Néanmoins, mis ensemble, ils ne peuvent nous garantir l’éclairage spirituel. Il faut en plus de ces choses, le facteur « autre », « extra », qui est absolument nécessaire et sans lequel nous demeurerons dans l’obscurité – même Bible en main !
Il y a dans ce récit quelque chose qui dépasse très largement la simple histoire que nous y lisons. Les implications de cette rencontre entre Philippe et l’Éthiopien vont au-delà de la situation présente. C’est la raison pour laquelle cette narration est incluse dans la Parole de Dieu – elle caractérise bien des situations de la foi chrétienne ; sa portée est toujours aussi actuelle. Comme l’Éthiopien représente certains principes spirituels, il en est de même de Philippe. Lorsqu’il arrive sur place, il n’est pas simplement une sorte de héros passager qui arrive et repart aussitôt. Philippe transmet et véhicule certains rudiments spirituels fondamentaux, comme le fait l’Éthiopien. Philippe est bien plus qu’une personne passagère dans cette histoire – il est la personnification de grandes vérités spirituelles valables pour tous les temps.
Considérons maintenant les vérités profondes renfermées dans ce passage. Bien qu’il soit si important, vital et significatif, cet épisode du livre des Actes ne représente qu’une partie de ce mouvement extraordinaire initié par la résurrection et l’exaltation de Christ, et qui continue à travers l’édification de l’Église et les impacts qu’ont ces choses sur le monde. Il est nécessaire de prendre ces choses en considération si nous désirons saisir toute la portée de cette histoire. Le Christ exalté continue son œuvre.
Au début de ce livre, Luc fait référence à son premier écrit de cette façon : « toutes les choses que Jésus commença de faire et d'enseigner, jusqu'au jour où il fut élevé au ciel », Actes 1 :1-2. Son second livre, celui des Actes, est donc le récit de ce que Jésus continue de faire et d’enseigner. Il est maintenant élevé au-dessus des cieux et Il continue d’œuvrer. Son œuvre sur terre continue de se répandre avec une grande efficacité.
Derrière ce que ce livre des Actes dépeint, il y a Celui qui agit. Il n’a pas été seulement placé sur la croix : Il a été exalté dans la gloire et Il attire tous les hommes à Lui. La raison de tout ce qui se passe dans ce livre est Lui-même – c’est Christ glorifié au-dessus de tout, à la droite de la majesté dans les lieux célestes, dirigeant toutes choses Il est le Seigneur des seigneurs. C’est ce que nous avons dans Actes : le souverain mouvement de l’Esprit de Christ. Ceux qui sont suscités dans ce livre afin d’accomplir le dessein de Dieu vont et viennent, mais il y a Celui qui les domine tous et les anime tous pour l’accomplissement de son dessein. C’est cet Homme qui gouverne toutes choses, qui dirige les différents acteurs les conduisant par son esprit pour un but commun.
Ainsi, Philippe est assujetti à la gouvernance de l’Esprit, ce qui veut dire qu’il est soumis à la souveraineté de Christ glorifié. Quelques paroles nous indiquent qu’il en était clairement ainsi « un ange du Seigneur parla à Philippe… l'Esprit dit à Philippe… », les anges et l’Esprit sont en coopération ici ; il n’est pas nécessaire de faire une différence entre ce que font les uns et ce que fait l’Autre : tous contribuent à l’accomplissement du dessein du Seigneur. Voyons que Philippe est sous l’influence de l’Esprit Saint, du Christ exalté.
Remarquons maintenant que Philippe n’a qu’un seul intérêt dans la vie, il contribue d’une façon particulière et unique au but recherché par le Seigneur en demandant : « Comprends-tu ce que tu lis ? ». C’est un homme qui est sous la dominance de Christ, qui est animé par l’Esprit de Dieu et qui n’a donc qu’un seul objet en vue. Philippe est l’exemple même du croyant qui se fixe sur un seul but. C’est la condition requise pour qui veut connaître la Parole de Dieu d’une façon vivante, pour que cette Parole croisse dans la vie du chrétien afin qu’elle nous conduise à la plénitude de Christ. Le but ultime – connaitre Christ – sera accompli si nous ne nous attachons à rien d’autre. Philippe était un tel homme.
Si nous considérons l’histoire de Philippe, nous voyons comment l’Église a été suscitée par les activités merveilleuses de l’Esprit après le départ du Seigneur. Bien sûr des difficultés de nature pratique surgissent et les apôtres ne peuvent pas se détacher d’un grand mouvement de l’Esprit pour s’occuper de ces choses temporelles. Ils font appel à l’assemblée afin qu’elle désigne certains frères pour résoudre ces affaires, c’est ce qu’elle fait et ils en choisissent sept : des hommes « pleins d’Esprit Saint et de sagesse » (Actes 6 :3) ; Philippe est l’un de ces hommes. Nous remarquons Philippe tout d’abord comme l’un de ceux qui avaient été choisis pour superviser les dons que certains croyants faisaient en vue d’aider les plus démunis. Peut-être que nous considérons cette tâche avec dédain, nous pensons peut- être qu’il n’était pas nécessaire d’être rempli de l’Esprit Saint pour une telle chose ! Mais tel était le critère alors, même pour des questions pratiques très simples. L’histoire de Philippe nous révèle qu’il était un homme d’une certaine capacité spirituelle. Bien qu’étant rempli de l’Esprit Saint, il est sélectionné afin de distribuer quelques pièces à de pauvres veuves. Philippe, rempli de l’Esprit de Dieu, se consacre à cette œuvre sans réserve et sans arrière-pensée.
Ensuite vinrent les persécutions à travers Saul et la dispersion. Nous ne savons pas ce qu’il advint des pauvres veuves, mais nous savons ce qu’il en advint de Philippe. Il était de ceux qui avaient été dispersés, il alla en Samarie et y prêcha l’évangile (Actes 8 :4-5). Nous savons que de grandes choses furent accomplies en Samarie. Ensuite une autre preuve des grandes qualités spirituelles de Philippe furent mises en évidence. Le Seigneur lui parle et lui demande, sans aucune assurance, explication ou promesse, de quitter la Samarie et prendre la direction du désert. Un tel renversement de situation est parfois nécessaire afin que le Seigneur puisse évaluer son serviteur et révéler son cœur. Mais Philippe est l’un de ceux qui n’ont qu’une seule pensée, une motivation unique, un cœur entier. Il n’argumente pas avec le Seigneur mais lui obéit immédiatement. Nous devons bien remarquer cette prompte obéissance, elle est la marque d’un abandon total au Seigneur ; elle révèle que le serviteur est prêt à faire tout ce que le Seigneur demande, qu’il comprenne ou non la volonté divine. Le Seigneur tient son serviteur, Il remplit son cœur et le serviteur n’a aucune réserve vis à vis du Seigneur ou de ses voies.
Ainsi donc est Philippe, de toute évidence un homme sous l’emprise de l’Esprit de Dieu ; non pas uniquement rempli de l’Esprit mais enseigné de l’Esprit également. Il demeure quelqu’un de remarquable, pas seulement par rapport à l’Éthiopien, mais également par rapport à tous ceux vers lesquels l’Éthiopien alla afin de recevoir ce qu’il recherchait et ne reçut pas. Mais aussi par rapport aux apôtres eux-mêmes qui durent s’en remettre au Seigneur pour qu’ils comprennent les Écritures (Luc 24 :45). Philippe quant à lui est enseigné de l’Esprit, ses yeux ont été ouverts, ainsi il peut fournir la lumière et l’entendement, quant aux Écritures, quand et où il faut. Pour résumer : le besoin de cet homme fut comblé à travers un instrument qui était totalement donné à l’Esprit Saint.
Que devons-nous retenir de tout ce qui précède ? Premièrement et pré-éminemment la nature de la nouvelle économie – l’économie de l’Esprit. Une nouvelle dispensation à été instaurée et inaugurée. L’Esprit Saint est la caractéristique première de cette dispensation et pour le Seigneur tout repose sur ce fait. Tout doit être de l’Esprit, les choses n’ont de valeur que si elles sont issues de l’Esprit Saint. La présente dispensation tout entière est sous l’empire de l’Esprit. Nous n’accomplirons rien de significatif dans les choses de Dieu tant que nous ne reconnaîtrons pas cette vérité. Ce qui est de valeur aux yeux du Seigneur dans cette nouvelle économie est tout ce qui est issu de l’Esprit Saint en relation avec le Christ exalté. C’est ici le principe fondamental : l’Esprit Saint doit être à l’origine de tout ce qui se fait au nom du Seigneur.
La plus grande éducation, réussite, ou position ne sont rien sans l’Esprit Saint, un homme peut avoir ces choses et demeurer dans l’obscurité la plus complète. La lettre de la Parole ne suffira jamais, elle doit être complétée de l’Esprit afin d’être efficace. La Bible peut demeurer un livre fermé, même mémorisée du début à la fin (si ceci est possible). Lorsque nous pouvons la citer de la Genèse à l’Apocalypse, lorsque nous connaissons son contenu, ses sujets, ses thèmes ; ou lorsque nous savons où trouver n’importe quel passage, la Parole de Dieu peut néanmoins demeurer un livre fermé. Ceci est avéré et explique beaucoup de choses. Tout est rendu significatif et authentique par l’Esprit Saint.
Il est possible d’arriver à certaines conclusions par nos habilités naturelles, on peut dire que la Bible enseigne ceci et cela, mais beaucoup d’autres diront quelque chose de tout à fait différent à propos des mêmes passages. Prenons n’importe quelle doctrine chrétienne et nous pouvons avoir un grand nombre d’interprétations divergentes, c’est ce qui est appelé la théologie chrétienne. Qui a raison ? Où est la vérité ? L’Esprit Saint peut changer nos appréciations et altérer nos conclusions, nous démontrant que nous étions dans l’erreur. Si nous lui donnons l’opportunité, Il peut contrecarrer nos convictions quant à nos interprétations bibliques, notre théologie et nos doctrines.
Mais n’oublions jamais que l’Esprit Saint est tout particulièrement attaché à la Parole de Dieu, Il est fondamentalement lié et dévoué aux Écritures. Il n’existe pas de révélation extra biblique, mais il y a de nombreuses vérités pas encore révélées dans les Écritures et qui ne peuvent l’être que par l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu est sans cesse à la recherche de quelque « Éthiopien » par rapport à la Parole de Dieu. C’est ce que nous devons avant tout remarquer dans cette histoire. Nous notons que c’est l’Esprit qui prit l’initiative, Philippe était loin géographiquement et en pensée de cet Éthiopien. L’Esprit recherche de tels hommes comme cet étranger sur une route désertique. Ce fut par l’Esprit que la question lui fut posée et l’explication donnée qui changea tout dans sa vie. « Mais comprends-tu ce que tu lis ? » Bien que l’Éthiopien ne comprenait pas, il était interpellé par ce qu’il lisait ; ce sont de telles personnes que l’Esprit cherche. Car en vérité, ceux qui cherchent à comprendre spirituellement sont peu nombreux, c’est ce qui explique la pauvreté spirituelle des assemblées. Si seulement l’Esprit Saint trouvait plus de personnes comme cet Éthiopien, nous serions très certainement dans une tout autre situation aujourd’hui.
Par rapport à tout ce qui précède nous devons réaliser que l’Esprit Saint opérait sur un seul principe. Ce n’est pas mentionné dans notre passage, mais nous discernons clairement que tout ce qui se passa entre l’Éthiopien et Philippe s’appuie sur ce principe spirituel. Ce dont il est question est la croix – l’Esprit ne s’en éloigne jamais. Il agit toujours en tenant compte que la croix est le fondement. La croix est ce qui s’oppose pré-éminemment et puissamment contre la racine du péché dans l’homme : l’orgueil. Le principe de la croix s’applique à tout ce qui est de Dieu et de Lui seul. Nous voyons qu’il y avait une anticipation de la part et de l’Éthiopien et de Philippe, d’obéir à la lumière, quel que soit le coût, sans aucune arrière-pensée et sans considération intéressée. Cet homme aurait pu se dire : « Lorsque je serai de retour, que dira la reine, que diront les hommes de la cour ? Si je leur annonce que je suis devenu chrétien, que j’ai été baptisé, que maintenant je suis un disciple de Jésus Christ ; je suis perdu ! » Mais le principe de la croix ne permet pas de telles considérations. Nous pouvons le voir en Philippe – il était un homme véritablement crucifié. Nous pouvons le voir en l’Éthiopien également – le principe de la croix était déjà opérant dans sa vie, bien qu’il ne sache rien de la croix ; mais son attitude donna à l’Esprit Saint une pleine liberté d’œuvrer.
Ici nous avons un principe fondamental mis en pleine lumière. Il n’y aura aucune illumination spirituelle, aucun entendement divin, aucun éclairage sur quoi que ce soit, tant que la croix n’aura pas agi quant à notre intellect. Si nous nous engageons dans des arguments, dans des raisonnements quant aux agissements de Dieu en nous, l’Esprit Saint se gardera d’agir. Tant que notre attitude ne changera pas, nous continuerons à tourner interminablement en rond ; ne parvenant jamais au but. La croix doit agir sur notre intellect, sur notre sagesse et notre intelligence naturelles. C’est précisément ce qu'écrit l’apôtre Paul dans les premiers chapitres de sa première lettre aux Corinthiens. Dans ces passages nous voyons deux sagesses qui sont totalement opposées : D’un coté nous avons la sagesse du monde (combien était grande cette sagesse !), d’un autre coté nous avons la sagesse d’en haut : « Ce que l'œil n'a pas vu, et que l'oreille n'a pas entendu, et qui n'est pas monté au cœur de l'homme », 1 Corinthiens 2 :9 ; et au milieu de ces passages nous avons ces mots : « Christ crucifié ».
De la même façon, la croix doit agir quant à nos affections, nos désirs, nos attachements et nos intérêts dans ce monde. Nous devons prendre en compte la manière dont les agissements de Dieu vont nous affecter, ainsi que l’issue de nos choix qui sera soit un gain, soit une perte. Si nous avons des hésitations, des retenues quant à l’œuvre de Dieu en nous, alors l’Esprit Saint se tiendra à l’écart et aucune lumière ne nous sera octroyée.
Enfin la croix doit agir quant à notre volonté. Il est clair dans l’exemple de l’Éthiopien, qu’il n’hésita pas une seconde. Comment Philippe le conduisit au baptême en partant d’Ésaïe 53 nous ne le savons pas, mais il y parvint et l’Éthiopien, le cœur grand ouvert, l’esprit prompt, bien décidé à faire ce qui devait être fait lorsqu’il fut éclairé, s’écria : « Voici de l'eau, qu'est-ce qui m'empêche d'être baptisé? ». La plupart des gens disent : « Pourquoi devrais-je ? ». L’Éthiopien dit : « Pourquoi ne le serais-je pas ? ». Toute son attitude démontre qu’il s’est placé sous la discipline de la croix, c’est ce qui déterminera l’issue de son choix.
Nous devons remarquer une autre chose dans cette histoire. Lorsque l’Esprit emporta Philippe, qu’a donc dit l’Éthiopien ? « Comment vais-je pouvoir continuer sans lui ? Je ne peux retourner en Éthiopie sans lui ! » Mais pour lui l’absence de Philippe n’eut aucune incidence, car le Seigneur qui habitait Philippe l’habitait aussi maintenant. Le même Esprit qui dominait Philippe le dominait également, présentement il n’avait plus besoin d’aucune aide extérieure. C’est ce genre de chrétien qui compte pour le Seigneur ! « il continua son chemin tout joyeux ». La longue quête de sa vie est satisfaite, la lumière a illuminé son cœur.
Un autre incident de même nature nous est rapporté par Luc dans le vingt-quatrième chapitre de l’évangile portant son nom. Ces deux compagnons sur la route d’Emmaüs sont représentatifs, tout comme l’était l’Éthiopien, de ceux qui possèdent bien une Bible, qui en connaissent son contenu, mais à qui elle demeure un livre fermé – jusqu’à ce que le Seigneur glorifié ouvre leur entendement. Mais sachons que c’est ici la volonté-même du Seigneur. Comme il est dit plus haut, la question est fondamentale : « Mais comprends-tu ce que tu lis? ». Est-ce, pour nous, un livre ouvert ou fermé ? Un livre vivant ou mort ? Un livre apportant la vie ou n’apportant rien ? Est-ce une joie de l’ouvrir ou une contrainte ? Tout ceci est sous-entendu dans cette question. Mais n’oublions jamais que nous vivons dans la dispensation de l’Esprit. Il est présent, et Il est en parfaite symbiose avec la Parole de Dieu, ne cherchant que la gloire du Christ ressuscité. C’est par cette Parole que l’Esprit nous rapproche sans cesse davantage de Christ.
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