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La Prière

par T. Austin-Sparks

Édité et fourni par le Golden Candlestick Trust.
Source : Prayer. (Traduit par Paul Armand Menye).


Nous abordons maintenant certaines des difficultés liées à la prière, après la difficulté de concilier l'importunité avec la soumission et la soumission avec l'importunité. Il y a aussi la difficulté qui se glisse parfois dans la question du rapport entre la foi et la persévérance et entre la persévérance et la foi. Ici aussi, il semble parfois y avoir un conflit dans l'esprit et, comme nous l'avons dit à propos des autres questions, ce conflit, s'il n'est pas résolu et clairement défini et si nous ne l'examinons pas sérieusement, reste l'une des choses qui affaiblissent la prière. La persévérance nie-t-elle la foi ? La foi signifie-t-elle qu'il faut cesser de persister ? S'il s'agit d'une simple difficulté intellectuelle ou mentale, nous voyons immédiatement qu'il y a quelque chose à éclaircir, mais si nous ne parvenons pas à l'exprimer clairement, le fait reste souvent en arrière-plan de notre esprit. Il faut donc chercher à se débarrasser de cette difficulté, si elle existe ou si elle se présente, et, dans la mesure du possible, l'arrêter à jamais.

Il y a des personnes avec lesquelles nous avons été en contact (et peut-être avons-nous nous-mêmes été trouvés dans la même catégorie) qui essaient de cultiver un état où ils acceptent tout tranquillement et font confiance à Dieu pour faire ce qu'il y a de mieux pour eux. Ils cherchent à accepter tout ce qui vient, ne refusant rien et n'exigeant rien, et leur idée est que c'est la foi dans ce qu'elle a de meilleur, de sorte que tout ce qui est importunité ou persistance dans la prière n'a pas sa place ; ce n'est pas conforme à la foi. Or, rendre absolue une telle position, c'est d'abord nier l'enseignement de la Bible sur la prière et la foi. On ne peut pas appréhender correctement l'enseignement de la Parole sur l'un ou l'autre de ces sujets et rendre une telle position absolue ou la régler définitivement. Il est vrai que la persistance ou l'insistance - je pense que ce dernier mot dans ce contexte est celui qui convient le mieux - l'insistance peut être un manque de foi et l'acceptation peut être la voie de la foi, mais avant de pouvoir décider qu'il en est ainsi dans l'un ou l'autre cas, il y a d'autres choses à prendre en compte.

Par exemple, Paul s'est trouvé à un moment donné dans le domaine de la persistance qui, si elle n'était pas totale, équivalait presque à de l'insistance, et cela en relation avec son épine dans la chair pour laquelle il a cherché le Seigneur à trois reprises. Et connaissant l'homme, sa force de caractère, son tempérament, nous ne nous trompons peut-être pas en disant que sa persistance équivalait à de l'insistance, ou presque. Son attitude était que cette chose devait disparaître. C'était un obstacle, une limitation, et il s'obstinait donc à chercher le Seigneur pour qu'il l'enlève ; l'acceptation de sa part est devenue le chemin de la foi. Mais il a dû, par l'exercice, en arriver à voir clairement que l'acceptation était la voie de la foi. Il n'a pas, dès le départ, adopté l'attitude suivante : « J’ai une épine, le Seigneur la connaît, je ne dirai rien, je l’accepterai ». Non, il n'a pas pris les choses comme ça, il s'est engagé dans une enquête très persistante auprès du Seigneur à ce sujet, il a cherché le Seigneur à propos de cette chose, et à travers son exercice, il en est venu à voir que sa foi était en train d'accepter. Pour lui, la foi était une question d'acceptation et non de délivrance. L'insistance peut donc être un manque de foi. Il est parvenu à une conviction. Il faut être convaincu par l'exercice avant d'accepter la situation. Il faut être positif. La foi est une chose positive.

L'acceptation et la passivité peuvent être une absence de foi, et l'action peut être absolument nécessaire, de sorte que l'importunité ou la persévérance n'est pas en conflit avec la foi ; elle est une aide à la foi et travaille dans le sens de la foi, et devient le fondement sur lequel nous sommes établis dans notre foi. J'espère que cette méthode d'argumentation n'est pas trop abstraite et que vous êtes en mesure de la comprendre. Ce que nous avons dit, c'est que l'acceptation et la passivité peuvent être une absence de foi et que l'action est nécessaire - l'action menant à la conviction et la conviction étant le fondement de la foi. On ne parvient pas à une foi établie que par l'action par laquelle on est parvenu à la conviction. Cela va à l'encontre d'une acceptation initiale simplement passive d'une situation du type : « Le Seigneur est bon et je m'en remets à Lui, en prenant ce qu'Il m’envoie. » Ce n'est pas Sa volonté pour nous car, comme nous l'avons souligné, la volonté de Dieu est si souvent relative dans notre cas, et ce n'est que lorsque nous prenons la situation en main que nous atteignons l'objet de la volonté permissive de Dieu, le terrain positif. Or, dans ce domaine, Dieu est connu pour fournir souvent un lieu d'argumentation et de raisonnement avec Lui-même. La Parole de Dieu nous permet d'affirmer que le Seigneur ira jusqu'à prendre Lui-même une attitude, à créer, à faire naître une circonstance ou un ensemble de circonstances, ou à appeler directement à une discussion avec Lui-même : « Venez maintenant, et raisonnons ensemble, dit le Seigneur ».

Dans le cas de Moïse, il est entré plus d'une fois dans ce que l'on pourrait appeler une controverse avec Dieu, et le résultat a été, à première vue, que Moïse a gagné. Nous verrons tout à l'heure qu'il n'a pas gagné, c'est Dieu qui a gagné. Mais le Seigneur avait projeté la situation afin d'entraîner son serviteur dans un véritable débat avec Lui-même sur une question afin d'atteindre une fin positive. Il s'agissait d'une situation précipitée par le Seigneur qui ne pouvait pas être acceptée comme cohérente avec les buts et les objectifs du Seigneur, et le Seigneur voulait que ses serviteurs voient l'incohérence de la situation et l'entraînent, afin qu'en fin de compte cela change. Si Moïse avait dit : « C’est une bien mauvaise situation. Je ne la comprends pas, mais le Seigneur l'a permise et je dois l'accepter. Malgré tout le mystère et les contradictions apparentes, je dois croire que le Seigneur sait ce qu'il fait et essayer de continuer ». Le Seigneur n'avait pas l'intention de lui faire prendre cette attitude ; le Seigneur avait précipité cette chose dans le but contraire, de sorte qu'un acquiescement simplement passif était contraire à la volonté de Dieu. Par conséquent, si le Seigneur prévoit un lieu pour argumenter ou débattre avec Lui respectueusement sur des questions de son propre honneur, il est établi pour toujours que tout ce qui est de l'ordre de l'agressivité avec le Seigneur dans l'importunité et la persistance n'est pas contraire à la pensée du Seigneur. Nous y reviendrons plus tard dans un autre contexte.

Répétons donc que la foi est toujours un principe actif et jamais passif, quelle que soit la manière dont elle fonctionne. Si la foi en vient à l'acquiescement et à l'acceptation, elle doit y parvenir par l'exercice et c'est donc une chose active et non passive. Si la foi prend le chemin inverse, il est évident qu'elle n'est pas passive ; c'est-à-dire que si elle prend le chemin inverse de l'acquiescement et de l'acceptation, alors elle n'est certainement pas passive. Mais la foi est toujours un principe actif, quel que soit son mode de fonctionnement, et ce n'est pas de la foi que de s'asseoir et de dire : « Les choses sont telles qu'elles sont et je les accepte, je ne murmure pas, je ne demande rien d'autre, je fais confiance au Seigneur dans sa bonté... tout ira bien ». Ce n'est pas une coopération avec Dieu dans la foi. Il y a une place pour l'enquête sur tout et après l'exercice et l'enquête, nous pouvons arriver à l'endroit où nous devons dire : « Oui, d'accord, c'est le Seigneur, je l’accepte ». C'est la foi active. Après enquête, nous pouvons en arriver à dire : « Dans mon cœur, l'Esprit du Seigneur dit que cette situation ne doit pas être considérée comme la volonté de Dieu, et par conséquent, je ne peux pas l'accepter et ma foi veut qu'elle soit changée, déplacée, ou qu'elle serve un but, puis qu'elle soit mise de côté ». Nous ne devons jamais penser que la prière est destinée à économiser du travail. (On peut en faire ce que l'on veut).

Nous passons maintenant à une autre difficulté qui se présente si souvent, à savoir la question de la connaissance Divine en relation avec la prière. La question est la suivante : la connaissance Divine parfaite rend-elle la prière inutile ? « Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous ne le lui demandiez » ; alors pourquoi demander ? C'est une forme très simple du problème, mais elle s'étend à un champ beaucoup plus vaste. Dieu sait tout - pour utiliser un terme plus académique, ll est omniscient. Il connaît tous nos besoins, nous ne pouvons L'informer de rien. Nous ne pouvons rien Lui dire qu'Il ne sache déjà, et Il connaît la fin depuis le début. « Il connaît le chemin que je prends ». Sa connaissance est parfaite. La prière devient-elle alors inutile ? N'y a-t-il pas lieu de dire des choses au Seigneur, de Lui demander de répondre aux besoins qu'on Lui soumet, aux besoins qu'on Lui fait connaître ? N'y a-t-il pas lieu de faire connaître au Seigneur nos besoins, puisqu'Il connaît toutes choses ? Et la finalité de Sa connaissance, le fait qu'Il atteigne la fin d'une chose dans Sa connaissance et qu'Il sache exactement quelle sera la fin, signifie-t-il que nous pouvons espérer obtenir quelque chose par la prière ? Cette question ou ce problème peut être formulé de bien d'autres manières que celle que j'ai présentée. Nous allons chercher à l'illustrer, à l'ouvrir et à y répondre au moins dans une certaine mesure. Et là encore, il y a ce que nous avons dit dans d'autres contextes, à savoir que si la « toute connaissance » de Dieu existe, la prière est le moyen Divin de nous faire entrer dans la connaissance Divine. C'est une chose que de voir de simples demandes exaucées en ce qui concerne de nombreuses choses extérieures. C'en est une autre, et bien avant cela, lorsque nous pouvons dire, comme résultat de l'éducation par la prière : J'ai appris que le Seigneur ne fait pas les choses de telle ou telle manière, mais qu'il agit selon des principes et des lois bien définis.

Il y a deux niveaux de vie. L'un est celui de l'enfant, du jardin d'enfants ; l'autre est celui du fils, de la maturité. C'est une chose très belle, très délicieuse, que de demander au Seigneur de faire quelque chose d'objectif et d'extérieur dans les nombreux incidents ordinaires de la vie quotidienne ou dans le cours de la vie, et d'obtenir une réponse. C'est fait, vous voyez que c'est donné ; c'est très beau, mais la question demeure : quel principe avez-vous appris ? Vous demandez tout simplement et vous recevez. Lorsque vous vous heurtez à des choses bien plus grandes et plus complexes, aux problèmes de l'œuvre et aux problèmes spirituels d'autres personnes dans l'œuvre du Seigneur, lorsque les forces ultimes de l'univers sont impliquées, lorsque Satan a pris pied et que les puissances des ténèbres ont pris le dessus et qu'il y a une situation qui n'est pas simple, loin de là, et que vous demandez au Seigneur de la changer, et que vous cherchez à la régler comme vous le feriez peut-être, disons, pour votre prochain repas : « Seigneur, tu sais que je n'ai pas de petit déjeuner, s'il te plaît, envoie-moi un petit déjeuner demain matin » - et le Seigneur répond ; si vous essayez de traiter la chose sur ce principe et que la chose ne fonctionne pas, ne se produit pas - où en êtes-vous maintenant ? Il existe une connaissance de Dieu qui est parfaite par rapport à cette chose et qui est capable de résoudre ce problème profond, mais le Seigneur veut que nous possédions cette connaissance, ou que nous entrions dans cette connaissance, et que nous connaissions les principes et les lois qui la gouvernent, et la prière est le moyen par lequel le Seigneur nous fait entrer dans la connaissance Divine et dans la vérité des choses.

Le Saint-Esprit est en nous comme ce que nous pourrions appeler un pilote, et lorsque nous le regardons à l'œuvre dans nos propres cœurs, dans nos propres esprits, nous apprenons de nombreuses leçons d'un caractère céleste - des leçons d'un ordre céleste. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà trouvé à côté d'un pilote. Je me souviens d'une fois où je me trouvais sur la passerelle d'un navire lorsque le pilote est monté à bord. Le capitaine a passé la main et le pilote a donné ses instructions à l'homme à la barre. Il y avait le port, il fallait y entrer. Ici, c'est la haute mer. Au lieu de se diriger tout droit vers le port, le pilote fit virer le navire vers le large et décrivit un cercle pour arriver en ligne droite au port. Un observateur ordinaire ne voyait aucune raison de ne pas aller tout droit vers le port. Il n'y avait pas d'obstacles apparents, la profondeur de l'eau ne semblait pas poser de problème, et j'ai demandé au capitaine : « Pourquoi ce chemin ? » Il m'a répondu qu'il y avait deux points de repère, l'un étant le clocher d'une église en ville et l'autre un point, une tour ou quelque chose comme ça, sur le rivage, et le pilote sait que lorsqu'il aligne ces deux points, il est au milieu du chenal et qu'il peut aller tout droit, et son travail est parfaitement simple. Il arrive juste à côté, et il n'a pas à se tortiller pour se faire pousser à l'intérieur. Il a une connaissance de la chose que nous ne possédons pas ; il nous suffit de rester là et d'apprendre. Il est certain qu'après avoir été dans ce port avec un pilote, je pourrais le faire moi-même, mais j'ai appris son secret pour entrer dans ce port.

C'est exactement la même chose. Le Saint-Esprit est en nous avec une connaissance céleste, et lorsque nous l'observons dans notre propre esprit, nous apprenons des choses selon un ordre céleste, et cela se fait principalement dans la prière, car lorsque nous prions, l'Esprit suit un certain cours en nous, que nous reconnaissons si nous sommes spirituellement sensibles. L'Esprit suit ce cours, le Seigneur indique une certaine chose, et nous en tirons des conclusions : « Oh, c'est comme ça que le Seigneur fait ! C'est le principe d'opération du Seigneur », et ainsi nous en venons à posséder une connaissance et une sagesse plus élevées et à entrer dans une connaissance de Dieu sur les choses dans la prière. Ainsi, Dieu ne se contente pas, et ne se satisfait pas, d'avoir toute Sa connaissance uniquement en Lui-même. Il nous a créés pour partager cette connaissance avec nous, non pas pour nous rendre omniscients, pour nous investir des attributs de la Déité, mais pour nous faire partager Sa connaissance et pour que nous en venions à voir que Sa compréhension des choses transcende toujours la compréhension des hommes. Ainsi, la foi, dans ce deuxième contexte, n'est pas un plongeon aveugle ; c'est une intelligence intérieure, une communion. La foi n'est jamais un plongeon aveugle, la foi est toujours une chose intelligente, non pas la connaissance humaine ordinaire, mais cette connaissance intérieure. Relisez Hébreux 11 et vous verrez que même s'ils ne voyaient pas, au niveau naturel, tout le cours des choses, la foi des saints était toujours basée sur une certaine intelligence spirituelle. Pourquoi ont-ils refusé la délivrance ? Il ne s'agissait pas de prendre des risques à l'aveuglette, d'en assumer les conséquences. C'est parce qu'intérieurement, la foi a compris que c'était la voie de Dieu pour eux et qu'elle devait aboutir à un résultat glorifiant pour Dieu. Tout ce chapitre, Hébreux 11, est écrit pour justifier la foi, non pas pour justifier un plongeon aveugle de la part des gens, mais pour justifier la foi dans son intelligence. Mais l'intelligence spirituelle est une chose en soi. Elle consiste à appréhender la sagesse Divine.

La prière est le domaine dans lequel l'Esprit enseigne la connaissance et nous devrions donc chercher à enregistrer la direction de l'Esprit lorsque nous attendons le Seigneur. La prière ne consiste pas simplement à se mettre en présence de Dieu, à prendre une posture et à demander beaucoup de choses, puis à se lever et à partir. La prière consiste à attendre le Seigneur pour qu'Il enregistre la direction de l'Esprit. En outre, le Seigneur nous a liés à Lui par son Esprit ; la direction de l'Esprit exige de marcher dans l'Esprit. Le fondement d'une vie dans l'Esprit est la prière. Prenons l'exemple de l'Ancien Testament, la colonne de nuée. Par cette colonne de nuée, le peuple du Seigneur était lié à Lui-même. L'arrêt, la marche, la direction étaient tous liés à la colonne de nuée, mais cela ne suffisait pas. Leurs yeux devaient être sur la nuée pour savoir quand aller, quand s'arrêter, et quel chemin prendre : et c'est notre esprit, vivifié, illuminé, uni au Seigneur, qui agit pour nous comme l'œil qui voit dans quelle direction va l'Esprit, quand l'Esprit va, et quand Il ne va pas. C'est là que Moïse s'est trouvé en danger à une occasion, lorsqu'il a demandé à son beau-père de venir et de leur servir d'yeux. Il est heureux qu'il ait échoué.

Ici encore, la formation morale entre en ligne de compte. Apprendre dans la prière ce que Dieu aime et ce qu'Il n'aime pas. C'est la connaissance morale qui est importante. L'autre type de connaissance (celle qui est, dirais-je, plus mentale, la connaissance du Seigneur) est une connaissance très importante. Mais avec le Seigneur, la connaissance morale prend une très grande place ; cette connaissance morale qui est de ce caractère, la connaissance de ce qui est favorable et de ce qui n'est pas favorable au Seigneur, de ce que le Seigneur aime et de ce qu'il n'aime pas. C'est la fabrication de la conscience en nous, la conscience spirituelle, une conscience morale nouvellement créée, la formation d'un goût. Vous pouvez penser que le goût est naturel, qu'il fait partie de notre constitution, mais si vous réfléchissez un peu plus attentivement, vous verrez que ce n'est pas le cas. Ce goût est formé. Et le goût dépend en grande partie, sinon entièrement, de ce à quoi vous êtes habitué et de ce à quoi vous n'êtes pas habitué. Vous pouvez acquérir un goût ou vous pouvez tellement grandir dans une chose que toute autre chose n'est pas à votre goût. Certaines personnes peuvent manger et savourer du fromage qui est bien avancé dans la mortification ! D'autres n'ont jamais été formés à cela ; c'est un goût acquis. La pauvre créature qui vit dans la misère, la négligence, l'obscurité et la saleté d'une ville païenne n'éprouve aucune répulsion à son égard. Ils ont grandi là. C'est leur vie natale. Si vous les nettoyiez, ils se sentiraient mal à l'aise et ne sauraient pas quoi en penser. Ils devraient acquérir un autre goût pour la propreté et l'ordre. Nous ne naissons pas tant avec le goût qu'avec ce que nous avons eu et ce que nous n'avons pas eu - quelque chose qui se développe en raison de la vie que nous menons - ce que nous avons et ce que nous n'avons pas.

Il s'agit là d'un aspect secondaire du goût moral du point de vue Divin, ce que Dieu aime et ce qu'Il n'aime pas, et nous devons apprendre ce goût spirituel et moral et l'acquérir. Nous le faisons en présence du Seigneur dans la prière. Il n'y a pas d'endroit où nous reconnaissons plus clairement ce que le Seigneur aime et n'aime pas que le lieu de la prière, et la prière devrait avoir cet effet sur nous. C'est donc dans la prière que se développe la connaissance morale (c'est ce que nous appelons la « connaissance morale »), et c'est précisément dans ce but que l'on prie. C'est une chose très impressionnante et frappante que, tandis que les affaires et le travail ordinaires de la vie se déroulent d'une certaine manière tout au long de la journée, lorsque nous revenons au temps calme de la prière avec le Seigneur, quelque chose nous revient et nous frappe comme ayant été dans la journée, sans que nous y ayons été attentifs à ce moment-là. Le Saint-Esprit agit pour nous comme un superconscient qui emmagasine tout et, au bon moment, lorsqu'il se trouve dans le bon domaine, dans une atmosphère claire, il nous montre dans la prière les choses qui n'allaient pas pendant la journée. De même, le Saint-Esprit approuve ce qui est conforme à la pensée du Seigneur, et connaît un sentiment de paix et de repos, de clarté avec le Seigneur. Il s'agit là d'une connaissance morale. C'est notre entrée dans la connaissance du Seigneur, de sorte qu'au lieu d'être un obstacle à la prière, l'omniscience du Seigneur est l'occasion même de prier, afin que nous puissions entrer dans une connaissance que nous ne possédons pas, ni mentalement ni moralement. La « toute connaissance » Divine est plutôt une raison de prier que le contraire.

D'autre part, la prière qui nous met en présence de l'omniscience Divine a pour effet d'instaurer un gouvernement de notre vie secrète. Celui qui vit en communion avec le Seigneur trouvera un frein rapide aux pensées, aux jugements, aux critiques et autres, qui n'ont peut-être jamais été exprimés par les lèvres. Dans notre vie les uns envers les autres, nous nous abstenons de dire beaucoup de choses, soit parce que nous aurions honte qu'elles soient entendues, soit parce que nous aurions peur des conséquences qu'elles auraient si elles étaient entendues. Il y a beaucoup de silence dans ce monde qui est un silence judicieux en raison des conséquences. Vous pouvez avoir les pensées les plus diffamatoires qui soient, mais si vous les exprimez en mots, vous aurez une assignation, alors vous ne les dites pas. La diffamation est tout de même là. Si vous entrez en présence de la connaissance totale de Dieu, vous vous rendrez compte que la diffamation est tout aussi flagrante en Sa présence qu'elle l'aurait été si vous l'aviez formulée en présence d'un homme. En présence de Sa connaissance parfaite, tous les secrets de nos cœurs sont ouverts et mis à nu, et nous le savons. Nous ne pouvons jamais mentir en présence de Dieu et nous le savons si nous demeurons en Sa présence, de sorte que la prière, en nous amenant dans le lieu de toute connaissance, a pour effet d'établir un gouvernement de notre vie secrète. Et celui qui vit beaucoup en communion avec Dieu a sa vie secrète bien gouvernée, et s'il a une pensée critique ou méchante, il est jugé intérieurement ; il n'a pas besoin de la dire. S'il a un mauvais sentiment à l'égard de quelqu'un, il est jugé instantanément ; il le sait.

Vous voyez donc que la prière et la connaissance de Dieu ne sont pas contraires, car c'est lorsque nous entrons dans le lieu de prière que la connaissance de Dieu devient un gouvernement dans nos vies secrètes pour nous délivrer de ce qui n'est pas agréable au Seigneur. Ainsi, pour toutes les critiques, exprimées ou non, pour tous les jugements erronés, pour tous les sentiments et pensées qui ne sont pas conformes à l'esprit du Seigneur, une vie de prière plus profonde est le remède parce qu'elle a cet effet. Dans la communion avec Dieu, nous savons que le Seigneur sait tout à ce sujet et cela a un effet sur nous, plus profond que si nous avions dit quelque chose avec nos lèvres et que nous avions ensuite honte que quelqu'un l'ait entendu. Cela établit un gouvernement intérieur de notre vie secrète dans la réalisation de l'omniscience Divine, et une vie de prière à la lumière de la toute connaissance. Sa connaissance parfaite est une chose positive, une contribution positive. Toutes ces raisons s'opposent à ce que la toute connaissance de Dieu soit l'occasion de se passer de la prière. Nous mettons tout cela du côté positif et disons que c'est plutôt un argument en faveur de la prière que le contraire.

La vie peut facilement devenir artificielle, même notre grand ministère pour le Seigneur peut prendre des formes artificielles. Nous pouvons être tellement engagés dans le travail ou les programmes, les exigences, qu'une artificialité apparaît dans nos vies, quelque chose qui est plutôt professionnel que réel, quelque chose qui est le travailleur plutôt que l'homme - dans le sens technique du terme, le travailleur - et la vie est une chose très artificielle, et les relations humaines sont toutes calculées pour nous rendre artificiels : c'est-à-dire, pour être devant les autres quelque chose que nous ne sommes pas vraiment. Il y a cette couverture de la vie - qui ne vise pas à tromper intentionnellement, en ce sens que nous essaierions de faire croire que nous sommes différents de ce que nous sommes, mais il y a une couverture ou un vernis de la vie, telle qu'elle est organisée de nos jours, qui tend à la rendre artificielle, et tout cela sans que nous le sachions et de manière imperceptible, nous pouvons être enclins à y jouer un rôle, de manière simple. À tel point que nous pouvons même devenir étrangers à notre vrai moi. Rien de tout cela n'est possible en présence de Dieu. Toute irréalité disparaît en Sa présence, il n'est pas possible d'être étranger à soi-même, on est confronté aux faits réels ; ce que l'on est, qui l'on est. Nous pouvons, devant les hommes, faire beaucoup de prédication et cela peut donner aux hommes l'impression que nous vivons la vie d'un prédicateur comme elle devrait être vécue, mais en présence de Dieu, nous sommes découverts et nous nous heurtons au fait que pour nous, dans l'esprit de Dieu, ce qui est infiniment plus important que le travail, c'est le travailleur. À ses yeux, l'état est bien plus important que l'activité. C'est la valeur d'une vie de prière qui nous amène à la pleine connaissance de Dieu et ceux qui n'ont pas une vie de prière adéquate deviennent artificiels, professionnels, extérieurs et s'éloignent même de la connaissance de leur propre cœur.

Vous voyez, tout le poids est du côté de la connaissance de Dieu comme occasion de prière plutôt que de limiter la prière ou de la rendre inutile. Nous voulons maintenant passer des mots, de la théorie, à la pratique et à la valeur spirituelle de tout cela.


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