par
T. Austin-Sparks
Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony » Sep-Oct 1969, Vol. 47-5. Source : « An Apostle's Supreme Ambition ». (Traduit par Didier Lebeau)
« Pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort. » (Philippiens 3 :10)
Quelques mots de ce passage suffisent pour révéler à quel point cet homme était dévoué au Seigneur Jésus. Tout le contexte nous présente l’épanchement de son propre cœur envers Celui dont il dit qu’Il l’avait « saisi », et il focalise tout dans cette expression toute simple « Pour de le connaître, lui. »
Ce qui est frappant quant à cette déclaration, c’est de considérer les circonstances dans lesquelles elle a été exprimée. Voici un homme qui avait eu une révélation et une connaissance de Jésus Christ plus grande que n’importe quel autre homme jusqu’à cette époque. Cette connaissance avait commencé quand dit-il, « il plut à Dieu de révéler son Fils en moi ». Cet évènement l’avait bouleversé, et il avait dû partir dans le désert pour essayer de saisir ce que cela impliquait. Plus tard, il fut « ravi jusqu'au troisième ciel… et entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l'homme d'exprimer ». Entre ces deux expériences servant de fondement, nous avons l’évidence d’une croissance dans la connaissance de Christ. Maintenant, après tout cela, alors qu’il est proche de la fin de sa vie, il s’écrie avec passion : « Pour le connaître, lui. »
Le moins que l’on puisse dire à ce sujet, c’est que le Christ en vu était vraiment un très grand Christ, qui dépasse de loin les plus grandes capacités de compréhension de l’homme. Cela contraste tellement avec le Christ limité que nous pouvons connaître et appréhender ! Il y a tellement plus dans le Christ que nous n’avons pas encore vu ! Mais nous devons détailler notre verset. Il peut être analysé par les mots principaux, et être résumé en quatre expressions.
1. La passion qui gouverne tout : « Pour le connaître, lui. »
2. La puissance effective : « La puissance de sa résurrection. »
3. La base essentielle : « La communion de ses souffrances. »
4. Le principe progressif : « Etant rendu conforme à sa mort. »
Ici une petite étude de mots s’avérera à la fois utile et nécessaire. Dans la langue grec originale du Nouveau Testament il y a deux mots que l’on traduit par « connaissant », « connaissance » ou « connaître ». On les retrouve à de nombreuses reprises et endroits à travers tout le Nouveau Testament.
Un de ces mots signifie connaître par des informations; ce que l’on nous dit, ce que nous lisons, ou ce qui nous est rapporté. C’est plus une connaissance qui vient à travers l’observation, l’étude, la recherche, ou la discussion. Elle porte plutôt sur des choses, des personnes, etc. L’autre mot signifie avoir une expérience personnelle, une relation intime; et une connaissance intérieure. Parfois il est accompagné d’un préfixe et cela donne au mot le sens de « pleine connaissance » (epignosis). C’est ce second mot et cette seconde signification qui est employée ici : « Afin que j’obtienne ou acquiers davantage de la connaissance de Christ par une expérience recueillie à travers une intimité personnelle ; en vivant une relation directe avec Lui. »
Ceci supprime tout ce qui est du domaine de la simple théorie, de l’intelligence, et de ce que l’on nous dit. C’est le résultat et la conséquence de l’action intérieure du Saint Esprit. C’est pour cette raison que Paul associe cette connaissance à « la puissance de la résurrection, et la communion de ses souffrances ». C’est une connaissance puissante, née d’une expérience profonde. C’est ici la seule vraie connaissance de Christ ! Elle est plantée et tissée dans la vie intérieure.
Bien qu’il y ait un aspect futur dans cette phrase, à savoir son accomplissement dans la gloire, nous devons comprendre que dans chacune de ces expressions, Paul fait référence à la vie présente. Même dans le verset suivant, où il parle de parvenir « à la résurrection d’entre les morts », il pense avant tout à la résurrection spirituelle et morale. Il avait déjà connu quelque chose de cette puissance. Sa conversion en est un exemple. Ses plus grandes expériences furent peut-être celles qu’il vécut en Asie et à Lystre (2 Corinthiens 1 :9 ; Actes 14 :9-20).
La puissance de résurrection et de vie résident dans la connaissance de Christ. C’est ainsi que nous Le connaissons, et c’est à la disposition de tous les croyants. Nous en avons besoin pour endurer, vaincre, accomplir le ministère, maintenir le témoignage du Seigneur dans ce monde; et pour chaque besoin qui se manifeste en relation avec les intérêts et la gloire de Christ. Cela place la vie sur une base surnaturelle. C’est la puissance de Sa résurrection, le plus grand miracle de l’histoire.
Concernant ce point il y a certaines choses que nous devons mettre de coté une fois pour toute. Ce sont les souffrances de Christ que nous ne partageons pas, et que nous ne sommes pas appelés à partager, bien que parfois il semble y avoir une ligne de séparation étroite entre les deux.
Nous ne partageons pas les souffrances de Christ liées à la rédemption. Il existe tout un domaine de souffrances qui n’appartient qu’à Lui seul. L’œuvre de rédemption en faveur de l’homme Lui est unique. Quand Celui qui était sans péché a été fait péché pour nous Il était seul, même Dieu l’abandonna dans ce moment éternel. C’est sur ce fait que réside toute la vérité de son unique Personne et que repose tout le principe du sacrifice parfait – l’Agneau sans défaut.
Mais une fois tout cela accepté et établi, il y a des souffrances de Christ dans lesquelles nous pouvons être en communion avec Lui. Ainsi, il se peut qu’à cause de Lui, nous soyons méprisés et rejetés par les hommes. Nous pouvons être discrédités, rejetés, persécutés, méprisés, torturés ou même « mis à mort », soit au sens propre, soit figurativement « tout le jour ». Du reste, Paul parle des souffrances de Christ qu’il avait encore à accomplir « pour son corps qui est l'assemblée ». Ceci est un aspect et domaine de souffrance bien différent de la souffrance physique. Paul considérait cela comme un honneur et quelque chose dans laquelle on pouvait se réjouir, parce que c’était pour Celui qu’il aimait si profondément. Mais il voyait aussi dans cette souffrance, avec et pour Christ, la base pour connaître Christ et la puissance de Sa résurrection. L’apôtre laissait entendre que seuls ceux qui connaissent cette communion connaissent vraiment le Seigneur. Nous savons cela ! Il est tout à fait évident que notre réelle utilité dans les choses spirituelles vient lorsque nous avons été pressés, et que ceux qui ont souffert le plus ont le plus à offrir. Il n’y a rien d’artificiel dans le fruit de Christ.
Il est important de comprendre que l’Apôtre ne considérait pas d’être rendu conforme à la mort de Christ comme étant une fin en elle-même. Sa vraie signification était qu’il puisse grandir dans la connaissance de Christ, connaître la puissance de Sa résurrection et la communion de Ses souffrances en devenant conforme à Sa mort. Sa mort – celle de Christ – appartenait au passé, c’était quelque chose qui avait eu lieu au commencement, mais l’histoire spirituelle d’un chrétien est un retour permanent vers ce que signifie cette mort. Je veux parler de la fin du « vieil homme », de la crucifixion par rapport à la pensée et à la volonté du monde; et de fermer la porte à tout un système qui n’est ni centré sur Christ, ni gouverné par Christ.
Toutes ces choses ont été déclarées et présentées dès les premières lettres de Paul, mais leur signification et portée devaient être rendues vraies progressivement par expériences spirituelles. Paul enseigne que la signification de la mort de Christ doit devenir l’histoire intérieure du chrétien, et que cela allait se manifester – progressivement – à travers la puissance de Sa résurrection et la communion de Ses souffrances. Ainsi en étant rendu conforme à Sa mort, il parviendrait à une plus grande connaissance de Christ et de cette puissance Divine. Il en est toujours ainsi.
Cette passion prédominante, ouvre le chemin de cette puissance effective et opérative, sur la base essentielle de la communion à ses souffrances, par le principe progressif de la conformité à Sa mort.
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