par
T. Austin-Sparks
Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony » Sep-Oct 1940, Vol. 18-5. Source : « The Saving Power of Divine Vision ». (Traduit par Didier Lebeau)
Ce verset pourrait être traduit comme suit : Quand il n’y a point de vision, le peuple « périt », « dépérit », « se perd » ou encore « est anéanti ».
Peut importe la traduction, la vérité demeure. Là où il n’y a pas de vision le peuple court à sa perte, et ceci est largement et clairement illustré à travers toute la Parole de Dieu. Un exemple flagrant est ce que nous trouvons à l’époque de Samuel, au début nous lisons : « La parole de l’Éternel était rare en ces jours-là, la vision n’était pas répandue. », 1 Samuel 3 :1. Il y avait alors peu de vision, c’était très rare ; et nous connaissons l’état déplorable des choses qui dominait alors.
Je suis personnellement persuadé que beaucoup, parmi le peuple de Dieu, peuvent aujourd’hui s’identifier à cet état de chose. Et bien que nous n’utilisions peut être les même termes et ne les appliquions pas de la même façon dans notre situation présente, nous sommes néanmoins dans l’expérience impliquée par ce qui est dit ici. Nous nous sentons dans la nécessité de nous adapter, de conformer nos idées, d’accommoder notre façon de penser, d’accorder notre attitude à la situation présente. Beaucoup de possibilités, auparavant envisageables, semblent maintenant inatteignables. Il y a une large part des choses qui doivent être mises de coté, nous rencontrons des restreintes et des limitations dans nos mouvements et activités spirituelles. Un certain nombre de choses que nous pouvions faire auparavant sont maintenant devenues impossibles, et la question qui surgit dans les cœurs de beaucoup d’enfants de Dieu est : « Qu’est-ce qui est possible ? », « Est-ce que ceci ou cela est possible ? », « Où allons-nous nous retrouver ? ». Ces choses peuvent avoir un effet paralysant, elles peuvent susciter un coup d’arrêt ; de façon à ce que nous cessions d’avancer et ne savions plus quoi faire. Le pire de tout est que nous ne voyions pas d’issue, nous ne percevions aucun débouché.
Il s’agit d’un temps très éprouvant, où les choses sont passées dans la fournaise. Et la chose qui est mise à l’épreuve plus que toutes les autres est notre vision. Notre vision souffre-t-elle déjà ? Avons-nous perdu notre vision ? Ou encore, sommes-nous sur le point de la perdre ? Périssons-nous déjà, sommes-nous anéantis, sommes-nous perdus ? Nous retrouvons-nous sans force de cohésion, sans conviction ni assurance quant au but en vue ? Sommes-nous vagabonds quant à notre œuvre, notre appel, ne sachant où nous devrions être ? C’est par rapport aux choses spirituelles et au Royaume de Dieu que nous devrions nous poser ces questions.
L’issue finale, l’ultime résultat, ce qui va décider si nous allons persévérer et aller au bout des choses, ce qui va déterminer notre force, notre confiance, notre assurance ; ou au contraire ce qui va éventuellement nous faire périr et nous conduire à la perte ; la chose qui va décider d’une issue ou d’une autre c’est la vision. Il ne subsiste aucun doute, et c’est profondément vrai que là où il n’y a pas de vision, là où la vision est perdue, ou bien là où la vision est fausse, ou encore là où il n’y a vraiment jamais eu de vision ; l’absence de la vision divine entraînera un désastre spirituel. En revanche, la présence de la vision divine sera le fondement de la victoire sur toutes choses, et du triomphe final. Définissons maintenant ce qui est entendu par la vision divine.
a) Voir le Propos Éternel de Dieu
Premièrement, la vision signifie : voir le propos de Dieu. Il semble que ce soit le critère suprême ; ce à quoi nous sommes confrontés est l’entendent du but de Dieu, le propos éternel, le propos divin. Nous serons toujours éprouvés quant à la véracité de ce que nous prétendons voir. Soit il s’agit vraiment de quelque chose que nous avons reçu de l’Esprit de Dieu, ou bien il ne s’agit que d’un vocabulaire que nous avons copié. Nous serons testés afin de déterminer si ce que nous appelons la vision, est quelque chose de forgé par l’Esprit Saint en nous, ou bien s’il n’est question que d’un enseignement entendu ou lu et que nous avons adopté. Le développement de nos vies mettra en évidence cette question de la vision divine. Ce que nous entendons par la vision est ce que la Bible nous en enseigne, le propos éternel de Dieu est vu et appréhendé tel que Lui nous l’a révélé ; et là où la vision fait défaut, le peuple ira à sa perte et se désagrégera spirituellement.
Vous et moi n’avons pas plus d’assurance que les non-croyants de nous en sortir triomphalement dans ce monde, aujourd’hui ou demain à moins que nous ne soyons animés par cette vision du dessein de Dieu ; à moins de percevoir intérieurement ce à quoi nous avons été appelés. Si nous ne voyons ce à quoi Dieu s’est donné, nous deviendrons paralysés, et éventuellement nous nous écroulerons ; notre témoignage sera réduit à néant, notre service deviendra inefficace et notre assurance disparaîtra. Dans la vie chrétienne, dans les jours mauvais que nous vivons, rien ne pourra nous porter comme peut le faire ce qui a été déposé dans nos cœurs par le Saint Esprit concernant le propos éternel de Dieu – c’est cela la vision.
b) Voir les Principes qui gouvernent le Propos Éternel de Dieu
Ensuite, nous devons distinguer les principes qui régissent le dessein de Dieu ; c'est à dire voir comment Dieu atteindra son but, voir les lois déterminées et arrêtées par lesquelles le Seigneur Dieu parviendra à Ses fins. Il n’est pas suffisant de savoir intérieurement ce que Dieu recherche, il est tout aussi important de connaître comment Dieu atteindra Son but. Beaucoup de gens ont justement aperçu l’intention de Dieu, mais ils se sont égarés et ont manqué le but de Dieu parce qu’ils ont recherché à l’accomplir et à l’atteindre par des moyens erronés ; selon des principes conçus par eux-mêmes. Les principes qui gouvernent les agissements de Dieu envers son but n’ont pas été reconnus : sans cette reconnaissance la vision perd toute sa signification. Ainsi, les prophètes, les voyants, comme ils sont appelés dans la Parole, déclaraient non seulement ce que Dieu désirait et demandait, ce qu’Il recherchait, mais ils étaient également capables de corriger les hommes et leurs voies quant au moyen d’atteindre le but de Dieu. Ils établissaient les lois permettant l’accomplissement du dessein de Dieu.
c) Voir Pourquoi et Comment les Choses Sont Contraires à la Pensée de Dieu
Avoir la vision signifie également que nous voyons pourquoi et comment les choses sont discordantes quant à la pensée divine. Ceci est extrêmement important. Beaucoup, aujourd’hui, admettent que les choses ne sont pas comme elles devraient être, que la conformité à la pensée de Dieu n’est pas là, que le but de Dieu n’est pas recherché ; mais ils sont incapables de discerner ce qui ne va pas, il ne peuvent pas expliquer le pourquoi des choses, aussi, ils s’expriment en termes généraux et sont tout simplement incapables d’aider qui que ce soit.
Ainsi, la vision implique ces trois choses : premièrement voir le propos éternel de Dieu, deuxièmement voir ces principes divinement agencés par lesquels Dieu œuvre à l’accomplissement de son dessein ; enfin voir pourquoi et comment certaines choses sont contraires à Sa pensée. J’estime que la volonté du Seigneur, présentement, n’est pas de présenter ces choses à nouveau, mais c’est plutôt de voir et de percevoir la situation qui se présente devant nous.
En considérant ce qui précède, nous devons faire face à une situation pointilleuse ; une situation qui va nous éprouver jusqu’à nos racines. L’issue d’une telle épreuve aura pour effet de nous défaire, de nous bouleverser, de nous affecter profondément. C’est ainsi que se présentent les choses, et la plupart d’entre nous savent déjà que les implications d’un tel examen, d’une telle considération, aboutiront à la mise de coté de beaucoup de ces choses qui nous sont chères. Supposons, par exemple, que toutes nos activités chrétiennes extérieures cessent ; les réunions, le service, et tout ce qui tombe dans cette catégorie d’affairements chrétiens divers prennent fin, et que nous soyons limités à ce qui est personnel et intérieur. Il est possible que nous soyons amenés là où plus rien ne subsiste – rien, excepté Dieu Lui-même. Nous sommes alors engagés avec une relation avec le Seigneur seul, mais à part ceci, nous ne pouvons rien faire d’autre ; et tout semble avoir pris fin. Il se peut même que toute communion avec le peuple de Dieu soit coupée et que tout ce qui était du Seigneur soit rendu à néant. Une telle situation est possible, car cela se passe déjà en de nombreux endroits. Nous nous trouvons alors dans une situation qui nous éprouve jusqu’à nos limites.
Maintenant, frères et sœurs, la seule chose qui nous préservera d’une telle situation, d’une telle fournaise, la seule chose qui nous sauvera, est la réalité de la vision du dessein éternel de Dieu ! Que fait Dieu ? Vers quel but œuvre-t-Il ? À moins que vous et moi ne soyons capables de répondre à ces questions par la révélation de l’Esprit Saint, nous sommes perdus, paralysés, anéantis. De surcroît, et pour des raisons pratiques, nous devons connaître et voir très clairement ces lois et ces principes que Dieu a pré-ordonnés et ordonnancés, par lesquels il accomplit son but. Et enfin, si nous aspirons à être vraiment expédients envers le Seigneur, si nous désirons porter témoignage et être utiles à autrui ; nous devons savoir avec une pleine certitude le pourquoi et le comment de ce qui est contradiction avec la pensée divine. Ces trois choses ensembles constituent ce qui est appelé dans les Écritures la vision, et là où elles font défaut, là où il n’y a pas de vision le peuple de Dieu court à sa perte.
D’abort, la vision se résout à la dynamique de la vie, c’est ce qui nous encourage à continuer ; elle est la force de nos cœurs. Ceci est particulièrement exemplifié dans les prophètes, prenons Jérémie comme exemple. De son propre point de vue, Jérémie devait faire face à une situation désespérée. Pour lui, son ministère était un véritable échec. Nous savons ce qui c’est passé de nombreuses années plus tard, et nous savons que des générations sont entrées dans la valeur de ce qu’il avait annoncé. Mais, lors de son vivant, et pour lui personnellement, son ministère fut vain et il le savait. Nous le voyons parfois se tourner vers le Seigneur et s’en prendre à Lui. À un point donné, il déclare à l’Éternel que ce dernier l’a trompé, et qu’Il le plaça dans un piège en l’appelant au ministère prophétique ; simplement parce qu’il réalisa que son service était voué à l’échec – et c’est ce qui se passa de son vivant. À un autre moment, il s’écria qu’il voulait s’enfuir de la situation dans laquelle il se trouvait, qu’il voulait s’éloigner de tout, vers un lieu désert, loin des hommes, loin de tout. Si seulement il avait pu s’enfuir de sa condition et des hommes, de ce qui lui semblait être auparavant une situation privilégiée. Mais, maintenant pourquoi veut-il s’enfuir ? Parce que la situation se présente comme désespérée ; parce que la réception des choses spirituelles est si lente, parce qu’il ne ressent aucune progression spirituelle, et beaucoup d’autres choses encore. Néanmoins, à travers toutes ces vicissitudes, tous ces changements, toutes ces différentes humeurs, Jérémie est un homme ayant un feu dévorant dans ses os, et bien qu’il était déterminé à ne plus continuer, il ne pouvait s’empêcher d’accomplir sa mission. Ce feu dévorant dans ses os est une autre expression de la vision que Dieu lui avait donnée. Cette vision maintint Jérémie à travers tous ces aléas. Elle le préservait dans la prison, dans la fosse, dans les persécutions, dans tous ces moments de désespoir. Et bien qu’aujourd’hui, il aille dans les profondeurs des ténèbres et dans le désespoir de son esprit, il ne pourra pas y demeurer. C’était une expérience qu’il devait vivre, mais il en sortit, et le feu brûlait toujours – la vision demeura jusqu’à la fin.
Chers amis, c’est ainsi que le dessein de Dieu doit nous affecter. Cela doit être bien au-dessus des circonstances environnantes, bien plus profond que nos affections, nos émotions et nos expériences émotives. Ce quelque chose doit surpasser nos dispositions naturelles, se révéler bien plus considérable que ce à quoi notre âme est sujette. Cela doit avoir la puissance de nous sortir de nos fosses et de nos prisons spirituelles, et nous stimuler pour aller sans cesse de l’avant. La vision spirituelle est la seule dynamique adéquate pour les temps dans lesquels nous nous trouvons, et ce sera de plus en plus le cas au fur et à mesure que nous nous approcherons de la fin. Tout, autour de nous, se désagrège, et dans ce monde de plus en plus corrompu, nous devrions être capables de dire : « J’ai vu le propos éternel de Dieu. Je sais ce que Dieu a en vue, je sais ce à quoi Il œuvre. » Avez-vous cette divine révélation en vous ? Il ne peut y avoir de test et de défi plus exigeant que ceci. Il ne nous servira strictement à rien d’avoir été enseigné à propos du dessein de Dieu, si cette chose ne fait pas partie de nous même ; si nous n’avons pas vu nous même ce qu’est le propos éternel de Dieu. Et nous devons l’avoir vu d’une façon telle que tout se qui peut se passer autour de nous n’affectera en rien notre vision. Nous devons avoir vu avec une assurance qui ne sera jamais ébranlée par les plus grands désespoirs, car il est évident que même les plus grands prophètes ont traversé des moments de désespoir profond. Mais, parce qu’ils avaient vu la vision, parce qu’ils avaient saisi et appréhendé le dessein de Dieu, ils ne demeurèrent pas dans ces vallées de l’ombre de la mort ; ils en sortirent et c’est ce feu dans leurs os qui les ramenère aux sommets. Avez-vous ce feu dans vos os ? Avez-vous cette vision du propos éternel de Dieu, née de l’œuvre révélatrice de l’Esprit Saint ?
Ainsi, la vision est la dynamique de nos vies. Grâces soient rendues à Dieu pour une telle puissance ! Si ce n’était pour cette vision, où en serait le peuple de Dieu aujourd’hui ? Personnellement, je ne sais pas où je serai si ce n’était pour cette vision, et j’ose espérer qu’il en est de même de mes lecteurs. Nous avons traversé des profondeurs de désespoir, et parfois il semblait que tout allait échouer et que nous étions arrivés au bout. Mais nous sommes passés à travers ces choses et sommes sortis de ces ténèbres maintes fois. Et qu’avons-nous trouvé au sortir de ces expériences ? Le feu de la vision, la vision d’entan est toujours présente ! Nous n’avons pas pu l’abandonner, elle n’a pas disparu. Peut-être avons-nous cru qu’elle n’était plu, et que nous aurions à changer notre façon de voir les choses et abandonner ce pour quoi nous avions combattu jusqu’alors. Mais non, cette chose est aussi présente et forte que jamais, et elle nous porte toujours plus en avant.
La vision n’est pas uniquement la dynamique de nos vies, mais elle est également la cohésion de la vie. Là où il n’y a pas de vision, le peuple se désagrège, se corrompt, sa cohésion se décompose ; et si nous désirons porter un témoignage d’une réelle valeur, nous devons avoir une unité de vision. C’est ici le fondement de l’Église. La fondation divine générale de l’Église c’est une révélation, une vision, c’est avoir vu le Seigneur. C’est là que l’Église a commencé, l’Église fut suscitée de par sa vision du Seigneur, haut et élevé, exalté à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. L’Église procéda et se mit en marche sur la base de cette vision, et elle le fit en un témoignage cohésif, comme un instrument uni. Ce qui est vrai de l’Église doit être vrai de la communion de tous les croyants.
Vous et moi ne tiendrons jamais ensemble sur la base d’accords, d’arrangements ou de compromis. Nous n’obtiendrons jamais l’unité par des accords doctrinaux, par des règles communes ; rien de cet ordre de chose objectif ne nous unira. Mais, si nous désirons être un témoignage collectif et un instrument corporatif efficace entre les mains du Seigneur, ce ne peut être réalisé que sur le fondement d’une vision commune, d’une révélation propre à chaque membre formant cet instrument. Si une telle vision est nécessaire pour nous préserver entier individuellement, combien plus est-elle nécessaire pour que nous préservions notre entité collective ; et c’est cela même qui s’avère être un réel test pour le peuple de Dieu aujourd’hui. Une telle vision du propos éternel de Dieu est vitale, et le Seigneur sait où en est son peuple présentement quant à cette chose. Et Il sait tout autant que tous ceux qui se réclament de Lui devront un jour ou l’autre faire face à cette question, rendre compte de son expression pratique.
Il y a, aujourd’hui, un éparpillement du peuple de Dieu physique et géographique. Certains pays sont sous l’emprise de dictatures, nous ne connaissons pas l’état de ces pays, mais je pense que nous pouvons dire que les situations ne sont pas comme elles devraient être parmi le peuple de Dieu : elles sont extrêmement difficiles. La communion et l’expression collective ont peut être cessé, c’est certainement le cas dans certains de ces pays. Maintenant, dans un tel état de chose, dans un tel délabrement extérieur des choses spirituelles, est-ce la fin de tout, ou bien il y aura t-il une cohésion spirituelle qui triomphera après coup ? Sera-t-il révélé que l’œuvre destructrice de Satan n’a pu toucher cette homogénéité spirituelle ? Demeure-t-il, dans les lieux invisibles à l’homme mais devant Dieu, un témoignage sur la terre, une cohésion du peuple de Dieu, une unité indéfectible que Satan n’a pu détruire ni même toucher, mais qui, au contraire, contribue à sa propre déroute ?
Frères et sœurs, la réponse à ces questions essentielles et cruciales, dépend de la vision ; de ce que nous avons vraiment vu. Je sais qu’il s’agit, tout d’abord, de voir le Seigneur, il en a toujours été ainsi et il en sera toujours de même : « Fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi. » Ce regard sera toujours essentiel afin de nous sauver de nos souffrances, car cette exaltation est liée aux souffrances. Ceci est indiqué dans ce qui suit : « A cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, est assis à la droite du trône de Dieu ». C’est ici une parole pour nous aider dans nos souffrances, mais dans notre témoignage nous devons voir le propos de Dieu et comment Dieu réalise ce propos. C’est le coté extérieur, le coté pratique. Le regard en haut est directement lié à ce que nous vivons intérieurement dans la souffrance, et notre vision du dessein de Dieu est liée à notre témoignage envers les autres dans nos jours de souffrances, de difficultés, d’adversités. La vision est la cohésion de la vie, et quoi qu’il arrive, que l’issue démontre et prouve que nous avons effectivement vu ; non pas que nous avons entendu ou lu un enseignement, mais que nous avons vu.
La vision exige une chose, sinon elle ne peut pas être : elle ne pourra nous sauver, ne pourra porter du fruit, ne pourra accomplir son oeuvre, tant que nous serons au premier plan. La vision requiert l’absolue élimination du Moi. Si vous ou moi voulons nous imposer dans la vision, nous la rendrons inopérante et inefficace. Nous devons prendre notre place aux cotés de Jérémie. Imaginez dire au prophète : « Tu peux prophétiser, tu peux implorer, tu peux t’attrister, tu peux souffrir intensément jusqu’à la fin de tes jours ; mais tu n’en verras jamais aucun fruit ! Maintenant Jérémie, que vas-tu faire ? » C’est ici le test, Jérémie était promis à un échec, son ministère était voué à être le plus impopulaire de son temps : personne ne l’écouta et après de nombreuses années des pires souffrances, tout ce qu’il pouvait espérer voir était l’accomplissement de ses prophéties les plus sombres. Et quant au fruit de son ministère envers l’Éternel, il n’en vit jamais aucun ! Si Jérémie avait pris position pour sa propre justification et celle de son ministère, s’il s’était imposé dans le propos de Dieu, s’il avait pris une place centrale dans l’accomplissement de la volonté divine, il n’aurait pas pu supporter son fardeau. Il est excessivement difficile d’adopter et de conserver ce genre d’attitude, car il est possible que nous ne voyions pas le fruit de notre appel. Tout ce pour quoi nous avons souffert, ce pour quoi nous avons pris position, notre témoignage, ne portera peut être pas de fruit pendant notre vie. Bien qu’il y aura du fruit un jour, selon la fidélité du Seigneur, nous-mêmes demeurerons impopulaires et discrédités. C’est ici le test du Moi par rapport à la vision – c’est une épreuve considérable.
Nous devons faire face à cette épreuve maintenant. Sommes-nous prêts à aller jusqu’au bout des choses, sans raisonner quoi que ce soit, étant simplement fidèles, et peut être même mourir sans en avoir aucune connaissance d’un quelconque résultat ? Sommes-nous prêts, sachant que si nous avions pris quelque autre voie que ce soit, nous aurions mis en péril ce à quoi nous avions été appelés, et aurions enfreint à ce qui était cher au Seigneur en nous ? Sommes-nous prêts à ne rien voir du fruit de notre labeur, à n’avoir aucune place de choix, à n’avoir aucune reconnaissance et à demeurer fidèle ? Voyez-vous la vision de Dieu – la vraie vision – a de grandes exigences, elle nous demande beaucoup. La véritable vision est une chose des plus exigeantes. Pour la plupart des chrétiens, surtout les plus jeunes, le mot « vision » signifie qu’ils sont au centre des intérêts de Dieu. Ils supposent qu’ils doivent participer d’eux-mêmes à l’accomplissement des agissements divins. Ce n’est pas du tout le cas – la vision de Dieu exige l’élimination du Moi.
Prenons l’exemple du Seigneur Jésus. Qu’avait-il à démontrer de sa vie ici-bas ? Voyez l’apôtre Paul en prison, après une longue vie de service et de souffrances, ses convertis, qui lui devaient tout ce qu’ils étaient spirituellement, se détournèrent de lui ; les assemblées dont il avait été l’instrument fondateur, le rejetèrent ; il demeurait un homme esseulé en prison. Était-il un homme de vision ? Le Seigneur Jésus était-il un Homme de vision ? Avaient-ils raison ? S’il y a avait eu, en ce qui les concernait, la moindre place pour le Moi en eux, ils auraient échoué ; ils n’auraient pas pu mener à bien ni leur mission ni leur ministère. À chaque instant ils auraient été dans la controverse avec le Père. Jamais ils ne se sont dit : « Où donc est ma place dans cette situation ? » N’était-ce pas là l’objet même de la tentation du Seigneur par Satan au début de son ministère ? N’était-ce pas ici l’essence même de sa victoire sur l’ennemi lorsqu’il prit cette position. Les royaumes de ce monde et leurs gloires, oui, mais par la croix ; par la voie de la souffrance, par le moyen du chemin impopulaire, par le biais de la répudiation par les hommes. S’il avait tenu personnellement une place prépondérante dans ce plan de Dieu, il n’aurait pas été au bout. Ainsi, que le Seigneur nous préserve et nous épargne de tout intérêt personnel dans les choses divines, cet égocentrisme qui détruit la vision et qui nous mènera indubitablement à la déperdition spirituelle.
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