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Les Grandes Vérités et Leur Lois

par T. Austin-Sparks

Publié pour la première fois par « Witness and Testimony Publishers » 1935. Source : « We Beheld His Glory Volume 1 - Chapitre 3 ». (Traduit par Didier Lebeau)

Lecture : Jean 3 :1-9

Dès que nous ouvrons le troisième chapitre de l'évangile selon Jean, nous nous trouvons en présence de quelque chose qui demande toute notre considération : Les grandes vérités et leur lois.

Toute Vérité Divine est Gouvernée par une Loi

Il est très important que nous nous rappelions toujours que toute vérité divine est liée à ses lois, et qu'elle ne peut être appropriée que par l'obéissance à ces lois. J'aimerais que nous nous arrêtions pour donner à l'importance capitale de ce fait toute l'attention qui lui est due.

Trois Points à Noter au Sujet de ces Lois

1. Dieu les maintient

Il y a trois choses qui doivent être relevées et qui font partie de cette affirmation générale. La première, c'est que Dieu maintient ces lois, et qu'Il veille Lui-même à ce qu'elles gouvernent chaque mouvement vers une vérité nouvelle, bien qu'elles puissent ne pas être toujours comprises aussitôt. En d'autres termes, nous n'entrons de manière vivante dans une vérité que par l'obéissance aux lois qui la gouvernent ou qui lui sont fondamentales. Dieu veille à cela. Les expériences par lesquelles nous passons pour entrer dans une vérité sont les moyens dont Dieu se sert pour établir les lois relatives à cette vérité. Nous ne comprenons pas toujours ce que Dieu fait, ni pourquoi Il nous conduit ou nous traite comme Il le fait; Il agit avec nous de manière à nous faire non seulement entrer dans la vérité, mais à nous y faire entrer selon les lois qui gouvernent cette vérité. Nous ne comprenons pas toujours ces lois au moment où elles s'accomplissent; mais jamais Dieu ne les met de côté; jamais ne les néglige; jamais Il ne permet que nous entrions de façon vivante dans la vérité en dehors d'elles.

2. Le danger d'une vérité saisie sans ses lois

Le second point, c'est que la vérité, lorsqu'elle est saisie sans que sa loi s'accomplisse (ce qui est une chose tout à fait possible), conduit à un état instable, à une fausse position, et qu'elle agit alors contre ceux qui l'ont saisie plutôt que pour eux. Ou bien ceux-ci devront être brisés pour être amenés spirituellement en accord et en conformité avec la vérité, ou bien ils devront l'abandonner. (J'aimerais être certain que vous compreniez bien ce que je veux dire; vous me permettrez donc de me répéter). Voici, en d'autres termes, ce que je viens de dire. Il est possible de saisir une vérité sans se conformer aux lois divines qui la gouvernent ; or prendre, ou saisir, ou tenir la vérité sans se conformer à ses lois essentielles, c'est se mettre dans une fausse position. Nous avons accédé par quelque autre moyen, nous ne sommes pas entrés par la porte. Nous pensons être dans la vérité parce que nous l'avons saisie, mais nous y sommes sur une base entièrement fausse. Nous ne sommes pas arrivés à la vérité par la porte, qui est la vie; nous avons reçu la vérité par quelque autre voie, par quelque autre moyen, et sans avoir la vie. Nous sommes dans une fausse position. Nous avons reçu la vérité sans la vie ; c'est pourquoi nous sommes instables, et c'est pourquoi la vérité agira contre nous. Nous verrons qu'elle ne nous soutient pas, mais qu'elle nous renverse plutôt, et il arrivera pour finir, ou bien que nous serons brisés pour être ajustés à cette vérité, puisque nous sommes entrés en elle, ou bien que nous l'abandonnerons comme une chose qui n'a pas de valeur pour nous. Nous la laisserons en déclarant qu'elle ne tient pas.

3. La compréhension peut venir après l’expérience

Le troisième point. Il est possible d'avoir une expérience pure et véritable de la vérité, sans avoir en même temps une pleine compréhension de ses lois, bien entendu si notre esprit est pur et notre cœur honnête. Il y en a beaucoup qui vivent dans la bénédiction d'une vérité qu'ils ne comprennent pas, qui vivent dans l'expérience d'une vérité qu'ils ne pourraient jamais définir. Ils ne pourraient jamais expliquer les lois qui gouvernent leur bénédiction et leur expérience, et ils ont cependant une véritable et pure expérience de la vérité. Mais le Seigneur ne s'arrêtera pas là; Sa volonté est de nous amener tous à une conception intelligente de la vérité. Quelque chose est ajouté par la compréhension, quelque chose est ajouté à la jouissance, à l'appréciation et à la puissance, pour ceux qui ont fait une expérience; et quelque chose aussi est ajouté pour le Seigneur, car Il aura un instrument plus utile pour la cause de la vérité. C'est d'un côté un grand jour pour nous, lorsque notre expérience nous est expliquée et que nous pouvons dire : « J'ai possédé cela, mais ne l'avais jamais compris; et maintenant je comprends tout ce que cela signifie ». Il y a eu quelque chose d'ajouté. Et c'est aussi un grand jour pour le Seigneur, lorsque Ses enfants non seulement jouissent d'une expérience, mais qu'ils ont la compréhension qui leur permettra de servir d'une manière intelligente. La doctrine dans le Nouveau Testament généralement suit l'histoire, une histoire produite par certaines vérités. Certaines vérités ont été proclamées; ces vérités ont été saisies, acceptées par la foi, et l'histoire a commencé. Si vous désirez remplacer le mot « histoire » par « expérience », vous pouvez le faire; mais le mot « expérience » a un sens personnel, tandis que « histoire » a un sens plus général. Je me transporte dans le domaine du Livre des Actes, avec les mouvements, les développements, les marches et les arrêts.

Toute cette histoire était le résultat de certains faits qui avaient été saisis par la foi. Une histoire avait été causée par ces vérités. Mais l'histoire n'est pas une fin; la doctrine viendra ensuite pour expliquer l'histoire. Les Actes ont précédé les Épîtres. Les Épîtres ont été écrites pour expliquer l'expérience, l'histoire. Quelle est la signification de ceci, de cela et encore de cette autre chose ? La réponse est donnée dans la doctrine.

Cela n'est cependant pas une simple question de technique. C'est quelque chose d'une importance très grande, et qui nous conduit tout naturellement à des exemples concrets. J'aimerais que nous voyons bien l'ordre des choses. La vérité, tout en n'étant pas comprise dans toute sa plénitude, mais considérée cependant comme une vérité et saisie par la foi, dans un esprit pur et un cœur honnête, a produit une histoire; le Seigneur cependant ne veut pas qu'elle s'arrête là, et Il donne plus tard une grande révélation qui est devenue un enseignement, ou la doctrine de cette histoire. Ce n'est pas sur la base d'une doctrine systématique et d'ordre religieuse que, dans le Livre des Actes, l'Église se développa, agit, marcha et s'arrêta. Elle se développa spontanément ; mais nous avons ensuite l'explication de cette histoire et nous avons un ordre spirituel de la doctrine de l'Église, un ordre né de l'histoire, d'une histoire produite par des vérités acceptées par la foi et dans un esprit pur. Si cet ordre avait toujours été maintenu, nous aurions aujourd'hui une situation très différente de celle qui existe. Nous commençons par un système ecclésiastique et de politique d'Église, et nous tentons de l'appliquer pour en faire ressortir la vie. L'ordre du Nouveau Testament est juste l'opposé : c’est la vie, l’histoire et, plus tard, l’explication.

Il ne suffit pas de dire: « Nous avons l'expérience, la doctrine importe peu ». Beaucoup parlent ainsi. Mais c'est annoncer une expérience plutôt que la vérité, ce qui est toujours une chose dangereuse, et c'est faire d'une expérience quelque chose qui, pour l'auditeur, n'a pas de fondement dans la Parole de Dieu. « Arrivez à notre expérience! » Cela peut être un danger terrible. Lorsque Pierre déclara ce qui est écrit par lui dans sa première lettre : « Soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous .», il employa, pour le mot « raison » qui est le mot « logos » ; ce que Pierre dit effectivement était ceci: « Soyez prêts à rendre compte de manière intelligente, à faire un exposé clair, un développement logique de l'espérance qui est en vous ». C'est un don de pouvoir faire un exposé logique, un développement, une présentation, de rendre compte de ce qui est en nous.

Je pense que cela suffit pour approcher cette question des grandes vérités et de leurs lois. Nous pouvons maintenant passer à la considération de la première de ces grandes vérités et de ses lois, que nous trouvons dans l'évangile selon Jean. « Si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. », Jean 3 :3

La première grande vérité : le Royaume de Dieu

Au chapitre troisième de l'évangile selon Jean, la vérité est annoncée dans les versets trois et cinq :

« Si quelqu’un n’est né de nouveau (d'en-haut), il ne peut voir le royaume de Dieu. »

« Si quelqu’un n’est né d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. »

Nous devons nous rappeler qu'il y a ici une grande doctrine : le Royaume de Dieu. C'était quelque chose qui devait être annoncé. C'était un objet qui devait être présenté. C'était quelque chose qui devait prendre possession des intérêts et des désirs des hommes. C'est pourquoi, si étrange que cela puisse paraître, – et peut-être serez-vous étonnés de l’entendre – naître de nouveau n'est pas la première chose. C'est le Royaume de Dieu qui est la première chose. Vous n'aurez aucun intérêt à naître de nouveau, si vous n'avez pas d'intérêt pour le Royaume de Dieu. Il faut avant tout que vous soyez mis en présence du Royaume de Dieu, pour être amené à la place où vous serez préoccupé par la nécessité de naître de nouveau; il faut que le Royaume vous intéresse. Les disciples et les apôtres prêchaient donc le Royaume de Dieu, terme synonyme, pris dans un sens général, du Royaume des Cieux, ce sont des expressions qui se succèdent alternativement pour désigner une seule et même chose. Ils devaient prêcher le Royaume de Dieu, ou le Royaume des Cieux. Ce fut ce que Paul lui-même prêcha jusqu'à la fin de son emprisonnement à Rome, nous est-il dit au chapitre vingt-huit du livre des Actes.

Qu'est-ce donc que le Royaume de Dieu ? Ce n'est pas simplement un royaume, mais un état. Ce n'est pas simplement un ordre de choses extérieures, mais un état de vie intérieure :

« Car le royaume de Dieu n'est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l'Esprit Saint. »
Romains 14 :17

« Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à attirer l'attention. »
Luc 17 :20

Ce n'est pas un système qui est imposé premièrement du dehors, mais c'est quelque chose dont la nature est céleste et de Dieu. Si c'est un royaume, et c'en est un, c'est un royaume qui est obtenu par un certain état; et avant d'entrer dans le royaume, il faut entrer dans l'état. Le Royaume de Dieu est ce qui, par nature, appartient à Dieu; c'est, en un mot, la nature de Dieu, la ressemblance de Dieu, le résumé de ce qui est divin ; c'est le Royaume de Dieu. Rien de ce qui n'est pas de Dieu ne peut entrer dans ce Royaume. Cela est une déclaration très vaste et très absolue. Nous y reviendrons dans un instant. Ces quelques mots sont simplement pour dire ce qu'il est et ce qu'il n'est pas.

La loi du Royaume de Dieu

Deuxièmement, quelle est sa loi ? Sa loi, c'est la naissance d'en-haut. « Si quelqu’un n’est né... » - « gennethei » signifie « conçu d'en-haut ». C'est quelque chose de plus absolu que notre conception de la naissance. Pour nous la naissance est la consommation d'un processus. Ceci n'est pas la consommation d'un processus, c'est l'acte originel. Le même mot est traduit quelquefois par « engendré ». Produit d'en-haut. Nous nous trouvons donc à cet égard en présence de trois choses. Premièrement, la différence fondamentale ; deuxièmement, l'essence ; et troisièmement, la base.


La Nouvelle Naissance : Une Différence Fondamentale

Premièrement, la différence fondamentale :

« Ce qui est né de la chair est chair; et ce qui est né de l'Esprit est esprit. », Jean 3 :6

Je désire mettre l'accent sur ce que j'ai appelé ailleurs « l'autre nature » de la nouvelle naissance. Cette « autre nature» est, en l'enfant de Dieu, la plus grande réalité, à travers toute son expérience. C'est avant tout une « autre nature », quant à l'existence, c'est-à-dire à l'entité. C'est quelque chose qui est étroitement lié à nous, et qui est cependant entièrement distinct de nous. Il y a de nos jours une maladie dont souffrent beaucoup de gens et que l'on appelle neurasthénie. L'un des traits de cette maladie, c'est la conscience de personnalités secondaires, c'est-à-dire que sans cesse le malade est conscient de quelque présence étrange et invisible, ordinairement mauvaise et sombre, qui se tient tout près de lui, le suit, l'obsède, l'influence, qui quelquefois s'insinue et inspire, quelque chose de très réel et de terrible. A mesure que cette maladie se développe et progresse, cette personnalité secondaire semble de plus en plus devenir celle du malade même; et celui qui a eu des habitudes religieuses va souvent jusqu'à accepter l'idée d'une possession satanique et à croire qu'il est, en réalité, un démon incarné. Je me sers de cet exemple comme d'une illustration; je sais que c'est présenter la chose du mauvais côté et sur un niveau très bas. Mais il y a dans la nouvelle naissance cette « autre nature » qui n'est pas nous, tout en étant étroitement liée à nous, et qui est d'en-haut ; cela est la plus grande réalité pour le vrai enfant de Dieu, et ceci durera jusqu'au bout. Par nature, je suis une chose, mais ceci en est une autre. Je voudrais aller d'un côté, mais ma nouvelle nature ne veut pas y aller. Je voudrais dire une certaine chose, mais elle n’y consent pas et retient cette parole. Je voudrais suivre une certaine voie, mais cette nouvelle nature m'avertit qu'Il ne l'approuve pas. C'est une chose très difficile à définir et à expliquer, mais c'est une chose très réelle. Cette « autre nature » est pour nous la base et l'espérance de tout.

Le premier point est donc la distinction de nature. C'est nous, et cependant ce n'est pas nous; nous savons que très souvent ces deux natures agissent en nous séparément, et qu'elles ne sont pas d'accord. J'ai trouvé un jour une expression technique pour essayer de décrire cela, ne nous troublons pas si nous ne pouvons pas en saisir le sens, et je l'ai appelé le subjectif-objectif. C'est quelque chose qui est en moi et qui est cependant distinct, différent de moi par nature. Vous voyez l'importance de ce terme technique même. (J'aimerais dire ici que je ne cherche pas à présenter une quantité de choses techniques. Ce que je désire, c'est parvenir à la racine des choses avec vous. Je ne pense jamais à une chose en dehors des limites de sa valeur pratique, et je ne cherche à arriver à la valeur pratique des choses que pour le peuple du Seigneur. Ne pensez pas à ceci comme à des idées que j'aurais recueillies et que je cherche à vous transmettre. Ce que je désire, c'est que nous arrivions à leur valeur réelle).

Deuxièmement, c'est une essence qui est absolument différente de nous, non seulement par son existence et par son entité, mais par sa constitution, par sa nature, par son apparence; elle est constituée différemment. Cette différence de constitution est si complète et si radicale qu'elle contredit très souvent nos idées, nos pensées et nos jugements les meilleurs et les plus élevés.

Les diverses nationalités ont des conceptions diverses. Lorsque des personnes d'autres nationalités viennent dans notre pays ou que nous allons dans leurs pays, nous découvrons qu'elles font des choses auxquelles nous n'aurions jamais songé, et que nous faisons des choses qu'elles n'auraient jamais faites; les choses accomplies représentent une conception et un idéal absolument différents. Nous dirions: « Cela ne se fait pas chez nous ; faire cela dans notre pays, ce serait donner lieu à quelque scandale; il n'en est pas de même chez vous, où c'est chose acceptée ». Ils parleraient peut-être de même au sujet de beaucoup de choses admises chez nous. Prenons par exemple la question de la langue; les mêmes mots peuvent signifier dans des pays divers des choses entièrement différentes. Nous avons en Angleterre une haute opinion de notre mot délicieux « homely » (confortable, intime, hospitalier). Si vous employez ce mot en Amérique en parlant de certaines choses, vous vous attirerez des regards sévères. Nous pensons faire le plus grand des compliments à une dame en Angleterre en disant qu'elle est « homely » (femme d'intérieur, hospitalière). Parler ainsi d'une femme en Amérique, cela signifiera qu'elle est très simple et même vulgaire. Il y a là une différence totale de conception.

C'est dans ce sens-là que cette « autre nature » est différente de notre conception, de nos idées, de nos jugements, de notre idéal; ce qu'il y a de plus élevé, de meilleur en nous, est souvent accusé par cette « autre nature ». C'est une « Autre Nature » par sa constitution. Pour exprimer cela en un mot, Dieu est différent de nous, si bons que nous soyons. Une rupture s'est produite, et l'on ne peut pas parler de la continuité de Dieu dans la race déchue. On parle beaucoup de cette continuité de Dieu dans la race déchue, dans l'homme. On aime à répéter, dans certains domaines, que Dieu se trouve dans chaque homme. On aime à dire que Christ est en nous. Cependant, il y a eu une rupture; Dieu n'habite pas dans l'homme naturel, et Christ n'est pas présent en lui. Dieu est différent de l'homme, et l’est aussi absolument qu'il est possible de l'être. Et ceci de telle manière que Dieu, plutôt que de faire un pas ou de dire une parole pour se sauver ou se délivrer Lui-même dans cette création, la voue tout entière à la destruction. Dieu n’effectuerait pas une telle destruction s'Il était dans cette création, car Il se condamnerait ainsi Lui-même à la destruction. Si la Croix du Seigneur Jésus Christ est une chose représentative, dans laquelle la race tout entière est détruite par la Main de Dieu, Dieu se frapperait Lui-même, s'Il se trouvait dans la race. La race est si complètement sans Dieu, que Dieu ne veut pas la sauver telle qu'elle est. Non, car il y a eu rupture; la continuité a cessé. Il y a l'« Autre Nature ».

Nous avons parlé jusqu'ici de manière plutôt impersonnelle ; nous devons maintenant passer à ce qui est personnel et dire que l'essence de la nouvelle naissance, c'est Dieu, en Christ, qui entre en nous par le Saint Esprit. C'est Dieu Lui-même qui, en Christ et par le Saint Esprit, entre là où Il n'était pas. Dieu n'est pas dans l'homme naturel. Le Saint Esprit n'est pas dans l'homme naturel. « Le Christ qui se trouve en tout homme », - cette phrase que nous entendons si souvent, n’est qu’une phrase qui rend Christ impersonnel et qui présente Christ comme quelque chose. Mais la nouvelle naissance est une venue et non pas un réveil. C'est aussi distinctement et aussi définitivement une venue que la naissance du Seigneur Jésus Christ à Bethlehem. Sa naissance ne fut pas une évolution, et elle ne fut pas non plus un réveil; ce fut une venue. Le réveil n'est pas pour ceux qui ne sont pas sauvés; c'est la nouvelle naissance qui est pour ceux qui ne sont pas sauvés. Le réveil est pour ceux qui sont sauvés, mais dont la vie est devenue stagnante, ou bien affaiblie. La nouvelle naissance est l'acte défini par lequel le Seigneur, différent de ce que nous sommes, entre en nous et y fait Sa résidence, comme Seigneur. Rappelons-nous ce que le Seigneur Jésus dit au sujet du Royaume et de sa venue :

« En vérité, je vous dis, que de ceux qui sont ici présents, il y en a quelques-uns qui ne goûteront point la mort jusqu'à ce qu'ils aient vu le royaume de Dieu venu avec puissance. », Marc 9 :1

Quand cela eut-il lieu ? Le premier mouvement se fit sur la Montagne de la Transfiguration, le second mouvement au jour de la Pentecôte. Le Royaume vint au jour de la Pentecôte. Mais qu'est-ce que la Pentecôte ? La venue de l'Esprit. Et qu'est-ce que la venue de l'Esprit ? L'établissement de l'Esprit dans l'Église. Ce fut une venue. Tout avait été, jusqu'à ce moment-là, arrêté par l'ordre divin. Toute la vérité avait été saisie; mais si les disciples étaient allés prêcher la vérité au sujet de la Pentecôte avant de l'avoir vécue, ils se seraient trouvés dans une fausse position, dans un état instable ; il y aurait eu inconsistance de leur part, et cette vérité serait retombée sur eux pour les briser, au lieu d'agir pour eux. La Pentecôte, la venue de l'Esprit, ce fut l'arrivée de l'Esprit de Dieu dans l'Église. Il y avait eu avant cela des signes précurseurs et des indications; les principes en avaient été déjà clairement marqués et bien définis. Il y avait eu une période transitoire dans laquelle tout était en mouvement, mais l'accomplissement définitif n'eut lieu qu'à la Pentecôte. Je veux dire que la Chambre Haute était de manière représentative l'Église dans son existence, et lorsque le Seigneur souffla sur les disciples en leur disant, « Recevez le Saint Esprit », l'Église fut constituée en figure par le Saint Esprit ; mais il ne lui fut pas encore permis de se mouvoir, et elle ne put pas encore fonctionner. Tout fut arrêté, pour un temps d'épreuve, jusqu'à la venue de l'Esprit, qui donna à toutes choses leur valeur. La loi du Royaume est donc la naissance d'en-haut, qui est la venue de Dieu, en Christ, par l'Esprit, dans notre esprit, et qui constitue en nous une « Autre Nature », qui doit être notre vie véritable jusqu'à la fin.

Ceux d'entre nous, qui ont un entendement, une compréhension et une connaissance spirituels, savent combien réelle est cette « Autre Nature ». C'est la chose sur laquelle nous sommes peut-être revenus sans cesse, comme sur le dernier mot d'un argument, ou sur laquelle nous avons lutté contre nous-mêmes pour notre propre vie chrétienne. Car il y a des moments où, en raison de certaines conditions ou de diverses circonstances, d'épreuves, de difficultés, de temps d'expériences sombres, l'ennemi nous accule dans une impasse et nous amène à douter de tout, de la réalité de notre propre expérience, de la réalité de notre propre salut. Quel est notre dernier mot dans une épreuve de ce genre ? Pour ce qui me concerne, le dernier mot a été très souvent: « Quel que je sois, ou quel que je ne sois pas, cette « Autre Nature » est la réalité la plus grande que je connaisse ». Je sais par expérience que, alors que certaines choses étaient absolument impossibles pour moi, spirituellement, mentalement et physiquement, cette « Autre Nature » est venue à mon secours et les a accomplies. Je sais que mon expérience n'est pas le produit de mon propre génie; je sais que le travail que j'ai fait n'est pas le résultat de mes propres capacités. Je sais parfaitement combien je suis limité; mais je sais qu'il y a toute une histoire qui ne peut être attribuée à rien de ce qui m'est personnel. Je le sais, lorsque chaque fibre de mon être, dans ce qu'il est de meilleur, plaide dans une certaine direction, et que cette « Autre Nature » ne veut pas me suivre et arrive à me persuader dans le sens opposé, et lorsque le résultat prouve que cette « Autre Nature » avait raison et que tout ce qu'il y a de meilleur en moi avait tort. Qu'est-ce donc que cette « Autre Nature » ? C'est le Seigneur l'Esprit. C'est là l'essence même de la naissance d'en-haut, le Seigneur Lui-même. Il n'est pas comme nous sommes – Il est tout autre.

La Nouvelle Naissance : Son Fondement

Troisièmement, la base de la nouvelle naissance, c'est l'acceptation de la fin du pouvoir de la vieille naissance. Car, en tout ce qui concerne le Royaume de Dieu et ce qui lui est lié : le caractère et la conduite, l'être et le faire, la connaissance, la compréhension et la fonction, la naissance naturelle n'a absolument aucun pouvoir; elle ne peut nous y amener. Nous ne pouvons pas, par notre propre nature, voir le Royaume de Dieu. Placés même sur le niveau élevé des capacités religieuses, intellectuelles et morales d'un Nicodème, nous ne pouvons voir le Royaume de Dieu, ni par ce que nous sommes de meilleur par nature, ni par aucune habilité humaine. Je sais bien que, pour beaucoup d'entre nous, les choses que j'affirme sont familières; mais ayons patience; il est très important que nous prenions les choses par le commencement, bien que nous les connaissions, et que nous nous appuyions sur elles avec force. Il n'a pas été clairement établi pourquoi le Seigneur Jésus a changé les termes de Sa réponse à Nicodème, au verset cinq par rapport au verset trois. Une chose est claire, c'est que Nicodème n'avait pas compris adéquatement la déclaration du Seigneur. Il avait saisi la signification que la plupart de nos versions semblent suggérer: « Il faut naître de nouveau ». Cela lui donna une idée entièrement différente de celle de naître d'en-haut. Le mot grec qui est employé permet cette conception et cette compréhension; le même mot est, en effet, employé ailleurs avec le sens de « de nouveau », « une seconde fois ». Nicodème s'arrêta simplement Sur cet aspect particulier du mot, et accepta la déclaration du Seigneur dans le sens d'une naissance répétée. Le Seigneur, en changeant les termes de Sa réponse, voulut évidemment lui montrer son erreur de conception et de compréhension; c'est là la seule manière par laquelle nous puissions expliquer ce qu'Il entend dans Sa seconde déclaration : « Si quelqu’un n’est né d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » Jean 3 :5

Quelques-uns pensent cependant que le Seigneur, en employant le mot « eau », désignait la Parole de Dieu. D'autres, et je pense que ceux-ci sont beaucoup plus nombreux, affirment que ce mot s'applique au baptême. Le mot grec signifie ici : « né de l'eau et de l'Esprit ». Si c'est dans ce sens que le Seigneur en fit usage, cela touche immédiatement à ce que nous déclarions plus haut; mais que le Seigneur ait en vue le baptême et l'Esprit ou pas, le principe ne se dément pas. Naître d'en-haut, en opposition à la position d'un Nicodème, cela veut dire qu'une histoire est entièrement terminée, et qu'une autre, une histoire entièrement différente, en est à son commencement. C'est pourquoi le principe reste le même; car, s'il est question du baptême, le baptême est un symbole de la mort de la vieille création, une mort et un ensevelissement, par lequel tout un système, un ordre et une création sont mis de côté, hors du regard de Dieu: crucifiés avec Christ, ensevelis avec Christ et, naturellement, ressuscités avec Christ. C'est notre acceptation de la fin des pouvoirs de la vieille naissance. Nous ne mettons pas une fin à ces pouvoirs, cela a été fait depuis longtemps, et Dieu le voit et le déclare. La naissance d'en-haut présuppose et affirme le fait que cette vieille naissance, dans ce qu'elle est de meilleur, ne pourra jamais ni voir le Royaume de Dieu, ni y entrer; c'est pourquoi elle est vaine et inutile. Vous et moi, nous n'entrerons jamais dans le Royaume de Dieu, à moins que Dieu ne soit entré en nous par une nouvelle naissance; c'est dans ce sens que nous sommes nés d'en-haut; c'est un acte de Dieu, par le Saint-Esprit.

« Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. », Jean 3 :8

« Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit. », Jean 3 :6

La nouvelle naissance signifie que, par un acte de Dieu dans le Saint Esprit, nous sommes devenus spirituels, dans ce sens que nous correspondons entièrement au Royaume de Dieu dans sa nature spirituelle. C'est une conformation à Dieu.

« Dieu est esprit; et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité. », Jean 4 :24

Je pense que nous voyons maintenant pourquoi le Seigneur a immédiatement, et de manière si particulière et si inaccoutumé, arrêté Nicodème par un impératif. Nicodème commence son entretien, je ne sais si c'est avec un ton protecteur ou d'une manière quelque peu hautaine :

« Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n'est avec lui. », Jean 3 :2

Et le Seigneur l'interrompt :

« En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu. », Jean 3 :3

Quel est le rapport ? Il semble qu'il n’y ait aucun lien, ni même que la réponse soit à propos. C'est une terrible interruption de la part du Seigneur, qui arrête l'entretien en disant en réalité : « N'allons pas plus loin; il faut naître d'en-haut pour pouvoir discuter les choses spirituelles. Si tu es venu pour parler du Royaume de Dieu et pour savoir comment y entrer, il faut que tu naisses d'en-haut. Si tu as de l'intérêt pour Moi et pour ce que Je représente, ton intérêt et ta compréhension ne peuvent être vivants que si tu nais d'en-haut ». Vous le voyez, le Seigneur montre immédiatement le but que Nicodème avait sans doute dans sa pensée, et Il l'établit dès le commencement par un impératif en disant en fait: « Vois-tu, Nicodème, il ne sert à rien que, toi et Moi, nous discutions de ces choses, car nous nous trouvons dans deux domaines différents; il faut que nous soyons dans le même royaume pour avoir la compréhension et l'appréciation de ces choses. Moi, Je suis d'en-haut ; il faut que tu sois d'en-haut, Nicodème, pour être en communion avec Moi. Nous ne pouvons nous entretenir de ces choses tandis que tu es dans un monde et Moi dans un autre. Il faut que tu passes dans le Royaume où Je suis, et il y aura alors communion et compréhension entre nous, car cela signifiera que tu as de nouvelles capacités, une nouvelle conscience. Tu pourras entrer dans ces choses avec une faculté spirituelle ; chose absolument impossible, bien que tu sois un maître en Israël, avant que tu ne sois né d'en-haut ». Cet impératif, ce « il faut », entraîne avec lui toute la somme de l'impossibilité absolue qu'il y a pour l'homme naturel, même dans ce qu'il est de meilleur, d'entrer dans les choses du Royaume de Dieu, et en même temps, du côté positif, la somme infinie de ce que c'est que d'être dans le Royaume de Dieu. C'est avoir, résidant en nous par la naissance, ce qui est de Dieu, la faculté divine, la conscience divine, la compréhension et l'intelligence divines, et tout ce qui appartient à Dieu, à l'exception de Sa divinité.

Ce qui pour moi est le miracle de la vie chrétienne, c'est la réalité de ce que j'ai appelé l’« Autre Nature ». La réalité, subjective et objective, d'Un Autre qui est si intimement lié à moi. En moi, mais pas moi, et cependant aussi près de moi, de ma conscience, qu'il est possible de l'être. C'est cela le fondement de toute notre espérance et de toute notre confiance; c'est la Source de toutes choses pour l’ultime réalisation de notre conformité au Fils de Dieu.

« Christ en vous l'espérance de la gloire. », Colossiens 1 :27

Nous verrons, dans le chapitre suivant, la puissante illustration par laquelle le Seigneur appuya Sa déclaration au sujet de la nouvelle naissance et de sa nécessité absolue.


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