par
T. Austin-Sparks
Publié pour la première fois dans le magazine « Toward the Mark » Jan-Fév 1972, Vol. 1-1. Source : « The Great Prize ». (Traduit par Didier Lebeau)
L’épître aux Philippiens commence avec cette déclaration de Paul : « Car pour moi, vivre c’est Christ. » Paul exprime ensuite son ambition de connaître le Seigneur de mieux en mieux, sa détermination à rechercher cette connaissance tel un trésor de grande valeur. Afin de savoir ce qu’implique le fait de « gagner Christ », lisons Romains 8 :29. Nous y voyons que l’intention de Dieu est de nous rendre conformes à l’image de Son Fils. Etre rendu conforme c’est « gagner Christ », là est le prix. Ceci demande de parvenir à la plénitude de Christ sur le plan de la perfection morale. Cette perfection sera la gloire dans laquelle les fils de Dieu seront manifestés. Le but et le prix de la vie chrétienne se résument à devenir moralement et spirituellement Un avec Christ dans Sa place d’exaltation. Nous ferions bien de garder en vue cette fin glorieuse : « la révélation des Fils de Dieu. »
Lorsque Paul parlait de gagner Christ et de chercher à atteindre le prix, il exprimait son attente intense d’être rendu conforme à l’image du Fils de Dieu. Cet accomplissement – qui est l’issue du salut – constitue le but de Dieu dans le salut : c’est, à n’en point douter, un objectif que nous avons besoin de poursuivre. Nous n’avons pas besoin de gagner le salut, cela est clair ; nous n’avons nul besoin de tout perdre afin d’obtenir le salut. Nous sommes sauvés par la foi et non pas par les œuvres. Le salut n’est pas un prix à remporter : nous n’avons pas à l’atteindre par des efforts. Le salut est un don, un don entièrement gratuit. Au-delà de tout, Paul aspirait à des hauteurs encore jamais atteintes. Il écrivit qu’il considérait toutes choses comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus son Seigneur. Si la puissance du même Esprit œuvre en nous, elle produira sans aucun doute le même effet : nous réaliserons alors combien toutes les choses ont peu de prix, comparées à la grande valeur de Christ.
La comparaison de Marc chapitre 10 avec Philippiens 3 est instructive : chacun des deux passages évoque un homme faisant face à une importante décision. Ces deux hommes présentent de nombreuses similitudes. Ils étaient tous deux riches, des hommes bénéficiant d’une renommée sociale, intellectuelle, morale et religieuse au sein de leur société. Probablement pharisiens, ils étaient tous deux aimés du Seigneur. Il a fallu dire à l’un : « Une chose te manque », tandis que l’autre pouvait affirmer « Je fais une chose ». Le jeune homme riche se détourna du Seigneur. Il le fit dans la tristesse, néanmoins il se détourna car il n’était pas prêt à se séparer de ses grandes possessions. Paul avait lui aussi de grandes possessions, en revanche, celles-ci perdirent tous leurs attraits à la lumière de la vision qu’il avait de Christ. Pour Paul, seul le grand prix céleste représentait l’alternative à tout gain terrestre, il choisit avec joie ce grand prix céleste.
On peut affirmer que la vision différente que Paul avait de Christ lui conférait un grand avantage : il distinguait le Seigneur dans la pleine puissance de la résurrection. Tout comme le jeune homme riche, il avait vu Jésus de Nazareth. Cependant, Paul était capable d’apprécier quelque chose de la grandeur incommensurable de la puissance de Dieu dans la résurrection d’entre les morts de Celui qui, méprisé et rejeté des hommes, avait été réduit à l’impuissance et au désespoir à la croix et aux yeux de tous. Celui-ci ressuscita d’entre les morts et sorti du tombeau pour être exalté à la droite de la Majesté Céleste. C’était la puissance de la résurrection qui décida Paul de poursuivre le prix de l’appel céleste.
Tout devient possible dans la vie spirituelle. La puissance de résurrection – ressuscitant Christ à Sa place d’honneur – est la même puissance qui œuvre en nous (Éphésiens 3 :20). S’il est vrai que notre justification repose sur la résurrection du Seigneur Jésus, l’étendue de cette résurrection va bien au-delà des limites du salut parce que Sa puissance est le moyen de l’accomplissement de toute la pensée de Dieu. L’un des plus grands besoins de notre temps – que je pense être le dernier – est certainement d’acquérir une connaissance vécue plus vaste de la vie de résurrection. Le triomphe final de l’Église et son ultime percée vers le Trône, ayant pour conséquence la dépossession du royaume du mal, ne pourront être accomplis que par ce moyen là. Cette vie, qui a rencontré toutes les puissances maléfiques de l’univers, a été révélée intouchable et incorruptible : cette vie a été moralement et physiquement victorieuse de la mort.
La résurrection n’est point une idée abstraite ni même une sensation mystique. Elle est une expression pratique de victoire sur le péché et sur Satan. Si cette vie pouvait être entachée ou corrompue, alors Satan aurait remporté la victoire ultime. Nous n’avons pas à craindre une telle tragédie, car la vie de Christ a pleinement et définitivement conquis la mort. Ayant placé Christ dans une position imprenable « au dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination », cette vie de résurrection destine Son Église au partage de Sa victoire et de Son trône. C’est pourquoi, dans sa recherche d’atteindre le prix, Paul mentionne premièrement son besoin de connaître « la puissance de Sa résurrection ».
Je crois que cette attitude de Paul met à l’épreuve notre propre connaissance de Christ. Je ne puis comprendre qu’un chrétien - possédant une vraie connaissance de cette vie de résurrection de Christ qui nous habite – préserve encore certaines choses qui fournissent des occasions de controverses avec le Seigneur. Ces choses devraient être totalement abandonnées au Seigneur. Notre détermination à ne rien laisser s’interposer entre nous et la manifestation de Sa vie de résurrection devrait résoudre toute dispute et toute controverse avec le Seigneur et conduire à l’épanouissement de la nature royale de notre appel céleste en Christ.
La poursuite du Prix Céleste menée par Paul ne le conduisait pas à seulement désirer connaître Christ dans la puissance de Sa résurrection. Cette poursuite le préparait aussi aux souffrances de Christ et avec Christ. Ceci positionne les souffrances à leur juste place en relation avec l’objectif d’atteindre le but de la Gloire. Bien souvent, nous ne mettons pas les souffrances à leur place exacte. Il en résulte un trouble, les souffrances deviennent alors une préoccupation qui écarte tout le reste. Le Seigneur désire que nous accordions leur véritable place aux souffrances. En conséquence, elles auraient une importance bien moindre : « Car j’estime que les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée. », (Romains 8 :18). Cette gloire est celle des enfants de Dieu. Cette gloire était celle-là même que Paul décrivait comme étant le Grand Prix de Christ à remporter.
Considérons Romains 8 afin de découvrir la signification de l’expression « gagner Christ ». Nous y voyons l’intention de Dieu de nous rendre conformes à l’image de Son Fils. « Gagner Christ » signifie obtenir cette conformité à Christ : c’est le Prix de l’appel céleste. Cela inclut d’atteindre la plénitude de Christ dans la perfection morale et spirituelle car cette perfection constitue Sa Gloire. Ainsi, il en résulte pour nous d’arriver moralement et spirituellement là où Christ se trouve, c’est-à-dire dans Sa place d’Exaltation ; cela est le But, c’est le Prix. Nous ferions bien de conserver à l’esprit cette issue glorieuse lorsque nous serons révélés avec Christ et rendus comme Lui : « la manifestation des fils de Dieu. » Pour le moment nous soupirons. Si nous pouvions analyser nos soupirs, nous découvririons peut-être qu’ils représentent une attente. Notre attente de délivrance de la vie de l’ancienne création - avec son esclavage de corruption, de péché et de mort – et de connaissance de la perfection morale en Christ. Ces soupirs cesseront un jour, marquant ainsi notre atteinte à la conformité parfaite à l’image de Christ.
Voici ce que Dieu a ordonné par avance : l’œuvre de Dieu, au sein de la création qui soupire, est en relation avec Sa pré-connaissance et Sa pré-ordination. Une telle prédestination ne se limite pas simplement au salut : elle touche à l’issue même du salut et ceci fait toute la différence. L’issue du salut est d’être rendu conforme à l’image de Christ. « Car ceux qu’il a connus par avance, il les a aussi prédestinés », non pas à être sauvés ou perdus mais « à être conformes à l’image de son Fils. » Le commencement de l’œuvre de Dieu - dans la création qui soupire - est l’œuvre de l’Esprit du Fils en nous. Cette oeuvre nous établit en tant que fils et nous permet de crier : « Abba, Père. » Cette œuvre est la préparation secrète de ces fils qui constitue la clef de la délivrance de l’état de vanité et de désappointement prédominant aujourd’hui. La création entière doit être délivrée et amenée dans le plaisir de la liberté de la gloire des fils de Dieu. Ce résultat est l’issue de la puissance de la résurrection œuvrant en nous. Notre adoption au titre de fils nous lie à l’émancipation de cette vanité imposée à la création entière. Remarquons que la création ne doit pas être délivrée au moment de cette manifestation. La création doit, elle aussi, prendre le caractère qui définit Christ et qui sera révélé dans les fils de Dieu. Ce dénouement sera pleinement glorieux lorsque la puissance de la résurrection de Christ aura eu sa pleine expression dans la glorification des fils de Dieu. Cela se produira au moment où les fils de Dieu recevront leurs corps glorifiés, conformes au Sien.
Vous pensez peut-être que ces choses ne vous aident pas beaucoup pour faire face à vos difficultés personnelles. Voilà pourquoi Romains 8 : 28 relie ces expériences pratiques avec l’ensemble du propos de Dieu en Christ. Cet appel céleste et ce dessein divin gouvernent chaque détail de notre vie spirituelle. Bien entendu, si nous considérons les événements survenant dans nos vies comme étant des incidents totalement aléatoires, nous n’y trouverons alors rien de positif. En revanche, si nous les apprécions comme étant en relation directe avec le but de Dieu de nous rendre conformes à Christ, nous disposerons de la clef de leur signification. Ceci dépasse le simple plan de notre individu : l’épreuve, la difficulté, la perplexité recèlent le secret pour développer la vie du Seigneur Jésus en nous, cette vie de résurrection porteuse de l’ultime issue de Dieu qui est la glorification de tout l’univers. Le Nouveau Testament est très pratique, les choses profondes de l’éternité sont amenées dans chaque détail de notre vie spirituelle, ainsi toutes choses travaillent ensemble. Toutes ces choses - considérées à la lumière du propos de Dieu - contribueront à réaliser le bien ultime. Le but de Dieu ne doit pas être ni ignoré ni manqué. Parfois, nous semblons souffrir de contradictions. Nous demandons une chose et nous recevons son contraire. Il en est ainsi car le Seigneur ne désire pas nous déresponsabiliser : en s’appuyant sur l’expérience contraire, Il tire de nous et développe cette force morale que seul l’Esprit Saint peut procurer.
Le Saint Esprit poussa Paul à écrire dans l’ordre suivant : d’abord sur la puissance de la résurrection de Christ, puis sur la communion de Ses souffrances, et enfin sur la conformité à Sa mort. En pratique, il n’est possible de connaître la puissance de Sa résurrection qu’après avoir, au préalable, partagé avec Lui l’expérience de la mort. Cette mort requiert la mise à l’écart de tout ce qui est personnel afin que les affaires de Christ deviennent notre unique objet. N’est-il pas vrai que le premier péché est l’orgueil ? Qu’est-ce que l’orgueil, ce péché à la base de tous les autres ? Il consiste en fait à rechercher l’intérêt personnel, la volonté du Moi, la satisfaction propre avant tout. Au commencement, le péché entra dans ce monde de la façon suivante : Satan chuta lorsqu’il déclara : « J’élèverai mon trône … je serai semblable au Très-haut. » Il persuada ensuite Adam de saisir l’opportunité de devenir comme Dieu (Genèse 3 :5). Ainsi, il fit en sorte que l’intérêt personnel pénétra à l’intérieur de la race humaine. Depuis, cet orgueil se trouve ancré au dedans de nous tous et seule l’expérience pratique de la conformité à Christ dans Sa mort peut nous en délivrer.
Les continuelles et subtiles tentatives de Satan d’exacerber en nous ces intérêts personnels pourraient l’amener à imiter Christ de façon à provoquer la chute des serviteurs de Dieu. A Philippe, ville à laquelle était destinée cette épître, l’un des démons proclamait publiquement que Paul était un serviteur du Dieu Très-haut montrant aux hommes la voie du salut. Paul pouvait-il en espérer davantage ? Voici qu’il disposait d’une publicité gratuite ! Nous pouvons être sûrs que lorsque le diable se met à promouvoir l’Evangile et à procurer une certaine popularité aux proclamateurs de cet Evangile, il s’agit là d’un plan subtil. L’apôtre Paul réalisa cela et – tandis qu’il s’attendait au Seigneur – il reprit le démon. Il s’ensuivit une situation calamiteuse pour lui et pour Silas : ils furent jetés en prison, avec d’innombrables d’ennemis les attendant dehors. Cependant, bien qu’emprisonné, Paul était délivré du piège diabolique. Il était momentanément rendu conforme à Christ dans une nouvelle expérience de Sa mort. Sans aucun doute possible, ceci conduisit Paul dans une expérience approfondie de la puissance de Résurrection de Dieu. Il survécu et pu écrire aux Philippiens depuis une autre prison située dans une autre ville. Paul était alors en mesure de les assurer, une fois encore, que ces événements survenus dans sa vie servirent à l’avancement de l’Evangile. La mise de coté des idées, des préférences et des désirs humains, se révèle parfois momentanément coûteuse par les privations qu’ elle implique. Toutefois, la mise à mort de l’intérêt personnel offre à Christ une place nouvelle dans nos vies, de la sorte, nous nous rapprochons de plus en plus du Prix de l’appel céleste.
Il semble clair qu’à l’approche du terme de sa vie, l’apôtre tendait vers le Prix de la conformité à Christ avec toujours d’avantage d’enthousiasme. Je pense qu’il y a un réel progrès dès lors que nous arrivons à vivre sans avoir besoin d’aucun succès ni d’aucun miracle tout en demeurant parfaitement satisfaits avec le Seigneur Jésus Lui-même. Ce qui est dans mon cœur, c’est que vous et moi, nous parvenions à cette position où le Seigneur Jésus représente tout pour nous. Nous ne recherchons pas la conformité au Fils de Dieu pour elle-même, ni pour notre propre satisfaction. Nous la recherchons afin de trouver la joie tout en nous rapprochant de Lui. La marque de la croissance spirituelle et de la maturité est l’unique désir de voir Christ magnifié en nous, et de tendre résolument vers ce but : Christ est la Voie et Christ est le Prix !
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