par
T. Austin-Sparks
Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony » Mai-Jui 1931, Vol. 9-3. Source : « The Time In Which We Live ». (Traduit par Didier Lebeau)
Le fondement sur lequel nous nous tenons aujourd’hui est beaucoup plus positif que celui dont jouissaient les saints de l' Ancienne Alliance, car notre espérance repose sur l'œuvre triomphante du Calvaire. Et cependant la situation et les conditions de l' Ancien Testament sont aussi une image fidèle de notre propre temps et de nos conditions spirituelles. Je pense au contenu des livres de la Bible et non à des textes isolés.
Nous désirons voir ce que les livres de Daniel, d'Esdras, de Néhémie et d'Esther ont à nous dire. Je suis convaincu que nous vivons en un temps qui est très réellement représenté par ces livres, et dans ce sens, nous vivons en des temps bibliques; ces livres sont donc bien actuels et ils gardent toute leur signification pour nous.
Je ne saurais penser que le Seigneur nous ait simplement donné une collection de livres pour que nous connaissions une histoire, qui s'est passée il y a des centaines d'années et qui serait sans valeur réelle pour nous. Sa Parole dit :
« Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction. » Romains 15 :4
Nous voyons donc que Dieu veut que ces livres nous parlent aussi.
Voyons ensemble ce que représentent ces livres et comment ils concernent notre temps. Il y a en eux des facteurs communs. Premièrement, leur arrière-plan général et historique est un: le peuple de Dieu est en captivité en Chaldée, à cause de son déclin spirituel.
Sans entrer dans toute la signification que peuvent avoir Babylone et la Chaldée, nous prenons comme avéré le fait que, lorsque le témoignage de Dieu s'affaiblit parmi Son peuple, il en résulte un état de captivité spirituelle; spirituellement le peuple de Dieu est sorti de la sphère où Dieu a établi Son témoignage.
En ce qui concerne l'adoration, le peuple d'Israël était entré dans un ordre de choses terrestre, dans un ordre extérieurement établi par les hommes, mais derrière lequel il y avait la main de Satan, le dieu de ce siècle. (Babylone représente quelque chose de beaucoup plus absolu, quant à la domination d'un ordre religieux constitué par l'homme, ou d'un ordre de choses terrestre apporté dans le domaine de l'adoration, gouverné par le dieu de ce siècle à travers les hommes.) Mais il y avait, au milieu de ces conditions, ceux qui étaient restés attachés au Seigneur, ceux qui ne s'étaient pas compromis avec elles; ils n'étaient pas satisfaits et ils se révoltaient intérieurement contre l'état des choses.
C'est là ce que représentent ces quatre livres; et nous trouvons que dans chacun d'eux, l'instrument qui y est mentionné a un très grand fardeau concernant le témoignage de l'Éternel, Ses intérêts, Son Nom et pour Son peuple, qui est associé à ce Nom. C'est là le second facteur commun.
Nous nous arrêterons ici pour un instant, car c'est ici que commence le ministère.
Aujourd'hui nous ne trouvons pas, habituellement, parmi Son peuple, la pensée entière et la conception du Seigneur. Le témoignage du Seigneur a largement décliné; et la grande multitude de ceux qui se réclament de Son Nom sont gouvernés et contrôlés par quelque chose qui, religieusement, est de la terre et non des cieux, qui est de l'homme et non du Saint-Esprit. Et il faut en arriver à voir que l'on ne peut pas accepter cet état de choses.
C'est une chose que de reconnaître cela comme un fait, mais c'en est une toute autre que d'être en relation avec la volonté du Seigneur, qui doit recouvrer pour Lui ce qui est selon Sa pensée. On peut être sans cesse préoccupé du triste état des choses, le déplorer, amener les autres à se lamenter, et cependant n'arriver à rien... Cela ne suffit pas; il y avait, je pense, beaucoup de gens qui se lamentaient en Chaldée et qui regrettaient « le bon vieux temps »! Il est très facile de faire cela et d'être en un sens des mécontents religieux; mais ce n'est pas être actif avec le Seigneur, dans Sa volonté de rétablissement. Le Seigneur veut agir à l'égard de cette situation, et Il agit. Le livre d'Esdras commence par rappeler cette souveraine activité de Dieu (Esdras 1:1). Non seulement Dieu agit de l'extérieur et souverainement, mais il y a quelque chose qui doit précéder Son activité, qui la rend possible, et qui fait intervenir la souveraineté de Dieu.
Tous ceux qui représentent l'instrument de Son intervention dans une certaine situation ont été des hommes pour lesquels cette situation même est devenue un lourd fardeau. Dieu n'a pas pu se servir d'eux, dans aucune situation, avant qu'ils n'en aient le fardeau sur le cœur. Nous voyons Esdras se donnant à Dieu avec une telle détresse, que le peuple se rassemble autour de lui; et lorsque les Israélites voient sa douleur et son désespoir au sujet de l'état des choses, ils sont si profondément émus que, dès qu'Esdras a terminé sa prière, ils s'avancent vers lui avec le désir de mettre toutes choses en ordre. Ainsi nous voyons Esdras à Jérusalem, avec un lourd fardeau pour le témoignage de l'Éternel.
Au loin, à Babylone, Néhémie lui aussi a ce même fardeau. Car il a questionné Hanani et ses amis au sujet de la situation à Jérusalem, et à l'ouïe des mauvaises nouvelles qu'il reçoit, il est si accablé que ses traits en sont altérés. Bien qu'il sache que sa vie est en jeu, il a encore le visage triste lorsqu'il se présente devant le roi (car il était criminel d'entrer en la présence du roi avec un air sombre). Mais il ne pouvait qu'éprouver un profond chagrin dans son cœur à l'égard des intérêts et du témoignage de l'Éternel, et pour le peuple qui portait Son Nom.
Esther, un autre instrument choisi de l'Éternel, est, elle aussi, prête à donner sa propre vie pour sauver son peuple, ce peuple dont la vie représente sur la terre les intérêts et le témoignage de Dieu. C'est ainsi que Dieu attend de nous que nous nous saisissions de Ses intérêts, avec Lui, sur la terre.
Daniel est, lui aussi, un homme ayant un fardeau; il prie trois fois par jour, puis durant trois semaines entières. Et quelle prière que la sienne! Elle ébranle le ciel et la terre! Il est un homme qui a un fardeau; c'est là que commence le réel ministère. Dieu doit avoir un vaisseau, un instrument, qui soit amené dans une communion si intime avec Lui, que l'état de déclin et de faillite qui l'environne soit pour lui la cause d'une souffrance poignante, d'une véritable agonie.
Paul connaissait quelque chose de ces « souffrances pour vous … des afflictions du Christ pour son corps... ». C'est cela que nous devons envisager! La chose qui compte pour Dieu, c'est la part que nous prenons à Son fardeau.
On présente trop souvent le service chrétien comme un beau poème; c'est là une simple gloriole. On a tout l'enthousiasme et l'intérêt pour une activité chrétienne organisée. Mais ce qui compte, ce n'est pas ce que nous sommes aux yeux des hommes, c'est ce que nous sommes en présence de Dieu, dans le secret, lorsque nous avons à cœur le témoignage du Seigneur. Avons-nous un fardeau, une passion? Le déclin du témoignage du Seigneur sur la terre, parmi ceux qui portent Son Nom, brise-t-il notre cœur? Nous n' arriverons jamais à rien avant que, en une certaine mesure, nous ne soyons entrés dans Son fardeau. Le ministère, dans sa valeur réelle, permanente et éternelle, dépendra de la mesure où nous sommes entrés dans Son fardeau. Le temps où nous vivons demande que nous soyons en labeur, que ce soit pour les âmes perdues ou bien pour le peuple du Seigneur. Toute activité spirituelle véritable est issue de la souffrance; ceux qui, de tout temps, ont été le plus employés par Dieu, ont été des hommes et des femmes qui avaient cette douleur du Seigneur dans leur cœur, dans leur vie cachée avec Dieu. Connaissons-nous cela? Peut-être dirons-nous non. Demandons alors au Seigneur de nous faire entrer dans le souci de Ses intérêts; présentons-nous devant Dieu, afin qu'Il mette en nous Son fardeau pour le temps où nous vivons.
Tout cela représente donc ceux qui portent dans leur cœur un fardeau tel, qu'ils ont été amenés au point où leurs propres intérêts sont devenus tout à fait secondaires pour eux; ils sont prêts à donner leur vie et considèrent toutes choses au point de vue des intérêts du Seigneur et de Son témoignage; ils sont prêts à tout pour Dieu. Cela devient un fardeau du cœur qui pèse sans cesse, et, qui est plus que le souci du ministère. Oh! que le Seigneur mette en nous ce fardeau afin que, où que nous nous trouvions, nous ne soyons jamais trouvés négligents. Cela est nécessaire pour tout vrai ministère. Non pas que nous devions donner l'impression que nous sommes malheureux. Il y avait chez ces serviteurs de Dieu une confiance et une foi qui créaient en eux ce paradoxe étrange mais bien réel: « comme attristés, mais toujours joyeux».
Bien-aimés, c’est l'un des facteurs d'émancipation dans toute vie d’avoir un fardeau. Le moyen d'être délivré de soi-même et d'une introspection malsaine, c'est de prendre part au fardeau du Seigneur. Si l'on pouvait parler de sa propre expérience, sans tenir compte de la situation telle qu'elle est, des besoins pressants et du souci désespéré de répondre aux besoins, l'on pourrait chaque jour être lié par des problèmes personnels. La libération de soi nous est donnée à mesure que nous sommes saisis par les intérêts du Seigneur. Nous pouvons être oppressés par nos propres problèmes spirituels; le moyen d'en sortir, c'est de prendre sur nos cœurs le fardeau de tout le peuple de Dieu. C'est cela même qui crée le ministère; cela signifie pour nous la force; cela demande la prière. C'est une chose qui nous émancipe que de prendre le fardeau du Seigneur. L'avons-nous saisi, ou bien négligeons-nous ces choses, « jouant avec de petits cailloux sur la plage, au lieu de gagner le large ». Sommes-nous engagés avec Dieu dans les intérêts suprêmes de Son Royaume? Sommes-nous simplement intéressés par notre travail ou bien sommes-nous désespérément saisis par Son fardeau? Faisons-nous simplement ce qui nous plaît ou bien portons-nous réellement sur nos cœurs le fardeau de Dieu pour Son peuple? En sommes-nous arrivés là?
Le Seigneur doit avoir un instrument, un Daniel, qu’il soit personnel ou bien collectif, qui se meut avec Dieu pour Son témoignage. Il doit avoir un Néhémie, dont le cœur souffre pour son peuple, à cause du témoignage. Il doit avoir un Esdras, qui ne se compromet pas pour un instant avec ce qui est contraire à la volonté de Dieu. Il doit avoir un instrument comme Esther, qui s'élance contre le vent et, mettant sa vie en jeu, va assiéger le trône pour sauver la vie de son peuple; pour délivrer le peuple de Dieu des menaces de l'ennemi. Oh! ce que ces prières ont accompli! Et il faut, bien-aimés, que le fardeau du Seigneur vienne dans nos cœurs de la même manière, pour que nous soyons des instruments utiles au Seigneur, dans Son activité en ce temps de la fin; il faut que nous soyons exercés d'une manière très profonde pour les intérêts de Dieu. Il faut que nous ne retenions rien qui puisse servir le Seigneur et Ses intérêts. Nous serions surpris de voir ce que le Seigneur peut accomplir si nous Le laissions faire.
Il faut pour commencer que nous en arrivions à reconnaître qu'il y a un besoin et que le fardeau en soit sur nos cœurs. Lorsque, pressés par le Saint-Esprit, nous sommes réellement entrés dans ce fardeau, les traits communs que nous trouvons dans ces instruments de l'Ancien Testament seront ciselés en nous; nous serons alors un peuple consacré à cette SEULE CHOSE: le fardeau du Seigneur et le souci de Son cœur à l'égard de Son témoignage parmi Son peuple.
Lorsque nous entrons dans ce fardeau, nous nous trouvons dans un domaine d'opposition, nous sommes réellement dans une lutte. Cela est un autre facteur commun dans ces livres, dont chacun représente une situation de résistance et d'antagonisme terrible, et cela afin d’arrêter l'œuvre. Esdras nous parle de cet effort « des ennemis ». Et à peine ouvrons-nous le livre d'Esther que déjà nous nous trouvons dans un domaine de conflit. Et qu'en est-il de Daniel? La fosse aux lions semble être la réponse à sa vie de prière!
C'est là une barrière qu'il nous faut franchir aussitôt. Si nous sommes résolus à marcher avec Dieu, à nous tenir dans ce qui représente entièrement Sa pensée, nous aurons de toutes parts à affronter l'antagonisme, les conflits et l'oppression les plus féroces; l'ennemi ne négligera aucun moyen pour nous faire manquer le but que nous avons en vue. Pourquoi un tel antagonisme? Pourquoi une telle oppression? Dès que nous avons en vue quelque chose qui a de la valeur pour Dieu, à l'égard de Son but final, nous aurons à rencontrer cette opposition.
D'où le diable reçoit-il ses informations? Il sait le découvrir, lorsque nous avons reçu de Dieu un message qui doit avoir de la valeur pour Lui; et nous sommes pressés du dedans et du dehors lorsque nous sommes ainsi engagés avec le Seigneur. Il faut nous rappeler, lorsque nous éprouvons cette opposition, qu'elle est soulevée contre quelque chose qui doit avoir de la valeur pour Dieu. Elle se manifestera à travers des personnes, et si nous en blâmons les personnes et tournons notre attention sur elles, nous manquerons le but; nous nous mettrons à lutter contre des éléments humains alors qu'il y a toujours quelque chose de plus profond. « Car notre lutte n'est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. » Éphésiens 6:12
Les hommes s'irritent les uns contre les autres; et cela nous irrite et nous commençons à diriger sur eux toute notre attention; nous nous emportons avec eux et en arrivons à une situation affligeante; nous comprenons alors combien nous avons été insensés de permettre au diable de nous entraîner dans une voie humaine, alors que la lutte était d’une nature spirituelle. Il ne s’agit pas, en réalité, d’individus, non plus qu'un simple enchaînement de circonstances; mais c'est une question spirituelle qui est en jeu, et tout ce qui se produit a été créé et employé par l'ennemi soucieux de nous occuper par quelque chose de moindre importance et de nous voiler ce qui était essentiel. Il a de cette manière réussi à entraver notre vie de prière et il nous a empêchés de veiller avec le Seigneur pour Ses droits, qui étaient alors contestés sur un point particulier.
C'est le domaine du conflit incessant, et il semble que nous soyons maintenant dans cet âge où l'ennemi ne prend aucun repos et où nous ne pouvons pas nous relâcher pour un seul instant. Tout ce que nous faisons doit être fait délibérément avec Dieu, et nous ne devons jamais agir sans Dieu ni en dehors de Lui. Tout mouvement inconsidéré est surveillé par l'ennemi, et nous aurons à le payer cher.
Considérons les quatre aspects du ministère de ces instruments employés par Dieu. Daniel est le premier à commencer à Babylone ce mouvement en vue de la restauration, et il est intéressant et significatif de voir qu'il l'a fait dans la prière. C'est dans la prière que Daniel, à Babylone, se charge du témoignage de Dieu. Dieu agit par le moyen d'un instrument de prière. Les regards de Daniel sont tournés vers Jérusalem; il prie pour que Dieu recouvre ce qu'Il a perdu. Son fardeau, c'est un lieu pour le Nom de Dieu, et il l'obtient dans la prière.
«Et il me dit: Ne crains pas, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t'humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et moi, je suis venu à cause de tes paroles; mais le chef du royaume de Perse m'a résisté vingt et un jours… » Daniel 10:12-13
Grâce à la prière de Daniel, les forces de l'enfer ont été excitées dans leurs profondeurs, jusqu'à résister à l'un des archanges les plus élevés dans les cieux, – «Micaël, un des premiers chefs, vint à mon secours».
Avons-nous remarqué qu'Esther vient ensuite, et que c'est comme si le diable disait: « Daniel a prié, afin que son peuple sorte et qu'il rentre à Jérusalem; je vais tout faire pour qu'il lui soit impossible d'y retourner ». Et nous le voyons chercher, par le moyen du méchant Haman, à faire disparaître tous les Juifs, déterminé à n'en pas laisser un reste qui puisse partir. L'ennemi est aujourd'hui à l'œuvre pour empêcher un reste de Son peuple de se lever pour Dieu; il apporte la mort, l'oppression de toutes parts avec une telle force, qu'il parvient presque à le paralyser. Mais dans Sa souveraineté Dieu gouverne, et les desseins de Haman sont anéantis.
Esdras reprend ensuite le témoignage, et tout son désir se porte vers la Maison de Dieu à Jérusalem; et Esdras, avec le reste du peuple, y retourne, bâtit la Maison et relève l'Autel.
Néhémie vient enfin; il a un fardeau à l'égard des murailles et des portes de Jérusalem. Il s’attache à séparer, de manière claire, ce qui est entièrement de Dieu et ce qui n'est pas de Lui. Il est plein de zèle pour sauvegarder le témoignage de Dieu; remarquons avec quelle jalousie il veille sur le Jour du Sabbat : « Je protestai... et leur dis... vous profanez le jour du Sabbat... et je les admonestai, et leur dis... Si vous le faites encore, je mettrai la main sur vous. » Néhémie 13:15-21
Le Sabbat est ce suprême témoignage de la perfection des œuvres de Dieu et de leur achèvement. Les murailles parlent de la ligne de séparation où doit s'arrêter ce qui n'est pas de Dieu; il y a une limite distincte, et ce qui se trouve au delà de cette limite n'est pas de Dieu; ce sont des choses qui n'ont point de place ici, nous devons les exclure. Les murailles représentent quelque chose de défini; pas de mélange, aucune disparité, une distinction nette. C'est là le message de Néhémie.
Allons à Esdras 8 et voyons sa valeur pour nous.
Nous y trouvons mentionnés un certain nombre de noms, les noms de « ceux qui montèrent avec moi de Babylone ». Nous avons là une liste de ceux qui se séparèrent totalement pour aller jusqu'au bout avec Dieu. Nous avons ici l'Écriture Sainte; c'est comme si le Saint-Esprit avait pris la plume pour écrire le nom des hommes qui prirent leur responsabilité pour le témoignage de Dieu. IL a inscrit chacun des noms de ceux qui, entièrement consacrés, suivirent Dieu jusqu'au bout, car le Saint-Esprit en aurait fait la remarque si l'un d'entre eux s'était arrêté en chemin. Non, ces hommes laissèrent le bien-être et le confort relatifs de Babylone pour entreprendre un voyage long et difficile, plein de dangers, et retourner dans une ville en ruines.
C'est une tâche difficile; il y a de la souffrance et de l’opposition à supporter, et ainsi de suite; mais ces hommes sont prêts à payer le prix et à aller jusqu'au bout; ce sont eux dont les noms sont rappelés séparément et avec tant de soin, et ces noms resteront tant que durera la Bible; ils sont « appelés, choisis et fidèles », tout entiers à Dieu, quelqu’en soit le prix.
Qu'il est beau que Dieu ait voulu écrire le nom de chacun des hommes qui Le suivirent jusqu'au bout. Marchons-nous ainsi avec Dieu? Ou bien comptons-nous le prix à payer et nous retirons-nous?
Je remarque ensuite que ce qui suit immédiatement dans ce chapitre, c'est la déclaration d'Esdras: « je n'y trouvai aucun des fils de Lévi. » Esdras 8:15
Pourquoi cela? Les Lévites étaient ceux dont l'héritage était en Dieu seul; ils n'avaient pas de part dans le pays (Josué 14:4-5). Rentrer dans un pays de désolation pour n 'y avoir de toute manière aucune part, ce n'était pas là quelque chose de bien encourageant; ils avaient à Babylone plus qu'ils ne pouvaient espérer là-bas. Les Lévites ne voyaient pas comment ils recevraient leur pain, car ils savaient qu'ils n'avaient aucun droit d'entrer dans le domaine matériel des choses. Ils préférèrent donc rester à Babylone, puisqu'ils n'avaient pas d'héritage dans le pays et devaient se confier à l'Éternel. Ceux qui étaient sortis pour avoir leur portion en Dieu seul, sans voir « sur terre » d'où elle leur arriverait, étaient un tout petit nombre. Aucun Lévite ne sortit!
N'en est-il pas de même dans le ministère de la Parole, lorsque nous avons à sortir d'un système dans lequel notre pain était assuré? C'est là une épreuve de foi, avoir une position garantie dans le monde de la religion et en sortir pour n'avoir notre portion qu'en Dieu seul, sans aucun point d'appui dans le monde; et nous voyons qu'il n'y en a pas beaucoup qui puissent soutenir cette épreuve. Nous ne trouvons donc aucun Lévite dans cette liste de noms.
Nous voyons ensuite Esdras prescrire un jeûne (versets 21-23). Que représente cela au point de vue spirituel? Simplement ceci: c'est le Seigneur seul qui nous amène au but! C'est tout. Oui, mais c'est encore une épreuve de foi, car le voyage sera une marche par la foi. Le Seigneur pourra-t-ll nous amener au but, ne ferions-nous pas mieux de nous adresser au roi? Faire, en d'autres termes, un appel à l'aide des hommes, du monde, assurer la réussite de notre voyage, voilà ce que cela signifie. Mais nous avons pris la décision d'arriver au but sans les ressources du monde; nous pouvons compter sur Dieu; IL nous mènera au but. C'est cela le témoignage bien-aimés: DIEU NOUS AMENANT AU BUT.
C'est là notre assurance, notre position de victoire et de triomphe. Mettons, après Esdras 8:21, les Psaumes 121 à 134, et nous remarquerons qu'il y a en eux une marche qui se continue tout le temps et une note puissante d’assurance et de victoire; on a pensé que ces Psaumes ont été chantés durant le voyage. Ils expriment cette confiance absolue en Dieu.
« Jérusalem! – des montagnes sont autour d'elle, et l'Éternel est autour de son peuple, dès maintenant et à toujours.» Psaume 125:2
C'est là quelque chose de meilleur que tous les cavaliers et tous les chevaux de ce monde. Le Seigneur peut nous amener au but, confions-nous en LUI. Ne descendons pas en Égypte ni auprès du roi de Babylone pour y chercher du secours; laissons au Seigneur le pouvoir de maintenir Son propre témoignage. Le résidu poursuivit ainsi son voyage par la foi, et le Seigneur fit valoir leur confiance.
Esdras 8:24-30 nous parle du trésor qui leur a été confié, de l'offrande sainte et volontaire qui est faite à l'Éternel : « Veillez, et gardez-les jusqu'à ce que vous les pesiez devant les chefs des sacrificateurs et des lévites, et devant les chefs des pères d'Israël à Jérusalem » Esdras 8:29
Il est très précieux de regarder cela comme le trésor que le Seigneur nous confie au début du voyage. C'est au sujet de ce trésor que l'Apôtre Paul écrit à Timothée : « garde ce qui t'a été confié » 1 Timothée 6:20
Le Seigneur a confié à l'instrument de Son témoignage ces choses qui représentent la plénitude de Son salut. Nous avons l’airain, argent et l’or; nous savons ce que cela signifie; et c'est cela qui est le dépôt, ces choses sacrées de « la foi qui a été une fois enseignée aux saints » (Jude 3). Ces grands facteurs du salut sont Justice, Sanctification et Rédemption.
Nous trouvons l'airain dès que nous entrons dans le parvis du Tabernacle, l'Autel d'airain, avec toute sa merveilleuse signification du corps du Seigneur Jésus, entièrement et pleinement consacré à la volonté de Dieu, – « C'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés », l'holocauste complet qu'il a fallu pour notre sanctification (Hébreux 10:10). Puis nous avons l'argent de notre rédemption, et l'or de cette conformité à l'image divine. C'est là le dépôt de la foi. Jude exhorte les croyants auxquels il écrit à combattre sérieusement pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes; c'est cela le trésor qui nous a été confié au commencement, et que nous devons remettre intact au bout du voyage. Paul pouvait dire à la fin de sa vie : « J'ai gardé la foi » 2 Timothée 4-7. Et à la fin, il la remet intacte dans la Maison de Dieu.
Cela représente le ministère qui concerne la Maison de Dieu, le témoignage intégral, l'Évangile tout entier. La foi absolue qui a été transmise aux saints une fois pour toutes nous a été confiée; elle doit être enchâssée dans la Maison de Dieu, sauvegardée pendant le voyage pour être enfin présentée au Seigneur, sans mélange; le pur témoignage, dont pas un iota ne fut abandonné, doit être rendu intact.
Que le Seigneur nous donne Sa grâce et Sa force pour garder le dépôt qu'IL nous a confié et le Lui présenter au bout de « notre voyage » en disant: « Nous n'avons rien perdu, nous avons gardé la foi, nous avons achevé la course, désormais nous est réservée la couronne de justice ».
Tout cela est très beau comme vérité biblique, mais si cela ne va que jusque-là, il eût été vain de le dire. Je connais la difficulté qu'il y a à amener d'autres personnes à partager notre propre fardeau et notre propre souffrance. Je crois que nous avons jusqu'à un certain degré la perception des choses, telles qu' elles sont aujourd'hui; la situation est grave au point de vue spirituel, mais il y a ceux qui veulent connaître mieux le Seigneur et qui cherchent une nourriture spirituelle. Le Seigneur veut, je le crois, faire quelque chose en notre temps, un temps de petites choses. Il suscitera avant tout un instrument qui ait un fardeau, dans lequel Il aura déposé toute la révélation du Seigneur Jésus et qui soit prêt à marcher dans la foi et à se confier à Lui. Laissons au Seigneur l’opportunité de se faire valoir Lui-Même. Qu'Il fasse de nous une partie de cet instrument et qu'Il en suscite d'autres encore. Présentons-nous au Seigneur en Lui demandant, si tout cela est selon Sa pensée, et alors, de le mettre dans nos cœurs et de nous amener en communion avec LUI-MÊME pour tout ce qu’Il désire accomplir aujourd’hui.
« Et la main de notre Dieu fut sur nous, et il nous délivra de la main de l'ennemi et de toute embûche sur le chemin… et les ustensiles furent pesés dans la maison de notre Dieu… selon le poids du tout; et en même temps tout le poids en fut inscrit. » Esdras 8 :31-34
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