par
T. Austin-Sparks
Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony », 1940 Vol. 18-5. Source : « Christ Our Life ». (Traduit par Didier Lebeau)
« Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire. » Colossiens 3:4
L'un des buts principaux de l'action du Saint-Esprit à l'égard des enfants de Dieu, c'est de les faire entrer, spirituellement et par l'expérience, en Christ ressuscité et exalté, et dans la vie de résurrection et d'exaltation de Christ.
La phase actuelle est marquée particulièrement par une séparation d'avec les choses, les hommes et les mouvements, séparation qui a pour but d'amener les enfants de Dieu à s'attacher entièrement au Seigneur Jésus Lui-même. L'Antéchrist sera bientôt manifesté , et il se présentera sans doute dans la ligne d'un grand mouvement universel et uni, préconisant l'amélioration humaine et le relèvement moral et social et portant le nom de « christianisme ».
Des multitudes seront entraînées par ce mouvement; et ceux qui refuseront de faire partie d'une telle chose seront marqués d'une tache et d'une flétrissure. Le Seigneur nous prépare à la venue de l'Antéchrist en cherchant à faire du Seigneur Jésus la vie des Siens, plus complètement encore qu'Il ne l'avait été dans leur expérience.
Les œuvres, les entreprises, les activités, les mouvements, les églises, les sociétés, les enseignements, les hommes, etc., ont été et sont encore la vie de beaucoup d'enfants de Dieu. Ils ont besoin d'être stimulés par un programme, un plan, une place à occuper. L'enseignement, comme tel, peut amener à la confusion et ne donner aucun moyen vivant et pratique pour arriver à la victoire. L'œuvre en soi peut conduire à l'épuisement et au découragement. Les mouvements peuvent être marqués par des traits purement humains et devenir des sphères de dissension.
Les choses, tout les choses, finissent par désappointer, tôt on tard; mais le Seigneur demeure, et Lui, Il ne nous manque jamais. La mesure de notre attachement au Seigneur peut souvent n'être que la mesure de notre attachement à quelque intérêt, soit à une personne ou à des personnes, soit à un lieu ou à un mouvement, soit à un certain travail ; et s'il arrive que ces choses s'écroulent, notre foi dans le Seigneur en sera ébranlée, et nous passerons par une période d'obscurité, par une éclipse de notre foi.
Ce que nous avons a apprendre de manière suprême, c'est à rattacher tout au Seigneur Lui-même, et à arriver à une pleine appréciation de Lui-même. Il faut, pour que notre esprit soit fort, que le Seigneur en soit la vie, et non pas des intérêts ou des soucis simplement objectifs; car autrement nous ne resterons fermes que lorsque nous sentirons l'appel d'une occasion, d'une crise ou d'une circonstance purement extérieures.
Il faut que le Seigneur soit la vie pour notre pensée, pour que la vérité ne soit pour nous ni purement abstraite, ni simplement une chose vraie, mais qu'elle soit vie et puissance en nous.
Il faut que le Seigneur soit la vie de notre corps. Ce ne seront alors ni la faiblesse ni la force naturelles qui nous dirigeront. La guérison, en tant que « vérité » ou comme quelque chose en soi, peut devenir un esclavage légal et une « obsession ». C'est le Seigneur Lui-même qui est notre vie, soit que nous restions accablés d'infirmités, soit que nous en soyons libérés, – selon ce qui contribuera le plus à Sa gloire. Ce n'est pas tellement la condition physique qui importe; c'est la transcendance et la gloire du Seigneur.
En ces jours de terrible pression qui, maintenant, pèse partout sur le peuple de Dieu, en ces jours où l'ennemi nous laisse moins de répit que jamais, – en ces jours où il est plus dangereux que jamais pour les croyants de s'accorder du repos, – il n'y a qu'une seule chose qui puisse nous suffire à travers tout. C'est que nous connaissions, de manière absolue, le Seigneur, comme notre vie, notre vie même.
L'exhortation qu'adressa Barnabas aux convertis d'Antioche peut être une parole très à propos et très salutaire pour nous tous, en ce moment : « Il les exhorta tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur » (Actes 11:23).
Si nous demandons quelle est l'essence même et le cœur de la foi et de la vie chrétienne, la réponse sera que Dieu a rassemblé et a concentré toutes choses dans la personne de Son Fils Jésus-Christ. Cela signifie que la foi chrétienne ne consiste pas en un nombre de choses en elles-mêmes, telles que croyances, doctrines, dogmes, pratiques, formes, rites, ordres ou vertus. Ce ne sera pas non plus le salut, la régénération, la sanctification, la puissance, la vie, la joie, la paix, etc., en tant que choses. C'est simplement Lui-même, et Lui-même résidant en ceux qui L'ont reçu, tel qu'Il est, et en tout ce qu'Il est. Il est la somme totale de tout ce qui est nécessaire à la gloire et à la satisfaction de Dieu, pour lesquelles nous avons été créés. Rien ne peut être ni connu ni possédé, comme « une chose », en dehors de Sa Personne. Si nous Le possédons, Lui, et que nous vivons par Lui, nous avons tout.
Ne pas réaliser ce fait fondamental de manière vivante, voilà la raison de toute espèce de faiblesse, de faillite, et de déception, dans la vie comme dans le service! Nous pouvons aspirer à une « une chose » et nous efforcer de l'obtenir; quelle que puisse être cette « chose », Dieu ne s'éloignera jamais de Sa position à l'égard de Son Fils, il y a tant d'enfants de Dieu qui ont recherché « une chose » avec une telle intensité de leur âme, qu'ils en sont devenus psychiques ou occultes, et ils ont eu « une chose » ; mais elle n'est pas de Dieu, et la fin le prouvera. Adam, dès le commencement, fut pris au piège d'une séduction de cette façon même. Il avait toutes choses en Dieu; et en demeurant en Dieu, dans une vie de dépendance et de confiance, il devait jouir de ce « toutes choses », qui devait aller en s'élargissant. Mais la suggestion lui fut présentée, qu'il pouvait avoir le siège et la source de tout ces choses en lui-même et « être comme Dieu ». Il tomba devant cette perspective; et s'il a gagné (?) cet objet immédiat de « connaître le bien et le mal », son gain a toujours été dès lors sa malédiction; et une perte inexprimable accompagna le « gain ? » Le « Dernier Adam », le Fils de Dieu, afin de rétablir la situation dans une nouvelle race de « croyants », a accepté une vie de dépendance, volontaire et absolue, à l'égard de Dieu. Il a confessé que « de Lui-même », Il ne pouvait rien faire. Il a prouvé qu'une attitude comme la Sienne est une position et une vie de force, de paix, de joie, et d'ascendance divines. C'est ainsi qu'il « détruisît les œuvres du Diable » et que, par Sa vie de dépendance obéissante et de confiance entière, Il a reçu toutes choses pour Son héritage. Nous n'avons pas, en nous-même, le pouvoir de vivre maintenant une vie comme la Sienne; c'est pourquoi nous ne pouvons pas, par nous-même, recevoir l'héritage de « toutes choses ». Mais « Christ en et parmi vous est l'espérance de la gloire » (Colossiens 1:27), et une vie de dépendance absolue de Lui signifie victoire, pouvoir et plénitude. Cependant, ce sera toujours Lui-même, et nous serons gardés strictement dans cette position, où nous connaîtrons toujours notre propre faiblesse et notre futilité.
C'est parce que Dieu a établi cela comme loi inaltérable de la vie qu'Il, en ce qui concerne la satisfaction et la plénitude éternelles, amènera manifestement toutes les autres choses à la faillite.
A mesure que nous approchons de la fin, il y aura un dépouillement grandissant des choses, et tout devra se résumer en cette question de LUI-MEME.
Nous ne réalisons pas à quel degré, combien profondément et combien subtilement, les choses bonnes peuvent prendre la place qui Lui appartient, à Lui-même, avant qu'elles nous soient enlevées. Que notre travail, notre intérêt, nos réunions, notre ministère, notre pouvoir d'agir, notre possibilité de faire, oui, notre tout, – dans ce qui est extérieur, nous soient enlevés, et que nous restions seul et impuissant, c'est alors que nous connaîtrons l'épreuve suprême qui fera découvrir ce, que le Seigneur est pour nous. N'est-ce pas là la tendance de toutes choses aujourd'hui? Nous verrons de plus en plus les choses extérieures amenées à une limitation, – les choses, les hommes, les mouvements, les lieux, les activités! L'Antéchrist est à l'horizon, et il doit représenter une plénitude et un pouvoir, une richesse et une puissance, déployées par l'énergie personnelle, dont Satan est la source. Il y aura beaucoup de cœurs qui, secrètement ou ouvertement, feront une comparaison entre la plénitude qu'il offrira et représentera, et la faiblesse et la petitesse apparentes de ce qui est de Christ. Beaucoup de cœurs seront entraînés, et beaucoup faibliront. C'est là que sera l'épreuve suprême pour nous tous, – et n'existe-t-elle pas déjà!
L'Antéchrist pourra en imposer, pour commencer, par un déploiement de puissance et de terreur, pour entraîner ensuite par les choses qu'il offrira. Dans la souffrance et l'épreuve que tout cela signifiera, toute l'issue dépendra entièrement de ce que le Seigneur est pour nous. Il faut que Dieu nous presse vers cette issue; car dans l'ordre de Son monde nouveau qui sera imminent à ce moment-là, le seul trait qui dominera et embrassera tout, sera que « Christ est tout et en tous », – et cela non pas comme une doctrine ou quelque chose de purement objectif, mais comme une réalité forgée dans le for intérieur de Ses enfants.
Nous avons à éprouver la nature et la source de notre énergie. Est-ce que ce sont l'œuvre, les entreprises, les activités, les mouvements, les églises, les sociétés, les enseignements, les hommes, les missions, etc., ou bien est-ce Christ Lui-même qui est notre vie et notre satisfaction ? La leçon la plus grande que nous ayons à apprendre, c'est de vivre de Christ. Avons-nous besoin de nourriture et de satisfaction ? Il dit: « Je suis le pain de vie ». Et Sa réponse à chacun de nos besoins sera, « Je suis cela, – et non pas, Je donne cela »
Oui, Paul relie ces deux choses ensemble, – l'apparition de Christ, avec Christ étant notre vie dans l'absolu : « Lorsque Christ, – qui est notre vie, – paraîtra... » Entendons « ce que dit l'Esprit » ; voyons ce que disent les actes souverains de Dieu; prenons garde à nos fondations. Est-ce que le Seigneur Lui-même est tout simplement, avant, et au-dessous de, et par dessus, toutes choses?
Sommes-nous satisfaits de Lui, en dehors de ce qu'Il fait ou de ce qu'Il peut faire pour nous?
C'est du fait qu'Il est notre « tout en tout » que jaillira toute valeur dans notre vie et; dans notre service. Et s'Il l'est réellement, les valeurs seront spontanées, et le fruit paraîtra tout naturellement, sans aucun effort ni aucun mouvement organisé.
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