Austin-Sparks.net

La Croix, l’Eglise et le Conflit

par T. Austin-Sparks

Publié pour la première fois dans le magazine « A Witness and A Testimony » Mai-Jui 1944, Vol. 22-3. Source : « The Cross, the Church, and the Conflict - Chapitre 6 ». (Traduit par Didier Lebeau)

Introduction

La croix, dans la pensée de Dieu, doit conduire immédiatement et directement à l'Eglise. Exactement comme pour le tabernacle dans le désert, où l'autel, qui se trouvait à la porte du parvis, se dressait en droite ligne avec le sanctuaire et y conduisait — le ministère sacerdotal commençait à l'autel, et de là, se poursuivait directement dans le sanctuaire, pour trouver sa consommation dans le lieu très saint — de même la croix du Seigneur Jésus se trouve dressée là comme la porte même qui nous introduit dans la Maison de Dieu; elle doit conduire l'enfant de Dieu directement à cette vie corporative qui nous unit tous ensemble à Christ.

Ainsi en était-il également dans le temple : c'est l'autel qui conduisait à la Maison. Lors de la reconstruction de l'édifice par le reste rentré de la captivité, la première action consista à rétablir l'autel sur l’emplacement qui était le sien; puis on posa le fondement de la Maison de Dieu, pour procéder ensuite à la construction.

La pensée de Dieu est toujours la même à cet égard : la croix présuppose la Maison et y conduit. Un évangile qui se limite à la croix, comme si elle était une entité indépendante, et qui ne conduit pas ceux qui la trouvent à prendre leur place dans l'assemblée, cette expression vivante de la Maison de Dieu, est un évangile qui manque le but primordial que Dieu lui a assigné. Nous avons déjà longuement insisté là-dessus, mais il n'était peut-être pas superflu d'y revenir, pour donner au Seigneur l'occasion de rafraîchir cette chose dans notre esprit, et de rendre peut-être encore plus clair à nos yeux l'objectif qu'il cherche à atteindre.

Nous voyons ensuite que lorsque l'assemblée est vraiment devenue une réalité, elle ne tarde pas à être le plus grand des témoignages, elle devient la grande démonstration de ce que la croix signifie vraiment. L'assemblée, en effet, donne son vrai relief à tout ce que la croix impliquait; elle réalise pratiquement tout ce que la croix augurait. Quand Dieu annonce la bonne nouvelle, il ne se contente pas de paroles seulement; la prédication de l'évangile ne se borne pas à l'énoncé de certaines vérités; l'expression vivante et pratique de ces vérités dans un corps constitué fait partie intégrante de la prédication. Autrement, l'évangile aurait pu être annoncé par des anges; n'importe qui pourrait le prêcher. Le Seigneur a donné une révélation de Lui-même, et a rendu cette révélation solidaire d'un peuple qui en est la vivante représentation. Voilà la fonction, voilà la nature de l'assemblée.

La croix et l’assemblée, liées comme elles le sont l'une à l'autre par tout ce qu'elles signifient ensemble dans la pensée de Dieu, expliquent la lutte qui s'ensuit. Cet apparentement suffit à lui seul pour engendrer le conflit, il se déclare de lui-même.

L'assemblée, personnifiant en quelque sorte le sens profond de la croix, est l'occasion de la bataille. Et là où l'on a vraiment saisi la signification réelle de la croix, pour l'exprimer ensuite sous une forme pratique et collective, là le conflit se manifeste sous sa forme la plus intense et la plus persistante. En d'autres termes : on ne sait vraiment ce que c'est que la lutte spirituelle que dans la mesure où le sens profond de la croix a pu prendre corps et s'exprimer sous une forme vivante et collective. Plus il y a une compréhension vivante de la croix, plus la pensée de Dieu pour l'assemblée se trouve exprimée dans la vie pratique, plus aussi le conflit spirituel sera tenace, et plus l'antagonisme et la haine des puissances du mal seront manifestés et mis en lumière.

L’Objet Suprême de la Croix et de l'Eglise

En traitant cette question du conflit spirituel, nous devons commencer par nous souvenir d'une chose : c'est que l'assemblée aussi bien que la croix, a un seul objectif en vue, une seule raison d'être. On se facilite beaucoup la tâche quand on peut réduire les grands sujets à une ou deux données simples et concrètes. La croix est un de ces grands sujets qui embrasse une multitude de points. L'assemblée aussi est un grand sujet, d'une portée immense. Nous pourrions parler de la croix toute notre vie, en la considérant chaque fois d'un angle différent ou sous un autre aspect. Qui pourra jamais épuiser les profondeurs de signification de la croix du Seigneur Jésus ? De même pour l'assemblée, nous pourrions en parler indéfiniment en n’en évoquant constamment une nouvelle facette. Elle nous dépassera toujours; il y aura toujours quelque chose à ajouter à ce qu'on en a déjà dit. Et cependant, quand on aura tout dit à propos de la croix et de l'assemblée, on pourra tout ramener à une proposition simple et concluante. Tout se condense en une phrase; tout tient en quatre mots. La croix, dans sa signification la plus complète, l'assemblée, dans ce qu'elle embrasse de plus puissant et de plus divin, ont, en dernière analyse, une seule et unique raison d'être : la Seigneurie absolue de Jésus Christ. Dites tout ce que vous voudrez de la croix, dites tout ce que vous pourrez de la croix, tout se résume là. Son centre de gravité, c'est la position souveraine qui appartient à Jésus Christ ; seul Seigneur pour l'éternité. Quel que soit l'aspect sous lequel on envisage la signification de la croix, elle est là tout entière.

Et la question qui ne manque pas de se poser est la suivante : — Comment la Croix procède-t-elle, pratiquement , pour détrôner toutes les autorités qui agissent sur les enfants de Dieu, au dedans, et au dehors ? Comment fait-elle pour mettre le Seigneur Jésus sur le trône, pour Lui assurer, à Lui et à Lui seul, l'autorité?

C'est toujours là que la question se pose. Pour y résoudre, il faut bien comprendre que, lorsque la croix agit, elle ne traite pas ces détails de notre vie en vue d’un but personnel. Des problèmes peuvent se poser sur une chose ou sur une autre, mais ils se posent incidemment, et ils n'ont de raison d'être qu'en relation avec quelque chose de plus général. Il y a bien des choses en nous, toutes sortes de choses qui ont besoin de l’action de la croix ; auxquelles la croix doit être appliquée. Mais quand nous parlons ainsi de la croix, ne nous imaginons pas que l'œuvre du Saint Esprit consiste simplement à régler chacune de ces choses comme si elles représentaient le but essentiel que le Seigneur cherche à atteindre. Non : en s'occupant des détails, Dieu a constamment un objectif plus grand en vue, et c'est pour l’atteindre qu'il est obligé de traiter les détails l'un après l'autre. Cet objectif, c'est l’absolue souveraineté de Jésus Christ dans notre vie.

Ainsi en est-il de l'assemblée. Que d'aspects admirables n'offre-t-elle pas à notre contemplation ! Que de choses glorieuses se présentent à notre esprit quand nous pensons à elle ! Sa nature, sa fonction, sa vocation, sa mission, et tant d'autres encore. Mais, dans la pensée de Dieu, aucun de ces éléments ne constitue un but en lui-même ! L'assemblée n’a qu’une raison d'être, et n'en aura jamais qu'une : exprimer cette autorité souveraine du Seigneur Jésus. Tout ce que nous avons à dire au sujet de nos relations mutuelles, de notre communion fraternelle, de notre vie de dépendance réciproque, du fonctionnement organique de ce Corps que nous formons, et tout ce qui peut encore être dit de l'assemblée, tout ceci n'est qu'une entrée en matière, qui nous conduit à cette autre chose : faire voir que Christ est le Seigneur, et que, dans l'assemblée, c'est Lui, en toutes choses, qui est la Tête souveraine. Dans la pensée de Dieu, l'univers dont nous faisons partie a un centre, autour duquel tout le reste gravite : c'est la Seigneurie de Son Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le monde.

Le Point de Mire de Toute Opposition Satanique

Si ce qui précède s’avère exact, nous sommes sur la bonne voie pour comprendre pourquoi la bataille est si dure. L'autorité souveraine, qui appartient de droit à Christ, est en effet contestée par Satan plus que n'importe quoi d'autre. Elle est le point de mire de toute son opposition. Abandonnons l'idée que l'antagonisme de Satan est dirigé contre de simples détails, qu’ils sont de purs incidents; que c'est de nous ou de nos circonstances que l'Ennemi s'inquiète. Oh, non ! Il a une vue d'ensemble de la situation, il la connaît et l'embrasse tout entière, et sait bien l'importance qui peut s'attacher à certains détails. Mais s'il concentre son attention sur un détail, comme cela lui arrive, il ne perd pas de vue son objectif d'ensemble; c'est précisément pour mieux l'atteindre qu'il sait s'en prendre à de petites choses. A travers toutes les péripéties de cette lutte, son but secret, son objectif suprême, est de mettre en échec la souveraineté de Jésus Christ.

Il peut sans doute concentrer beaucoup d'attention sur des éléments secondaires. Prenez par exemple le lien qui unit deux croyants que Dieu a rapprochés et qui sont appelés à vivre ensemble; l’ambition, l’ingéniosité, les mensonges, les fourberies, des efforts de toutes sortes, il mettra tout en œuvre pour saper cette relation et séparer ces deux vies. Pensez-vous qu'il se soucie de provoquer des divisions pour le seul plaisir de l'opération ? Quand il en est venu à bout, le croyez-vous satisfait simplement parce que la chose est faite ? Non, ce n'est pas du tout là son but! En provoquant cette rupture, il voit beaucoup plus grand, il voit l'autorité souveraine de Jésus Christ mise en échec.

Telle est la portée que peuvent avoir nos relations les uns avec les autres. Est-ce Satan qui va être le seigneur, ou est-ce Christ ? Tout ce qu'il y a de solennel dans cette alternative peut dépendre de ce qui se passe entre quelques personnes; et la moindre petite chose qui se débat entre deux frères en la foi, examinée sous ce jour-là, prend soudain des proportions universelles. La réalité suprême dans l'univers de Dieu peut se trouver liée aux relations qu'entretiennent l'un avec l'autre deux enfants de Dieu.

Et ce qui est vrai dans un exemple comme celui-là est vrai aussi dans une quantité d'autres questions, qui, en elles-mêmes, ne méritent même pas qu'on y prenne garde tant elles paraissent anodines. Il y a des choses qui semblent si mesquines, si insignifiantes, c'est tout juste si on ne rougit pas d'en parler, tant elles sont stupides; et cependant Satan est loin de s'en désintéresser, et elles ne passent pas inaperçues pour lui. Mais pensez-vous qu'il soit mesquin ou petit dans ce sens-là, ne trouvant son plaisir qu'à jouer de vilains tours à Pierre, Jacques ou Jean ? Oh, non ! soyez tranquille, il est plus avisé que cela. C'est son royaume, en réalité, qui est en jeu, et derrière toutes ces petites choses, si absurdes, si ridicules, se dissimule cet enjeu suprême qu'est la souveraineté de Jésus Christ sur le terrain pratique.

Ainsi, dans toutes ces questions, la croix doit avoir sa place, et surtout une place en profondeur. Dans nos relations, dans les deux ou trois qui se réunissent, dans les petits groupes, partout, la croix doit être là, de peur que Satan, trouvant un accès, ne réussisse à prendre pied à l'intérieur de la place pour détruire cette expression visible de la Seigneurie de Jésus Christ, cette preuve pratique que c'est bien Lui qui est Seigneur, et seul Seigneur ; c’est dans ces choses que la croix est nécessaire. Car la croix, n'est pas seulement le remède à nos manquements et à toutes les petites misères qui déparent la vie des enfants de Dieu, la croix est la condition indispensable pour placer hors de toute atteinte cette réalité suprême : la souveraineté pratique du Fils de Dieu.

C'est pour cela que l'assemblée doit faire sienne cette signification profonde de la croix. Elle doit être sur cette terre un peuple de Dieu qui représente deux choses : d'une part le renversement complet de cette puissance que Satan déploie pour diviser ce qui est un, pour détruire la communion, la vie de relation et de collaboration; et d'autre part, elle doit être la démonstration pratique de l’autorité souveraine que Jésus Christ détient comme Tête suprême et seul Seigneur. Tel est le rôle de l'assemblée.

La Seigneurie de Christ, voilà la grande question avec laquelle l'assemblée et la croix ont toutes les deux partie liée; et Satan ne se soucie des enfants de Dieu que dans la mesure où cet objectif suprême peut être réellement touché.

Peut-être réalisez-vous que l’on peut être de « l'Eglise », on peut être dans ce qu'on appelle « les églises», et tout ignorer de cette guerre spirituelle. Ce conflit si réel, qui se livre dans les lieux célestes contre les puissances de ténèbres, demeure absolument étranger à ce qu'on appelle communément « l'Eglise ». Dans cette Eglise-là, il n'y a ni combats, ni batailles, ni hostilités spirituelles. Une telle atmosphère est tout à fait en dehors de son horizon. Pourquoi? Parce qu'on n'y a jamais senti la terrible secousse que produit une connaissance vivante de la croix. La croix, pour eux, est un récit, une histoire, une doctrine, un credo, alors qu'elle devait être une puissante réalité, forgée sur l'enclume de l'expérience la plus vive et la plus concrète. Dès qu'elle devient cela, on apprend ce que c'est que la bataille.

Là où la croix ne se révèle pas vivante, dans les effets qu'elle produit, Satan se tient bien tranquille. Ce n'est pas l'assemblée, cela. On ne peut pas avoir une assemblée sans la croix, et l'on ne peut pas avoir la croix sans qu'elle prenne une forme vivante qui mette en émoi les puissances mauvaises. Voilà ce qu'est la croix dans la pensée de Dieu.

La Vraie Nature de l'Eglise

Une parenthèse est ici nécessaire pour préciser la vraie nature de l'Eglise. Qu'est-ce que l'Eglise ? L'Eglise, pour prendre les choses par le commencement, c'est le rapport spirituel, la relation spirituelle entre les enfants de Dieu. C'est là le premier échelon de ce que l'Eglise représente, le niveau élémentaire, le point de départ : la relation spirituelle dans laquelle se trouvent tous les enfants de Dieu les uns à l'égard des autres. Ici, il n’est pas besoin de consacrer beaucoup de temps pour expliquer que tous les enfants de Dieu, vraiment nés de nouveau, sont fondamentalement et organiquement un ; qu'ils possèdent en commun une seule et même vie. Cela, nous le savons. C'est là le commencement de l'Eglise. C'est là ce que l'Eglise est à ses débuts, — une relation spirituelle, en raison de cette vie particulière que tous possèdent, et qui est la vie du Seigneur Jésus Christ.

Mais ce n'est pas tout, l'Eglise est bien plus que cela. L'Eglise, c'est la relation active des enfants de Dieu les uns à l'égard des autres. C'est une relation qui fonctionne activement. Un corps humain peut avoir la vie, sans être capable pour autant d'en exercer les fonctions actives. Tout vivant qu'il est, sur son lit d'infirmité, il est inutile ; pour toutes les exigences de la vie pratique, c'est comme si il était mort. C'est un corps qui ne fonctionne pas. Le désordre s'est sans doute installé dans l'organisme, et la coordination des fonctions fait défaut.

Quand, abaissant les regards sur les siens, le Seigneur constate qu'ils ont la vie, mais que les fonctions de relation sont faussées ou inexistantes, pensez-vous que son cœur puisse être satisfait ? Ce qu'il appelle son Eglise, ce n'est pas simplement un Corps animé de Sa vie. Quand Il dit : « Je bâtirai mon Eglise », quand Il parle de « Son Eglise», Il la considère sûrement comme un organisme fonctionnant normalement, parce que les membres ont entre eux une relation spirituelle normale. L'existence de Sa vie, dans le Corps, telle qu'il la leur a donnée, ne Lui suffit pas ! Aux yeux de Dieu, pour que l'Eglise réponde à son but, il lui faut cette unité – en relation, en fonction et en action.
C'est là justement que surgissent toutes nos difficultés et tous nos problèmes. Car il faut bien que ces choses aient une expression pratique, et c'est là que quantité de gens se heurtent à des obstacles de toutes sortes, et se retrouvent souvent dans la confusion et le désordre, faute d'avoir su distinguer entre deux choses très différentes. La communion spirituelle, la collaboration avec ce qui est vraiment du Seigneur parmi les siens, est une chose; mais l'association active avec ce qui n'est pas scripturaire, dans les systèmes humains, est une autre chose, et les deux ne doivent pas être confondues. Voici ce que je veux dire. Il y a des gens qui pensent que pour être en communion avec tels ou tels chrétiens, il faut entrer dans leur milieu, devenir une partie intégrante de leur système, de leur communauté, de leur ordre de choses. Pour eux, la preuve de la communion fraternelle, c'est d'être avec eux au sein de leur communauté. Ce n'est pas ce que nous entendons quand nous parlons d'une communion spirituelle active entre enfants de Dieu, sur une base spirituelle.

Et c'est ici malheureusement que les points de vue divergent. Quelqu'un peut dire soit en paroles, soit par des sous-entendus, soit par son attitude : — « Si vous voulez me prouver que vous êtes en communion avec nous, vous devez vous identifier à mon milieu, et vous devez vous y engager avec nous. »

Mais la relation spirituelle entre enfants de Dieu est tout autre chose. Et c'est là que surgissent toutes les difficultés, et c'est là si souvent que le Seigneur oblige à des séparations si douloureuses. En effet, les deux difficultés essentielles sont les suivantes : Pour obtenir une expression vraiment vivante de l'Eglise, pour assurer un fonctionnement normal et des rapports normaux, le Seigneur est parfois — trop souvent ! — obligé de recourir à la manière forte : pour libérer ceux de ses enfants qui veulent marcher, Il doit rompre l'emprise que ce système humain a exercée sur eux. Il y est obligé. C'est malheureux, c'est triste, mais si vous prenez un exemple concret, vous verrez que c'est habituellement ainsi que les choses se passent. Le « milieu » s'impose et finit par prendre un caractère à lui qui est distinct de cette nature céleste, spirituelle et universelle qui est celle de l'Eglise. C'est quelque chose de sectaire, et qui, étant cela, est schismatique et divise le peuple de Dieu. Que de fois le Seigneur n'est-Il pas obligé d’intervenir, d'en sortir les Siens, et de les amener sur un terrain neutre où ils pourront vivre et fonctionner, non pas comme une communauté séparée du peuple de Dieu, mais comme une communauté qui ne veut rien avoir à faire avec ce qui n'est pas scripturaire.

La seconde difficulté consiste, pour ces chrétiens-là, à maintenir une position purement spirituelle, et à ne pas devenir une autre secte. C'est une difficulté très pratique, mais elle n'est pas insurmontable. Elle exige beaucoup de vigilance, et ceux qui y sont exposés doivent être continuellement sur leurs gardes — non seulement dans leur doctrine, mais dans leur esprit, dans leur mentalité, dans leur attitude envers les autres — ils doivent être continuellement sur leurs gardes, contre le retour de cet esprit qu'ils sont censés avoir laissé derrière eux. Ce sont là des difficultés très réelles et très pratiques, mais qui, de par le Seigneur, ne sont pas insurmontables.

La Réponse à Tous les Problèmes : La Vie

Tout dans le domaine spirituel est une question de vie. La vie est la solution de tous les problèmes. J'ai le sentiment que l'univers de Dieu est constitué tout entier sur ce principe biologique. C'est la réponse à tout, l'explication de tout. C'est le principe de tout ce qui est réel. La sagesse infinie de Dieu ramène tout à une proposition simple, à une méthode unique, en disant : — « Je mets la vie dans une semence, et je l'abandonne à elle-même. Je ne commence pas par former cette fleur, par faire tant et tant de pétales, par leur donner une forme, puis une couleur, pour les rassembler ensuite, et en faire un tout. Je ne vais pas lier ce tout pour le fixer à une tige. Ce n'est pas ainsi que je travaille. Tout cela est artificiel. Non : Je vais mettre la vie dans une semence et la laisser tranquille. Bientôt on aura la fleur, la fleur parfaite. »

Tout cet organisme, tout ce développement, toute cette répartition des dimensions, des formes, des couleurs, la vie les possède en elle-même. C'est la vie qui a tout cela, et si seulement on lui en donne l'occasion, elle produira, elle sera manifestée par certains résultats, que ce soit une fleur, un arbre, un oiseau, un poisson, une bête des champs, ou un homme. C'est de la vie que tout est issu. Elle a en elle la nature particulière de tout cet organisme, et si cette vie peut faire son apparition et avoir l'occasion de s'exprimer, on aura bientôt l'organisme complet. Voilà le secret biologique que Dieu a mis en œuvre dans Sa création.

Mais la création naturelle n'est qu'une figure de la création spirituelle. Elle ne devrait même être que cela dans la pensée de Dieu. Le spirituel est sur ce principe-là, et dans le domaine spirituel, le secret, la solution de tout est également dans ce principe biologique. Mettez la vie du Fils de Dieu dans n'importe qui, laissez-lui le champ libre, laissez-la souveraine, laissez-lui le gouvernement de tout, et vous verrez que tout ira bien. Vous n'aurez pas besoin de vous agiter pour rassembler des membres, pour leur apprendre à se tenir droits, à être gentils, heureux et souriants. Oh, non ! la vie fera cela toute seule. Dieu a une clef, et cette clef c'est la vie souveraine de Son Fils bien-aimé, quand on lui donne l'occasion de s'exprimer sans entrave. Le résultat viendra aussi sûrement que le jour après la nuit. Et toute cette question de l'assemblée, comment obtenir une expression de l'assemblée, comment conserver saine une véritable expression de l'assemblée, à toutes ces choses, la réponse est la vie du Seigneur Jésus. Que cette vie soit continuellement préservée par l'action de la croix, d'abord contre la mort, qui est son grand ennemi, puis contre le terrain sur lequel la mort travaille, qui est la chair; que la croix soit maintenue sur la chair, qui est le terrain de la mort spirituelle, préservant ainsi cette vie précieuse, et nous n’aurons pas a nous préoccuper d’une technique quelconque. Tout ce qui concerne la vie de l'assemblée se déroulera naturellement si la croix fait son œuvre et si la vie a le champ libre. Ce qui est une autre façon de dire que c'est sous forme de vie que doit s'exprimer la souveraineté du Seigneur Jésus, par Son Esprit.

Nous demeurerons une secte, nous devrons à nouveau nous résoudre à quelque chose séparément de toutes les autres choses dans lesquelles se trouvent le peuple du Seigneur, si nous descendons à un niveau inférieur, ou acceptons un autre terrain que celui de la vie souveraine du Seigneur Jésus dans sa glorieuse primauté. Redescendez sur le terrain de l'enseignement doctrinal, sur le terrain des hommes comme conducteurs spirituels, ou sur n'importe quel autre terrain, et vous redeviendrez à un « système ». Mais si vous maintenez la position que vous avez prise par rapport au Seigneur Jésus vivant et souverainement élevé, vous attachant à la Tête, alors, les gens pourront dire ce qu'ils voudront, il n'en sera pas moins vrai que nous aurons là une expression vivante de la pensée de Dieu pour l'assemblée, une communauté d'enfants de Dieu vivant sur une base céleste, spirituelle, universelle.

Il y aurait beaucoup à ajouter sur ce sujet, mais nous en avons sans doute assez dit pour établir l'énorme différence qu'il peut y avoir, dans ce domaine, entre deux façons d’appréhender et de pratiquer les choses concernant l’assemblée.

L'assemblée est donc le rapport spirituel qui unit les enfants de Dieu par des relations actives, sur la base d'une vie souveraine qui n'est autre que la primauté de Christ s'exprimant entre tous. C'est le Seigneur ressuscité qui est au milieu d'eux. Plus de place, désormais, pour quoi que ce soit de l'homme. C'est sur cette base-là que nous devons rechercher la communion fraternelle. C'est sur un terrain spirituel que nous devons avoir la communion, c’est sur le terrain de Christ seul, sur le terrain de la vie unique et indivisible que nous avons en commun; que nous pouvons collaborer avec les saints dans tout ce qui est vraiment spirituel. Mais s’il nous est imposé d’entrer dans une organisation, de devenir partie intégrante d’un système, d’institutions quelconques, alors une barrière est dressée, et la communion fraternelle est mise en échec. Une telle attitude n'est pas un reniement de l'assemblée, ce n'est pas une contradiction de l'unité chrétienne ; c'est simplement un refus de se laisser imposer quelque chose qui n'est pas du Seigneur, qui n'est pas scripturaire, quelque chose qu'on prétend ajouter à notre vie et à notre communion spirituelle. C'est quand les hommes prennent ces voies que les relations s'interrompent. Nous devons rester sur le terrain libre de la souveraineté du Saint Esprit.

Tout cela touche évidemment de très près à la vie pratique. Mais n'oubliez pas, bien-aimés, que toute la question de la plénitude spirituelle est liée à l'observation et au respect de ces choses. Toute la question de la plénitude de Christ dépend de notre présence ou de notre absence du terrain de Sa souveraineté et de Sa vie; les autres terrains, les terrains artificiels, tels que les hommes peuvent en établir, ne doivent pas entrer en ligne de compte pour qui veut connaître quelque chose de cette plénitude. Tout cela nous amène à d'autres questions pratiques. En réalité, toutes les questions pratiques se trouvent soulevées ici. Nous devons donc dire quelques mots de l'opposition des forces du mal.

L'Eglise et l'Opposition des Forces du Mal

L'assemblée, avons-nous dit, est caractérisée par un ensemble de rapports mutuels. Or, si l'assemblée a une bataille à livrer, c'est essentiellement parce qu'elle reconnaît Jésus Christ comme son Seigneur. Ce titre qui Lui est conféré, cette position qui Lui est reconnue, concernent essentiellement l'assemblée. En sorte que c'est à l'assemblée qu'il appartient de soutenir la lutte, c'est l'assemblée, qui doit faire front contre l'opposition des forces du mal. «Je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle», a dit notre Seigneur (Matthieu 16 :18), sous-entendant que l'assemblée est le principal objectif des puissances du mal. C'est d'un côté l'assemblée, et de l'autre les portes du hadès. Ces puissances du mal doivent être rendues inefficaces par l’intermédiaire de ceux qui appartiennent à l’assemblée.

Permettez-moi ici de vous prévenir d'y regarder à deux fois avant de vous aventurer seul contre les puissances des ténèbres. Si vous vous y risquez, vous constaterez que vous avez à faire à trop forte partie. Je pourrais même être beaucoup plus clair : vous constaterez que vous êtes terriblement malmené. Soyez sur vos gardes : un assaut personnel, individuel, isolé, contre les puissances du mal est une entreprise hasardeuse. C'est à l'assemblée d’intervenir dans ce domaine, l'assemblée peut fort bien n'être représentée que par deux ou trois personnes, mais le principe d'une action de corps représentatif doit être respecté.

Cela ne signifie pas qu'on ne doive pas résister personnellement au diable, que nous ne soyons pas appelés à tenir individuellement, à nous opposer fermement à ses manœuvres. Mais si vous entendez vous livrer à un assaut contre les forteresses du malin, vous aurez à rester sur le terrain de l'assemblée pour en venir à bout, car le Seigneur a fait de cette chose-là une affaire d'assemblée ; par quoi j'entends une affaire relevant du Corps et non d’un membre individuel. Vous en avez sûrement fait l'expérience. Il y a des situations auxquelles on ne peut pas toucher ni faire face si l'on est seul. Une collaboration spirituelle, d'une sorte ou d'une autre, est une condition du succès. Sur ce point d'ailleurs, le Seigneur ne nous laisse pas faire ce que nous voulons. Si vous faites profession d'avoir eu les yeux ouverts sur la vraie nature de l'assemblée, si vous avez rendu un témoignage à ce qu'elle est pour vous, le Seigneur vous tiendra lié au principe qu'elle représente : vous ne parviendrez pas à dominer seul telle ou telle situation. Dieu vous montrera que vous devez vous présenter la situation à l'assemblée. Et toute votre vie sera bloquée tant que vous n'avez pas fait de cette affaire une affaire d'assemblée. Le Seigneur est très jaloux de son Eglise. Satan est capable de mettre une vie entière sens dessus-dessous quand on s'aventure seul au-devant d'un antagonisme spirituel.

Prenez à cœur ce que je vous dis, car cela peut vous concerner directement à plus d'un égard. Tout cela est vrai. Savez-vous vraiment ce que c'est que la vie d'assemblée? Vous me comprenez naturellement : quand je parle de la vie d'assemblée, je ne parle pas de ce que les hommes appellent habituellement «l'Eglise». Je parle de ces rapports spirituels qui unissent les enfants de Dieu, de cette dépendance mutuelle des membres de Christ. Ce n'est pas un vain mot que cette dépendance dans laquelle nous sommes les uns à l'égard des autres. Le Seigneur l'a ainsi voulu. Il l'a formellement prescrit, et dans toutes les affaires importantes, Il nous tiendra liés à ce principe. Si nous ne reconnaissons pas cette loi de Dieu, nous pouvons nous en aller à notre travail et nous apercevoir là que nous sommes mis en échec par l'ennemi, et qu'il n'y a pas d'issue pour nous. L'assemblée doit aller et venir avec nous et nous avec elle. Il faut une vie de Corps dans cette affaire. Si vous l'aviez seulement reconnu et réalisé, chers amis, vous verriez que bien des échecs et bien des déconvenues y ont leur explication.

Considérons le livre d'Esdras. Souvenez-vous comment lui et ses compagnons remirent l'autel à sa place et posèrent les fondements de la maison de l'Eternel. Ils n'étaient pas plus avancés que cela dans leur œuvre que les adversaires entraient déjà en scène. Et que firent-ils, ces adversaires? Oh! ils firent toutes sortes de choses, mais on peut toutes les résumer en un mot : ils s'évertuèrent à frustrer les ouvriers du résultat de leur travail. Frustrer! Quel sentiment décourageant que de se sentir frustré de quelque chose! Est-ce là votre expérience dans l'œuvre de Dieu? Avez-vous des déconvenues? Ce mot exprime-t-il une situation qui vous est particulière? On fait un pas, et on se trouve arrêté. On fait un autre pas et on se trouve de nouveau arrêté. On n'arrive à rien. C'est la déconvenue sur toute la ligne. A l'époque d'Esdras, le peuple fut pour un temps victime de ces efforts de leurs adversaires. L’œuvre de restauration fut arrêtée pendant plusieurs années. Mais le Seigneur n'accepte pas la chose ainsi, et en présence d'une telle situation Il réagit : « Et l'Eternel réveilla l'esprit de Zorobabel... et de Joshua », (Aggée 1 :14), et ensuite par les prophéties d'Aggée et de Zacharie, et l'Eternel dit : « Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit », (Zacharie 4 :6). Dans ses efforts pour faire échouer les entreprises du peuple de Dieu, le Malin se heurte à la puissance du Saint Esprit, s'exprimant par l'assemblée. L'assemblée est l'instrument de l'œuvre du Saint Esprit contre l'Ennemi. Oh ! que Dieu nous donne un sens tout nouveau de ce principe fondamental de la réalité fonctionnelle de l’assemblée!

Nous l'avons dit et nous le répétons : l'Eglise est bien plus qu'une entité quelconque possédant la vie. Elle est un organisme vivant dans laquelle des relations mutuelles sont actives entre enfants de Dieu. Sa fonction est tout d'abord de relever victorieusement le défi jeté par l'Adversaire à la souveraineté de Jésus Christ. Que surgisse au sein du peuple de Dieu une nouvelle expression de cette activité de Corps, de cette collaboration, et les manœuvres de l'Adversaire pourront être déjouées. Nous n'allons pas contempler les bras croisés ces manigances de l'Ennemi : nous devons être réveillés dans notre esprit. Je ne suis ni Zorobabel ni Joshua, mais je souhaite humblement que cette parole ait sur nous le même effet qu'eut la leur sur le peuple de Dieu de leur temps, pour réveiller une action de Corps contre les manœuvres de l'Adversaire, et pour dire : — Non! Nous n'accepterons pas d'être frustrés du résultat de nos efforts!

Les Ruses du Diable

Mais il y a plus encore. Cette rude bataille qui nous est imposée a toujours pour effet de mettre en échec la vraie signification de la croix et la vraie nature de l'Eglise, parce que dans l'une comme dans l'autre, c'est la souveraineté de Jésus Christ qui est en jeu. Comment la manœuvre de l’ennemi réussit-elle? Les Ecritures jettent sur ce point une abondante lumière. Pour l'apôtre Paul, tout peut se ramener à cette formule concise: « les artifices du diable », (Ephésiens 6 :11).

Esdras et Néhémie — pour revenir à cette époque de l'Histoire — nous donnent tous les deux un aperçu intéressant de ce que sont les artifices du Diable. Son premier mouvement, comme on le voit dans le chapitre 4 d'Esdras, fut une tentative de paralyser le peuple de Dieu en provoquant un mélange. Les adversaires de Juda et de Benjamin apprirent que les fils de la captivité étaient en train de construire. S'étant approchés, ils dirent : « Nous bâtirons avec vous, car nous recherchons votre Dieu, comme vous, et nous lui offrons des sacrifices. » Nous bâtirons avec vous : le mélange! Voilà une des formes les plus subtiles de l'activité de Satan, quand il veut mettre en échec l'autorité de Jésus Christ et lui ôter quelque chose de son absolu. Elle consiste à introduire des éléments qui font profession d'être sincèrement d'accord avec le but poursuivi, mais qui, par leur nature même, y sont étrangers et même en contradiction avec lui. L'ennemi cherche toujours à créer un état de mélange, par des alliances entre des éléments de nature différente. Oh ! laissons la Parole de Dieu nous sonder sur ce point ! La croix a-t-elle réellement accompli son œuvre en nous, a-t-elle été plantée en nous si profondément que nous pouvons dire en toute vérité que ce n'est pas simplement par l'extérieur que nous sommes associés à l'œuvre divine, mais que tout au fond, dans notre être le plus intime, nous portons un vrai fardeau au sujet de cette maison de Dieu? Quel rapport avez-vous avec cette affaire? Vraiment, bien-aimés, l'état actuel de la maison de Dieu ne vous attriste-il pas? Etes-vous bien certains que votre participation n'est pas purement extérieure, objective, comme on fait pour une chose avec laquelle on est d'accord jusqu'à un certain point? Etes-vous tout à fait sûrs que vous êtes entrés dans le vif de cette entreprise, que cette affaire est elle-même entrée en vous, et que dans le tréfonds de votre être, cette maison est l'objet d'une constante, d'une douloureuse préoccupation ?

Les adversaires d'Esdras et de Néhémie — car enfin, malgré tout ce qu'ils disent et prétendent être, ils sont quand même des adversaires — ces adversaires n'avaient aucune préoccupation de cet ordre. Ils n'étaient pas vraiment en souci, ils n'avaient pas le cœur chargé au sujet de cette maison, comme nous le voyons par la suite du récit.

Ce qu'il faut au Seigneur, dans la constitution la plus intime de notre vie, c'est un vrai fardeau en ce qui concerne la vie spirituelle de Son peuple. C'est quelque chose qui doit être en nous : une vraie préoccupation, un souci réel, profond, qui fasse partie de notre vie et qui ne soit pas comme un vêtement d'emprunt qu'on peut, mettre de côté quand cela nous convient, à cause des quelques désagréments ou des menus ennuis qu'il nous procure, et de tout ce qui peut heurter notre intérêt personnel. Ce sont les gens de cette dernière sorte, qui ne sont touchés que superficiellement, que Jean désigne fort justement quand il parle de « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres », (1 Jean 2 :19). Peut-on sortir de quelque chose qui est devenu notre être même? Nous avons peut-être pensé une fois ou deux à y renoncer, à nous retirer, mais quand nous avons réalisé que ce que nous avions peut-être appelé une « chose » et dont nous allions nous séparer s'est trouvé faire tellement un avec nous, il nous a été alors impossible de nous séparer de ceux avec qui nous étions associés. Dans le creuset où Dieu nous avait jeté, cette affaire nous avait pénétré de part en part jusqu'à devenir partie intégrante de notre être.

Etes-vous sûrs qu'il en est ainsi pour vous? Si c’est le cas, alors l'ennemi ne peut pas faire grand-chose, mais souvenez-vous qu'il cherchera toujours à obtenir un conglomérat de personnes dont les unes ont un fardeau réel, tandis que les autres, bien qu'elles soient convaincues de l'avoir aussi, et malgré toutes leurs prétentions de servir le même Dieu et de Lui offrir des sacrifices, n'ont dans tout cela qu'une préoccupation d'emprunt, sans aucun fardeau réel dans les profondeurs de leur personne. Ils ont simplement adhéré superficiellement à quelque chose; ce n'est pas le Saint Esprit qui les y a placés.

Prêtons un très grand discernement quant aux alliances! C'est quand ces gens-là n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient que leur subterfuge éclate au grand jour. Leur première manœuvre ayant échoué, ils vont essayer d'empêcher d'une autre manière la construction de la maison à grand renfort de menaces et d’intimidation, espérant obtenir quelque chose par la terreur, ils se concertent pour mettre sur pied un rapport inexact et calomnier les ouvriers, leur prêtant, dans la construction de ce temple, des intentions de révolte qu'ils n'ont jamais eues. A l'égard de Néhémie et de la reconstruction de la muraille, le faux rapport le représentait comme un homme désirant se faire un nom, regrouper des partisans, devenir quelqu'un. Par de faux rapports, des calomnies, c'est ainsi que travaille l'opposition suscitée par le diable.

Dans ce cas particulier, la pression qu'elle réussit à exercer sur l'œuvre de la restauration fut énorme. Le livre d'Aggée projette sur cet épisode une lumière très significative. Nous nous souvenons qu'au début de ses prophéties, qui devaient donner un renouveau de vie à la construction du temple, on trouve cette parole : « Ce peuple dit : — Le temps n'est pas venu, le temps de la maison de l'Eternel, pour la bâtir. » Or, ils avaient commencé, ils avaient établit l'autel sur son emplacement et posé les fondements de la maison. Puis, leur attitude changea, ils tirent une autre conclusion par rapport à l’opposition : « Le temps n'est pas venu, le temps de la maison de l'Eternel, pour la bâtir » Pourquoi ? Ils se sont heurtés à l'opposition terrible, à l'opposition soutenue de leurs adversaires. Et l'adversaire ne s'est pas simplement opposé du dehors, il s'y est pris de l'intérieur, en faisant une suggestion insidieuse, qui était la suivante : — Vous voyez toutes ces difficultés, tous ces ennemis, ces persécutions, ces calomnies : elles signifient sûrement ceci, c'est que Dieu ne veut pas que vous vous occupiez de cette affaire; la conclusion à en tirer, c'est que le temps de Dieu n'est pas venu. Si le temps de Dieu était venu, l'affaire viendrait à bonne fin sans aucune difficulté! Mais : en a-t-il jamais été ainsi ? En consultant l'histoire nous avons de la difficulté à trouver un exemple où Satan ne s’est pas levé quand Dieu s'est mis à faire une chose nouvelle.

Satan dit : — L'opposition signifie que le temps de Dieu n'est pas encore venu; le Seigneur n'est pas avec vous dans cette affaire ; s'il était avec vous, tout irait à la perfection. Ceci est en fait un mensonge, une ruse, un artifice de sa part. Vous voyez comme Satan intervient par l'intérieur, et donne aux difficultés une signification qu'elles n'ont pas, disant ou insinuant que si le Seigneur était avec vous, vous n'auriez pas de difficultés, Il vous conduirait au but sans que vous ayez le moindre ennui. C'est bien là un mensonge de l'Ennemi : mettre l'œuvre de Dieu en échec par tous les moyens imaginables, à cause de tout ce que représentera pour lui le triomphe du peuple de Dieu.

Demandez à Dieu de vous montrer la signification de tout cela, pour que cette parole manifeste des effets réels dans votre propre vie, et qu'il puisse obtenir, Lui, ce que son cœur désire. Et n'oubliez pas que l'Ennemi cherchera à vous frustrer du résultat. Demandez au Seigneur d’éveiller votre esprit quant à ces choses pour que vous puissiez résister à cette influence de mort, d'aveuglement, de paralysie. Nous devons prendre position pour le témoignage du Seigneur — Si le Seigneur cherche à réaliser quelque chose, je me refuse à toute paralysie de l'esprit ou de la pensée, à toute influence de mort. Je prends fermement position pour l'aboutissement entier de toute la pensée de Dieu !


Afin de respecter la volonté de T. Austin-Sparks que ce qui a été gratuitement reçu devrait être gratuitement donné, ses écrits ne sont pas soumis aux droits d'auteurs. Aussi, vous êtes libres d'utiliser ces écrits comme vous vous sentez conduits, néanmoins nous vous demandons, au cas ou vous décideriez de partager des messages de ce site avec d'autres, de les partager librement - libre de tout changement, libre de droits (copyright), libre de gratuitement et avec cette déclaration incluse.